Et l’État de New York bannit l’ivoire…

Juil 10, 2014

Il y a un peu plus de quinze jours, une loi fédérale est passée dans l’état de New York. Elle n’a pas fait les gros titres en France, mais elle a un peu agité certains acteurs de mon secteur professionnel. C’est d’ailleurs comme cela que j’ai entendu parler de cette nouvelle disposition qui modifie grandement le travail des antiquaires et autres vendeurs spécialisés dans le commerce des objets d’art anciens.

Il y a plusieurs mois, je vous avais parlé du commerce de l’ivoire en France qui est particulièrement réglementé. Les dispositions légales relatives à ce commerce prévoient aussi la procédure de sortie du territoire français des objets. Entre autres vers les USA, grand pays consommateur d’objets et de bijoux réalisés dans cette matière qui fut longtemps prisée des fabricants. Jusqu’à présent, les ivoires qui pouvaient (déjà difficilement) franchir les frontières américaines devaient être absolument certifiés comme étant « pre-ban » soit antérieurs à la convention de Washington ou bien réalisés dans une défense datant d’avant la convention. L’ivoire de mammouth n’était pas concerné car non soumis à un commerce réglementé. Oui mais voila, les choses viennent de changer.

Désormais, la loi qui vient de passer rend la vente d’ivoire d’éléphant, de mammouth mais aussi de cornes de rhinocéros encore plus compliquée. Les objets proposés devront avoir au moins 100 ans. De plus, si l’objet est composé d’ivoires de différentes provenances, il ne pourra pas y avoir plus de 20 % de l’objet qui soit composé avec des ivoires possédant des origines douteuses. Enfin, la loi imposera de considérer juridiquement comme un crime la vente d’ivoire prescrit pour un montant supérieur à 25.000 $. Ce sont donc des critères de ventes particulièrement restrictifs pour les professionnels du secteur.

Le gouverneur de l’état, Andrew Cuomo, a ainsi déclaré : « Avec l’adoption de cette loi, l’état de New York a marqué une nouvelle étape cruciale dans son combat contre le commerce illégal de l’ivoire. Nous ne voulons plus tolérer dans notre état ce commerce dangereux et cruel. »

Alors, pourquoi interdire le commerce de l’ivoire de mammouth ? Pour une raison finalement très simple: cet ivoire est souvent difficile à distinguer de l’ivoire d’éléphant. Et cette difficulté permet souvent pour des vendeurs peu regardants de prétendre que les objets sont en ivoire de mammouth ou fabriqués dans un ivoire d’éléphant ancien car jaunit. Et donc, de faire passer les objets comme légaux.

En interdisant le commerce de l’ivoire de mammouth, l’État de New York espère ainsi contrer ce commerce. La loi prendra effet dans quelques semaines. Seul point négatif, les vendeurs américains ayant des permis de ventes valides ne tomberont sous le coup de la loi qu’à l’expiration de ceux-ci. Néanmoins d’ici quelques années, le commerce de l’ivoire dans l’état de New York sera très compliqué que ce soit sur place comme pour les vendeurs qui souhaitent travailler à l’import avec des clients basés sur place.

Concrètement, pour le secteur de la joaillerie, les choses se compliquent pour toutes les maison qui proposent des pièces contemporaines ou ont proposé des pièces anciennes contenant de l’ivoire. Mais on peut aussi évoquer toutes les personnes qui possèdent des bijoux en ivoire (bracelets, boucles d’oreilles, bagues…) importés au milieu du XXe siècle quand l’ivoire était à la mode.

Ce bracelet « Rigate » proposé par la maison Seaman Schepps et réalisé en ivoire de mammouth, or blanc et diamants ne pourra plus être commercialisé dans l’État de New York. Photo : Betteridge

À bientôt !

À propos

marie chabrol

Bonjour, je m’appelle Marie. Conférencière, consultante & formatrice, j’écris avec passion sur l’univers de la joaillerie.

ma Bibliothèque idéale

Voici ma bibliothèque idéale. Tous ces livres font partis de ma propre bibliothèque et je les relis toujours avec un immense plaisir.