Le Sri Lanka, plus ancienne source de production de saphirs

Avr 3, 2015

C’est une histoire étonnante que j’avais suivi il y a quelques années mais que j’avais un peu oublié. Une histoire d’archéologie mais aussi de gemmologie. Si je vous en parle aujourd’hui, c’est parce que cette découverte archéologique majeure refait parler d’elle depuis quelques semaines.

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Les perles découvertes dans l’épave… Photo : ICA Shipwreck story

En 2003, des pécheurs remontent dans leurs filets des vestiges de céramiques alors qu’ils sont dans la baie de Ciberon, ville située en Indonésie. Très rapidement, la nouvelle se répand et Luc Heymans (directeur belge de la société Cosmix Underwater Research, une société d’exploration archéologique sous-marine) se voit en partie confier l’exploration du site.

Dès 2004, la découverte est officialisée. Un galion ayant fait naufrage au Xe siècle est localisé par 60 mètres de fond. Avec à l’intérieur, un trésor qui ferait pâlir d’envie n’importe quel archéologue : des pierres précieuses, des céramiques impériales, des bijoux, de l’or, du cristal… au total, 271 000 objets dont 4000 pierres gemmes rouges et 12.000 perles… De quoi laisser songeur.

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Éléments en lapis-lazuli. Photo : ICA Shipwreck story

Des études sont entreprises, et en 2010, une vente aux enchères est organisée à Jakarta. Et c’est un échec retentissant, mais une victoire pour les opposants à cette vente. Avec un argument que je respecte énormément : ce trésor, témoin du commerce et de l’histoire des échanges commerciaux vivaces entre l’Indonésie et de nombreux autres pays ne doit pas quitter son pays de découverte. Idéalement, il doit même être proposé en un seul lot. C’est ce qui fut fait en 2012, pour un nouvel échec. Pour information, le prix de départ est de 80 millions de dollars.

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Les fameux grenats du trésor de Ciberon. Photo : ICA Shipwreck story

Mais il y a quelques semaine, Ken Scarrat – directeur du campus GIA et du GIA Research Center basé à Bangkok – a été invité à venir expertiser les éléments gemmes du trésor stockés chez Christie’s à Singapour. Et ses conclusions sont particulièrement intéressantes pour qui se passionne pour l’histoire de la gemmologie :

  • Les 400 saphirs répertoriés dans des teintes bleues, jaunes et roses sont d’origine sri-lankaise. Les couleurs et les inclusions typiques des pierres que l’on trouve dans les graviers gemmifères du pays
  • Les 4000 pierres rouges sont en réalité des grenats (et non des rubis comme le pensaient les découvreurs) venant du Sri-Lanka et du Sud de l’Inde.
  • Le lapis-lazuli provient, lui, d’Afghanistan.
  • Enfin les milliers de perles fines proviennent des pêcheries sri-lankaise mais aussi du Golfe Persique.

Ce qui permet de conclure que le Sri-Lanka est donc actuellement la plus ancienne source de production connue pour les saphirs et que les gisements de ce pays sont donc identifiés et exploités depuis plus de 11 siècles.

À bientôt !

À propos

marie chabrol

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