Quand j’étais apprentie, il y avait un bijoutier qui venait à mon atelier et qui m’impressionnait. Déjà, ma patronne passait son temps à me dire qu’il avait travaillé pour les plus grands, ça calme ! Il ne me parlait jamais, même pas un bonjour, rien. Aller faire les livraisons chez lui était un supplice. Après tout, j’étais l’apprentie. A Noël, ma patronne accrochait pour moi une chaussette au mur. La tradition venait de son apprentissage à elle et elle avait conservé la tradition. Les clients y glissaient mes étrennes. Et ce fameux Noël, je m’en souviens parce que j’ai découvert dans ma chaussette un billet de 200 francs. C’était pas rien pour une apprentie. Quand j’ai su que ça venait de ce bijoutier, j’ai été étonnée. Ma patronne m’a alors dit « Vous ne faites pas de bruit, vous écoutez et vous apprenez. Ce sont les seules choses qui comptent pour lui. Et ce même si le métier met du temps à rentrer. Il faudra aller le remercier en janvier. »
M., polisseuse depuis 15 ans.
Grains
J'avais quatorze ans quand j'ai commencé à aller à l'atelier de mon oncle. Il était sertisseur, comme la plupart des mecs de ma famille. Je venais le voir les mercredis après-midi. Il me disait de m'assoir à coté de lui et je le regardais. Au bout de quelques semaines,...