Cette anecdote – qui finit bien – m’a été racontée par une amie. Laquelle a accepté que je la publie ici. Et je l’en remercie car, vous allez voir, cette histoire est franchement incroyable !
L’histoire se passe il y a une bonne dizaine d’année maintenant. Je travaillais comme polisseuse dans un atelier assez important, c’est d’ailleurs toujours mon métier.
Cette bague nous avait posé des soucis dès le départ. L’équipe avait refait le dessin plusieurs fois. Ensuite ils avaient ajouté des pierres, puis ils en avaient retiré. Puis la fonte avait du être refaite au moins deux ou trois fois. On avait poli, serti, desserti, repoli, les deux joailliers qui travaillaient sur le projet ne supportait plus cette pièce. Enfin, il avait fallu trouver la pierre de centre, laquelle avait été ronde, puis marquise, puis ovale, avant de revenir à la version de base : un diamant rose rond de deux carats environ… Un bien jolie pierre je dois dire !
La bague, presque finie, arrive au polissage. Bien sur, avec les contretemps, c’était devenu très (mais très) urgent. Il était presque cinq heures du soir et on devait livrer à neuf heures le lendemain. Je commence à travailler dessus quand – en même temps – deux griffes du chaton central se dessoudent. À force d’apporter des modifications, certaines soudures étaient devenu très fragiles. Les griffes cassent donc, et la pierre saute ! Et je ne la vois pas tomber, et surtout je ne l’entends pas tomber.
Passé la panique des deux premières secondes, j’éteins la machine, je préviens mes collègues (nous étions quatre polisseuses) et j’appelle le chef d’atelier. Et nous commençons à chercher. Je nettoie ma machine, regarde dans le filtre, on passe le balai et au bout de plus de deux heures… toujours pas de pierre. Nous vérifions les poubelles, rien non plus.
Je préviens quand même mon ami que je ne pourrai pas aller diner avec lui et nous décidons alors de vérifier nos vêtements. La pudeur n’est pas ce qui étouffe le peuple des ateliers et nous voila toutes les quatre, en petite culotte, à secouer nos blouses et nos vêtements. Mais toujours pas de diamant.
Finalement, à presque vingt et une heures, notre patron nous dit de rentrer chez nous et qu’il va continuer à chercher. Un joailler et un sertisseur resteront sur place pour pouvoir honorer la livraison le lendemain. Je suis priée d’arriver plus tôt, vers sept heures. Une pierre, ça se retrouve forcément.
Mon ami me retrouve en bas de mon travail et je pars diner avec lui… à scooter. Puis vers vingt-trois heures, nous voila de retour chez moi. Le poli, c’est un peu sale comme métier et je décide de prendre une douche. J’enlève mon pantalon et le secoue. Et à ce moment-là, j’entends distinctement un bruit que je connais trop bien. Une pierre qui tombe sur le sol et rebondit. Je m’accroupis dans ma salle de bain, et là, sous mon meuble, je découvre cette fichue pierre ! Et devait être coincée dans mon revers de pantalon.
À presque minuit, j’appelle en urgence mon patron… qui ne répond pas. Je décide donc de me coucher. Vers quatre heures du matin, mon chef hystérique me rappelle : «Tu as la pierre, c’est vrai ? Mon dieu, tu viens de suite ! On ne bouge pas !».
J’étais tellement sonnée que je suis partie en pyjama au boulot. Je dépose la pierre à mon patron, qui m’envoie boire un café. La pierre n’est même pas abimée. Puis vers cinq heures trente, la bague est finalement prête à polir. Et me voila, toujours en pyjama, à finir cette pièce. Je rentre chez moi vers huit heures du matin pour dormir un peu avant de revenir en début d’après-midi… La bague est finie, elle partira pour les États-Unis dans la matinée. Quelle frayeur et quelle histoire !
À bientôt !