« Divines joailleries : l’art de Joseph Chaumet »

Sep 8, 2014

Depuis juin 2014, une exposition consacrée au savoir-faire joaillier exercé par Joseph Chaumet se tient au Musée du Hiéron dans la petite mais magnifique ville de Paray-le-Monial.

Je suis déjà sure que vous vous demandez s’il existe un lien entre ce Joseph Chaumet et la maison de joaillerie mondialement connue : Chaumet. Et bien oui ! D’où mon étonnement de ne pas avoir ni lu, ni entendu, beaucoup de choses au sujet de cette jolie exposition. Mais reprenons l’histoire…

La création de la maison Chaumet prend le nom qu’on lui connait actuellement au courant du XIXe siècle, elle est en réalité fondée en 1780 par Marie-Etienne Nitot, joaillier attitré de Napoléon Ier à la suite de la Révolution. Entre 1815 et 1885, elle est dirigée par Jean-Baptiste Fossin, puis Jean-Valentin Morel et enfin son fils Prosper. Durant le XIXe siècle, les différents dirigeants de cette maison séduiront et fidéliseront une clientèle richissime venant des quatre coins du monde mais aussi plusieurs familles royales. A ce titre, le numéro de l’émission « Secret d’histoire » diffusé récemment sur France 2, et qui mit à l’honneur la non moins célèbre la Grande Duchesse Charlotte du Luxembourg, nous fit découvrir plusieurs bijoux lui ayant appartenu dont un diadème confectionné par la maison Chaumet.

La maison va changer définitivement de nom avec le mariage en 1885 de la fille de Prosper Morel avec un certain Joseph Chaumet. Il en prendra la direction, puis l’installera dès 1907 place Vendôme. Aujourd’hui, la maison a depuis de nombreuses années rejoint le groupe LVMH, leader mondial dans l’industrie du luxe. Cette exposition a donc pour objectif de vous faire découvrir le travail joaillier de M. Chaumet.

Le point de départ de cette présentation est l’œuvre de la Via vitæ. Cette pièce majestueuse, fut réalisée entre 1894 et 1904. M. Chaumet y consacra dix ans de sa vie et pensa cette pièce comme une œuvre de compagnonnage. Fervent catholique, il réalisa cette pièce comme une affirmation de sa foi à l’aube du XXe siècle. Il convient cependant de préciser rapidement le contexte de l’époque afin de mieux comprendre la mise en fabrication d’une œuvre aussi importante : L’affaire Dreyfus, la politique anti-cléricale de cette fin de siècle, la volonté de mise en place d’une école libre sans enseignement religieux (la loi Combes), puis l’inévitable séparation de l’Église et de l’État créent des scissions importantes dans la société civile et politique. En réaction, Joseph Chaumet décide de la réalisation de la Via Vitæ. Une forme de résistance aux débats de son époque, mais aussi la volonté de rendre un hommage flagrant à Dieu.

Techniquement cette pièce est une prouesse. Elle représente les épisodes les plus marquant de la vie du Christ au travers de scénettes animées par 138 personnages réalisés en or et en ivoire (des chryséléphantines). Elle mesure trois mètres de haut et pèse plus de trois tonnes. On retrouve sur l’avant de la pièce la vie de Jésus de la Nativité à la Résurrection, puis à l’arrière des symboles divers représentant la religion musulmane, l’hindouisme, le bouddhisme et les sept péchés capitaux. La pièce fut, un temps, pressentie pour rejoindre le trésor du Sacré-cœur mais au final, elle ne fut montrée que durant une vingtaine d’année et seulement dans un salon privé de la maison Chaumet. En 1993, elle est démontée ; en 2000, elle est classée Trésor National ; Enfin, elle est acquise par la ville de Paray-le-Monial en 2004. Est alors entreprit un énorme travail de restauration dont la restitution du système de rotation qui anime les personnages des différentes scénettes. Cependant, pour voir la Via Vitæ en mouvement, il faudra attendre les journées du patrimoine ou prendre rendez-vous au musée. J’ajoute enfin pour les amateurs de gemmes que l’hostie (symbolisant le corps du Christ et brandie pas deux figures féminines au sommet de la pièce) est sertie de rubis et de  diamants, enfin la pierre centrale est un cristal de roche taillé.

La Via Vitæ, dans son ensemble. Photo : Laurent Chaintreuil

Les noces de Cana. Photo : Tiphaine Bodin pour L’internaute magazine

La résurrection de Lazare. Photo : Tiphaine Bodin pour L’internaute magazine

 

La flagellation de Jésus-Christ. Photo : Tiphaine Bodin pour L’internaute magazine

L’exposition se complète de différents documents : photos, dessins préparatoires, mais aussi de bijoux et d’autres pièces très importantes. La famille Chaumet, mais aussi la Maison Chaumet ont participé à la mise en place de cet événement. La paroisse de Hyères, le musée de Vitré, le sanctuaire de Montligeon ont aussi apporté une contribution des plus importantes.

Ci-dessus, la Couronne pour la statue de la Vierge (Montligeon), 1933-1935, or, argent doré, diamants, rubis, grenats, topazes, péridots, tourmalines, améthystes, péridots, émail et cristal, 19 x 40 x 34 cm. Photo : Sanctuaire de Montligeon

 L’exposition vous accueille au Musée du Hiéron jusqu’au 4 janvier 2015 à Paray-le-Monial. Je ne peux que vous encourager à aller la découvrir.

À bientôt !

À propos

marie chabrol

Bonjour, je m’appelle Marie. Conférencière, consultante & formatrice, j’écris avec passion sur l’univers de la joaillerie.

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Voici ma bibliothèque idéale. Tous ces livres font partis de ma propre bibliothèque et je les relis toujours avec un immense plaisir.