L’ambre de la baltique s’expose à la Galerie Kugel

Sep 4, 2023

Ouvrez vos agendas et notez bien ces dates : du 18 octobre au 16 decembre 2023, la Galerie Kugel vous invite à découvrir une exposition dédiée à l’ambre de la Baltique. Cinquante chefs-d’œuvres datant du XVIe au XVIIIe siècles, patiemment rassemblés par l’une des plus belles galeries parisiennes, seront dévoilés au grand public. A ne pas manquer !

Galerie Kugel / Paris © Jérôme Galland

1- Petite histoire de l’ambre de la mer Baltique

L’ambre, plus particulièrement celui de la Baltique, est une résine fossilisée provenant entre autres d’un conifère dénommé Pinus succinifera. Cet arbre s’est plus particulièrement acclimaté en Scandinavie et au nord de l’Europe. Un processus géologique long de plusieurs millions d’années a progressivement transformé les sédiments gorgés de résine en ambre tout en déplaçant ceux-ci de la Scandinavie vers la péninsule de Sambie que vous situerez plus facilement en localisant la ville de Kaliningrad (Russie).

Ce territoire est d’ailleurs l’une des plus grosses sources de production d’ambre. Avant d’être extrait de manière plus industrielle, celui-ci fut d’abord ramassé sur les plages à la suite de tempêtes. C’est d’ailleurs toujours possible d’aller en chercher sur les côtes de la baltique, autour de Rügen ou de Usedom par exemple.

L’ambre est connu depuis des millénaires. On estime que le commerce de celui-ci autour de la Baltique a commencé autour de -4000, durant le néolithique. Il existait d’ailleurs des routes de l’ambre. On connait de nombreux exemples d’objets conservés dans le monde.

Pour ma part, j’aime particulièrement les pièces étrusques et grecques exposées au Getty Museum de Los Angeles. Je retiens aussi également la superbe bague (IIe siècle après J.C.) qui fut exposée à L’École des arts joailliers lors de l’exposition consacrée à la Collection Ladrière.

ambre de la baltique

Petite coupe ornée de figures montée en or émaillé. Attribuée à Johann Caspar Labhart (actif 1695-1726). Réalisée à Kassel, vers 1690. La monture par Reinhold Vasters, vers 1870. Provenant des collections du Baron James de Rothschild.
© Courtesy Galerie Kugel / Paris

2- Des routes de l’ambre à la suprématie de Gdansk

Utilisé depuis le néolithique, l’ambre de la Baltique est une valeur d’échange et on en fait donc commerce : objets décoratifs, bijoux, figurines et même comme encens. S’il existait vraisemblablement plusieurs routes qui alimentaient tout le sud de l’Europe et la péninsule arabique, c’est celle qui allait de la Baltique à la Méditerranée qui semble la plus connue.

Dès le 1er siècle, l’origine de l’ambre est définit clairement par Pline l’ancien dans son « Histoire Naturelle ». On lui prête d’ailleurs déjà des vertus protectrices et l’empereur Néron en offrait à ses gladiateurs favoris. Les routes de l’ambre passaient toutes par la côte sud de la Baltique, et plus particulièrement là où la ville de Gdansk (aussi connue sous le nom de Dantzig) sera fondée. Les différentes tribus Viking qui peuplent alors la région acquièrent une connaissance et un savoir-faire indiscutable dans le travail de l’ambre.

Il faut attendre le XIIIe siècle pour que la situation évolue. Le Duc de Mazovie s’adjoint avant 1230 les services des chevaliers teutoniques de retour de croisades pour conquérir et unifier la région. Un siècle plus tard, c’est chose faite, les chevaliers contrôlent la région et le commerce de l’ambre de la Baltique, imposant un contrôle strict. Mais plusieurs villes marchandes ne l’entendent pas de cette oreille et la Hanse ou Ligue hanséatique voit le jour dès 1356, Gdansk en fait alors partie et ici, l’ambre continue de servir de monnaie d’échange.

A la fin du XIVe siècle, les ouvriers travaillant l’ambre s’unissent dans des Guildes. La première voit le jour en 1477 à Gdansk bientôt suivie par d’autres cités. C’est à la même époque que ces mêmes ouvriers obtiennent le droit de s’installer dans cette ville faisant d’elle un centre historique pour le travail de cette matière.

Dès la première moitié du XVe, le Duché de Prusse contrôle le commerce de l’ambre mais accorde un avantage historique : le commerce de l’ambre de la Baltique brut est délégué à un syndicat de marchand alors emmené par Paul Jaski. De là, la prédominance de la région ne sera plus remise en question avant plusieurs siècles. L’ambre devient un véritable objet de pouvoir et la matière de prédilection des cadeaux diplomatiques.

Boîte à jeux complète avec ses pions, deux dés et son jeu d’échecs. Par Michel Redlin. Réalisée à Dantzig, vers 1680.
© Courtesy Galerie Kugel / Paris

3- La Galerie Kugel

L’histoire de la famille Kugel avec les objets d’art commence en Russie à la fin du XVIIIe siècle avec Elie. Joseph, son fils, installe à Minsk une boutique dédiée aux horloges et aux bijoux sans oublier un peu d’orfèvrerie. Puis une boutique voit ensuite le jour à Saint-Pétersbourg. C’est alors Matias, le petit-fils de Joseph qui la dirige. La famille quitte la Russie en 1924 et s’installe en France, à Paris. La galerie bouge plusieurs fois d’adresse mais, en 2004, elle pose définitivement ses bagages dans le somptueux Hôtel Collot.

Bâti en 1840 pour Jean-Pierre Collot, alors directeur de la Monnaie de Paris, c’est l’architecte star de l’époque qui s’en charge : Louis Visconti. Situé à deux pas de la Concorde, face à la Seine, c’est un bâtiment néo-classique dans toute sa splendeur. On y retrouve toute l’admiration de Visconti pour la Rome antique.

Collot fit de ce lieu son hôtel particulier et son lieu d’exposition pour sa collection de tableaux et de statues. A sa mort, sa collection et le lieu sont vendus et l’hôtel devient l’ambassade d’Espagne. Après de multiples vies, la famille Kugel y installe sa remarquable collection. L’écrin ouvert du mardi au samedi mérite amplement le détour. L’exposition sur l’ambre de la Baltique de cette fin d’année 2023 sera donc, pour vous, une excellente occasion de le visiter si vous n’aviez pas pu vous rendre à l’exposition sur l’art du piqué.

ambre de la baltique

Petite chope en ambre translucide et laiteux montée en argent doré. Par Georg Schreiber. La monture par Andreas Meyer (Maître en 1608-1647). Réalisée à Königsberg, vers 1610. © Courtesy Galerie Kugel / Paris

A bientôt !

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marie chabrol

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