C’est de la Bâle !

Mai 7, 2014

« Il faut se rendre compte de ce à quoi ressemblait le salon de Bâle dans les années 70 voir même 80. C’était de la folie. Il y avait du monde, des acheteurs. Et on vendait. On préparait le salon religieusement, création de nouvelles collections et surtout présentation d’une où de plusieurs pièces exceptionnelles. Il fallait bien ça ! Je me rappelle bien de cette histoire car il la racontait sans cesse. Son foutu aquarium. Et puis on avait turbiné pour lui faire son projet ! Imagine, un aquarium en or, avec des vitres et les poissons. De l’or, des saphirs, des rubis, des diamants. Leur dessinatrice avaient trente-six idées à la seconde. Et le père n’aidait en rien, ajoutant les siennes. Et puis la pièce fut enfin finie, il était fier. Tout le monde était content. A quelques jours du salon, c’était la pièce à présenter. Il avait pensé à l’éclairage, la présentation. Rarement, on nous aura autant enquiquiné en atelier. Bref, c’était la pièce. Et là, un des clients de la maison arrive pour chercher sa commande. Il n’a pas pu s’en empêcher, il était fier comme Artaban ce jour-là et heureux aussi, et il lui présente l’aquarium. Et là, le client lui dit « Je vous achète la pièce et je pars avec ! Peu importe le prix, c’est une merveille et je la veux. » C. n’est pas d’accord, il a besoin de la pièce pour le salon. Il lui explique qu’il n’aura rien à présenter. Il veut bien la vendre mais il faudra la prendre après Bâle. Impossible de faire changer d’avis Monsieur B. Il menace même d’annuler les futures commandes. La mort dans l’âme, il cède. L’aquarium quitte le bureau quelques heures plus tard. Je n’ai jamais su ce qu’il était devenu, je me demande où il est aujourd’hui. Un jour il réapparaitra peut-être… »

J.* (prénom modifié), joaillier depuis plus de 40 ans.

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