L’Art nouveau selon Lucien Gaillard

Jan 23, 2015

L’œuvre de Lucien Gaillard est plutôt méconnue du grand public. Et c’est bien dommage ! Par contre, les collectionneurs et les passionnés de l’Art nouveau le connaissent bien. Joaillier de la fin du XIXe siècle / début XXe, il laisse derrière lui de très nombreuses pièces de joaillerie particulièrement complexes et faisant la part belle au japonisme. On retrouve de temps en temps ses réalisations en salles des ventes, et certaines sont mêmes conservées en musée, comme – par exemple – au Musée d’Orsay à Paris.

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Bague par Lucien Gaillard, or, émail et diamant, vers 1905. Vendue pour 40.000 CHF en 2010. Photo : Christie’s

Mas avant de vous parler de Lucien, retour sur sa famille qui dévoile une longue pratique de la joaillerie parisienne. L’histoire commence avec Auguste, qui pendant une dizaine d’année de 1811 à 1821, a fabriqué de la joaillerie or. Son atelier était situé rue Mandar dans le 2e arrondissement de Paris. Son fils Amédée, fonde la Maison Gaillard en 1840. L’atelier est alors installé au 101 rue du temple dans le 3e arrondissement de Paris. Précisons, à toutes fins utiles, que le quartier de l’horloge est un centre fort de la fabrication joaillière parisienne, et ce avec le 9e arrondissement. Amédée produit principalement des pièces en cuivre doré, il développera sur la fin des gammes en argent.

Vers 1860, il laisse son atelier à son fils Ernest. Celui-ci abandonne définitivement les bijoux en cuivre pour ne travailler quasiment que l’argent. Il travaille l’émaillage et offre à sa clientèle de nombreuses pièces riches en fleurs. Il ajoute progressivement des objets d’art à sa production : bonbonnières, pommeaux de cannes, portes-cigarettes ou flacons à sels et parfums. Notons que la qualité de ses bijoux est couronnée par une médaille d’argent à l’exposition de 1878. La même année, son fils Lucien rentre en apprentissage à ses côtés. Une nouvelle médaille s’ajoute en 1889, puis la Légion d’Honneur quelques années plus tard.

Beaucoup de bijoutiers connaissent le nom d’Ernest Gaillard, car il a largement contribué à la création de l’École Professionnelle de Dessin et de Modelage de la Chambre Syndicale de la Bijouterie. Il en fut d’ailleurs le directeur et en fut nommé directeur honoraire en 1895. En 1870, il inaugure l’organisation du Bal de la Chambre Syndicale de la Bijouterie. Cet événement était particulièrement couru à la fin du XIXe siècle.

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Affiche du bal de la Chambre Syndicale de la Bijouterie en 1904. Photo : Gallica.

Quand en 1892 Ernest Gaillard arrête son activité, son fils Lucien a déjà pris sa suite. S’il continue de produire des bijoux, il est aussi un artisan d’art complet et pratiquera de nombreuses autres spécialités : dinanderie, verrerie, il se spécialisera dans les patines sur métal… Un artiste étonnant !

On croise à son atelier de nombreux artistes, dont beaucoup sont japonais. Des spécialistes de la laque et de la joaillerie japonaise viennent souvent en résidence chez lui. Son amour et sa passion pour ce pays et sa culture artistique se reflètent dans ses productions. Son atelier déménage alors en 1900, au 107 rue de la Boétie. La même année, il obtient le Grand Prix de l’Exposition Internationale de Paris, et en 1902, il obtient – comme son père avant lui – la Légion d’Honneur. Il exerce son art durant la première moitié du XXe siècle et décède en 1933. Concluons qu’une pièce passera aux enchères chez Sotheby’s le 5 février 2015.

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Pendentif Mite, en or, émail, citrine, vers 1900. Photo : L’art nouveau en France (Flikr)

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Peigne en corne blonde et perles fines, par Lucien Gaillard en 1900. Photo : Maklow Gallery

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Broche en or par Lucien Gaillard, vers 1900. Note pour les gemmologues, c’est un spinelle synthétique qui agrémente cette pièce. Elle fut vendue chez Christie’s pour 7500 $ en 2008. Photo : Christie’s

À bientôt !

À propos

marie chabrol

Bonjour, je m’appelle Marie. Conférencière, consultante & formatrice, j’écris avec passion sur l’univers de la joaillerie.

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