M. Cartier

Mai 13, 2014

 J’étais apprenti à une époque qui n’existe plus. On devait arriver une demi-heure avant les bijoutiers et on partait après eux. Il fallait installer l’atelier et bien entendu le ranger, le nettoyer, après la journée de travail. J’ai même dormi un temps dans l’atelier. J’arrivais d’Italie et je n’avais pas de logement. Mon patron m’y avait autorisé. Ça m’a dépanné durant un moment. Bon, comme je te disais, c’était une époque qui n’existe plus. Et puis quand j’ai démarré, j’étais jeune mais je me suis fait embauché rue de la paix, j’avais 18 ans. J’étais fier. J’étais insupportable, avec la vieillesse je le reconnais, c’est ce qu’on appelle la sagesse je suppose. Tu vois, même ma douce est d’accord. Un jour que j’avais exaspéré le premier, je me suis ramassé une rouste mémorable de M. Cartier. C’était fin des années 30. Devant près de 40 personnes. Te dire que ça m’a remit les idées en place, c’est peu dire. J’étais furieux et rouge de honte. Mais bon, j’ai rongé mon frein durant la journée. Le lendemain, il est venu me saluer comme si de rien n’était. Il est décédé quelques années plus tard. C’était un grand, un très grand monsieur. On n’en fait plus des comme ça !

E., joaillier en principe à la retraire, en principe…

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Se prendre la tête

 Ce que j'aime particulièrement c'est me prendre la tête. Gratter de la fonte, ça, c'est obligatoire, mais je ne fais pas ce métier pour ça. Non, j'aime trouver des solutions, me battre avec le métal, l'ajuster et le dompter en fait. Je n'ai pas envie de créer, j'ai envie...