La joie. Voilà le mot qui décrit bien le sentiment qui m’a traversé en découvrant que le bijoutier contemporain Jean-François Pereña allait à nouveau exposer ses pièces à Paris. Né à Madrid en 1946, l’homme – aussi discret qu’inventif – n’a eu de cesse de trouver les matières les plus insolites et enthousiasmantes pour imaginer des bijoux cabinets de curiosité. La galerie Meubles et Lumières convoque donc du 7 novembre au 21 décembre tout l’imaginaire de ce créateur prolifique. Pour notre plus grande joie.
1-Jean-François Pereña, sculpteur bijoutier
Formé à la sculpture et à la peinture à l’École des Beaux-Arts de Genève, l’homme devient artiste bijoutier, sculpteur et peintre. Entre 1971 et 1987, il vit et travaille à Genève, exposant régulièrement ses travaux. Puis à la fin des années 80, il choisit la France et la Drôme provençale. Il pose alors ses outils à Rochebaudin, petit village charmant à quelques kilomètres de Dieulefit.
Ses œuvres sont aussi singulières que marquantes. L’homme est un amoureux de la matière, il collectionne et conserve autant de matériaux que la nature peut lui en offrir. Son atelier est un véritable cabinet de curiosité où il amasse souvenirs et inspirations, transcrivant dans ses parures géométriques, presque énigmatiques, une vie dédiée à la création. Si vos connaissez et aimez le travail de Liv Blåvarp, et que le travail de Pereña est une découverte, vous en serez pas dépaysés.
Ses premières créations datent des années 70 quand il commence à réaliser des petits objets de poche qui tiennent au creux de la main. Toujours à la recherche de la sensation, il travaille autant la cohésion que le contraste des matières. De fait, la recherche de la sensation et de son expression est le fil conducteur de sa démarche. L’objet de poche, secret, connu parfois du seul porteur, se meut en outil d’exploration de ses propres sensations et fantasmes. Et le cuir déjà présent dans ce premier travail va devenir sa matière de prédilection. Quand il rencontre Robert Friedrich, maître maroquinier, les possibilités deviennent infinies.
2- Une exposition événement au MAH de Genève
En 2006, archéologue Yvette Mottier fait don de sa collection de bijoux au Musée d’Art et d’Histoire de Genève. Passionnée par la Préhistoire et par la bijouterie, Conservatrice des collections archéologiques, elle tombe amoureuse du travail du créateur et constitue entre 1981 et 2006 un corpus de plus de 80 pièces. Avec sa donation, le MAH propose quelques années plus tard une rétrospective du travail de Jean-François Pereña.
Cette exposition dévoile tout le talent de ce créateur et impose plus encore l’attrait des matières dans la création joaillière. Ici le bijou se fait parure au sens spectaculaire du terme. Car avec Pereña, le bijou n’est ni petit ni discret. Au contraire, il s’impose et se veut au centre de l’attention. Attirant le regard, ouvrant la discussion, le bijou ici se veut élément à part entière du corps humain, l’habillant comme le contraignant.
Avec ses créations, le créateur influence l’observateur. Son traitement de la matière modifie celle-ci suffisamment profondément pour faire douter de sa nature première. Est-ce une pierre ? Est-ce du bois ? A cette question essentielle, seul le toucher vous répondra, inscrivant alors la réponse à votre curiosité pour ces bijoux aussi étonnants que fascinants.
A bientôt !
