1919-2024, c’est une longue et belle histoire que de fêter plus d’un siècle d’existence. En inaugurant dans quelques jours une très belle rétrospective, la Maison Buccellati dévoile son patrimoine et célèbre toute une famille engagée dans le respect des traditions joaillières italiennes. Au travers des nombreuses pièces prêtées pour l’occasion, elle raconte le talent de ses artisans, la pérennisation des savoir-faire et l’intemporalité d’un style inimitable. Rendez-vous à Venise du 18 avril au 18 juin 2024
1- Buccellati par Mario
C’est Mario Buccellati qui fonde la maison en 1919 à Milan. Né en 1891, il s’installe à Milan avec sa mère et ses frères à la suite du décès de son père. Il entre assez rapidement en apprentissage auprès de la maison Beltrami & Bestani qui était alors installée Via Santa Margherita 5, à proximité de La Scala. Quelques années plus tard, en 1919, il décide qu’il est temps pour lui de se lancer et il inaugure sa boutique à l’adresse où il a été formé en reprenant l’affaire des ses patrons.
Il développe et fait connaitre cette technique de dentelle sur or qui va bientôt le faire connaitre mondialement et faire la renommée de la maison. Dès 1925, une deuxième boutique ouvre à Rome Via Condotti 30–31. C’est son frère Carlo qui la dirige. Puis à la fin des années 1920, c’est à Florence que la marque s’établit Via Tornabuoni 71. Mario peut alors compter sur l’aide de son frère Melchiorre.
Avec la guerre qui se profile, il faut devenir inventif car les matières précieuses deviennent rares. Mario utilise alors le Tombac, un alliage peu couteux de cuivre et de zinc qui permet de produire des pièces à moindre coût. Ces pièces ne sont pas courantes sur le marché mais, de temps en temps, il est possible d’en voir passer dans les ventes aux enchères.
Après la guerre, les trois fils de Mario rejoignent l’affaire familiale : Gianmaria, Lorenzo et Federico. C’est eux qui vont contribuer à l’expansion internationale de la marque en ouvrant dès les années 1950 un première boutique à New York, puis à Palm Beach. A partir de là, l’histoire va continuer de s’écrire mais je ne vais pas tout vous raconter. Par contre, je peux vous inviter à relire l’interview d’Andrea Buccellati – le deuxième fils de Gianmaria – et de sa fille Lucrezia.
2- Buccellati et Gabriele D’Annunzio
C’est une histoire d’amitié incroyable qui va lier Gabriele D’Annunzio et Mario Buccellati. Les archives de la famille témoignent des près de 83 lettres écrites entre 1922 et 1936, amitié résultant d’une rencontre chanceuse le 2 aout 1922 devant la boutique. Ce héros de la première guerre mondiale aura un parcours politique aussi éclectique que possible. Il est considéré comme un des écrivains et poètes les plus influents d’Italie.
Grand amateur de la maison, il achète de nombreux objets et bijoux qu’il offre à son épouse, à ses admirateurs et ses admiratrices. Il fait d’ailleurs personnaliser de nombreuses pièces avec des mentions qui honorent ses actes et qui reprennent certaines de ses devises les plus célèbrent. Si vous ne connaissez pas l’homme, il faut lire « Le feu » qui est certainement son roman le plus connu. Il met en scène Stelio Effrena, poète et musicien, qui entend s’affranchir de toutes les limites et toutes les chaînes, y compris la douleur humaine. Sa devise : « Créer avec joie ». Ce livre qui se passe à Venise raconte la passion destructrice qui lit le poète à la Foscarina – La tragédienne dans toute sa splendeur – est une belle manière de découvrir et de s’approprier le style de celui qui décrivait Buccellati comme « Le prince des orfèvres ».
3- Buccellati, l’exposition
Rendez-vous est donc pris entre le 18 avril et le 18 juin pour découvrir ce siècle de création. Redécouvrir les classiques et ce qui fait l’ADN de la maison, voilà l’objectif de cette exposition qui célèbre le goût d’une maison pour les techniques ancestrales qui s’expriment dans toutes ses propositions créatives.
Dans une époque qui voit toutes les audaces joaillières, admirer une maison qui reste fidèle à son style et à ses artisans est particulièrement rassurant. Comme une manière de proclamer que, finalement, il n’est pas besoin de vouloir en faire trop pour durer. « Les classiques offrent le plaisir de la redécouverte, évoquant des mondes de beauté, d’élégance, d’art et de nature au-delà du temps. Les réinterpréter, c’est réinterpréter les traditions, les matériaux et les formes millénaires avec un regard toujours actuel. C’est le but de l’exposition, qui devient pour nous un moment d’autant plus précieux qu’il se déroule dans le cadre évocateur de Venise, les classiques sont un pont jeté entre le passé et le futur et sont également la preuve d’un style original à perpétuer dans les temps à venir », cette déclaration d’Andrea Buccellati résume à elle-seule l’objectif de cette première importante exposition patrimoniale pour la marque.
Quatre chapitres permettront de s’approprier le style et l’histoire de la maison :
1- Les « générations » de la famille Buccellati, qui, au fil des années, aujourd’hui et dans le passé, ont pris
se charge de guider la direction artistique de la Maison, symboliquement représentée par l’icône du papillon,
2- Des « galanteries élégantes et des accessoires précieux en argent et en or » qui incarnent le sens de
l’élégance dans le temps,
3- Les « chefs-d’œuvre en argent » connus pour la maîtrise utilisée pour leur donner le
forme et proportions parfaites, grâce à l’utilisation des techniques anciennes de gaufrage et de ciselage,
4- Enfin, « les icônes des bijoux Buccellati » présentées comme d’authentiques œuvres d’art.
J’ai déjà hâte de pouvoir découvrir les pièces qui seront dévoilées lors de cette belle rétrospective. Et comme je suis une grande amoureuse de cette maison, je sais déjà que je ne serais pas déçue ! On se voit donc à Venise dans quelques semaines ?
A bientôt !