La salle du trésor de la cathédrale de Toul qui avait perdu sa vocation première durant presque deux cents ans l’a retrouvé en bénéficiant d’un aménagement complet à l’occasion des 800 ans de ce lieu historique. Depuis mi-juin et jusqu’au 17 novembre 2024, une exposition thématique remarquable sur les anneaux épiscopaux a pris ses quartiers dans ce lieux chargé d’histoires. Une première en Europe et une belle occasion de visiter Toul si vous vous rendez dans l’Est de la France !
1-Pontificalia
Symboliques d’une union spirituelle, les anneaux épiscopaux font parties de la grande famille des Pontificalia, soit les symboles d’une appartenance à l’Église. Ils sont remis aux évêques lors de leur consécration et témoignent de sa dignité et de sa juridiction. Dans cette grande famille des objets dont la matérialité possède une grande portée symbolique, vous trouverez aussi les anneaux pontificaux. Si la date exacte de l’usage de l’anneau épiscopal n’est pas connu, les textes semblent montrer un usage à partir du IVe siècle. Porté à l’annulaire droit en toutes circonstances, il est un attribut visible et fait pour être vu.
La liturgie de l’église précise le rôle de l’anneau dans la relation évêque-diocèse : « prends cet anneau, le sceau de ta fidélité ; protège avec foi et amour l’Épouse de Dieu, Sa Sainte Église » et il est de coutume pour les fidèles de baiser celui-ci lors d’une rencontre avec un évêque, signe de révérence envers la foi véhiculée par la symbolique de l’anneau.
Longtemps très imposantes, les bagues ont vu leur apparence quelque peu modifiées depuis le concile de Vatican II qui les a vu devenir progressivement plus discrètes et moins ostentatoires. Car la bague d’évêque fut longtemps un objet remarquable d’un point de vue joaillier et souvent orné de pierres aux volumes imposants : améthyste, aigue-marine, citrine, grenats, émeraudes…etc.
2- une exposition à ne pas manquer
Autour des anneaux d’Endulus et Hugues des Hazards, évêques de Toul aux VIIème et XVIème siècles, l’exposition présente une quarantaine d’anneaux épiscopaux montrant l’évolution des formes et des décors au cours des siècles jusqu’à nos jours. Les bijoux ont prêtés par Notre-Dame de Paris, Lyon, Carcassonne, Angers, Liège, Nantes, Limbourg, Metz ou encore Nancy.
L’exposition se tient donc dans la salle du trésor, une alcôve intimiste de quelques mètres carrés construite entre l’abside et la tour sud. Une toute petite porte discrète permet d’y accéder. Sa fonction ? La conservation les reliques, objets les plus précieux d’une église, et les objets du culte pour lesquels la liturgie exige qu’ils soient réalisés, au moins partiellement, en métal noble. Connu par divers inventaires réalisés entre le XVIe et le XVIIIe siècle, le trésor de la Cathédrale de Toul a conservé des objets magnifiques tout au long de sa longue histoire. Le réagencement de cet espace en musée lui permet de continuer à faire exister sa vocation première.
L’exposition propose de découvrir de nombreux objets de cultes et – entre autre – un reliquaire exceptionnel : le reliquaire du Saint-Clou prévu pour la conservation d’un clou ayant servi à la crucifixion de Jésus. Réalisé entre
le Xème siècle et 1° quart XVème siècle, il a été modifié au cours du XIXe siècle. Fabriqué en cristal de roche ; argent repoussé, gravé, doré ; perles, grenats, améthystes, saphir, émeraudes ; cuivre doré, il fait parti du fonds patrimonial de la Cathédrale Saint-Étienne de Toul.
Si ce sont les bagues qui vous intéressent plus précisément, vous ne serez pas déçus tant la sélection des objets est étonnante. Parmi les pièces qui nous ont marqué, vous découvrirez – par exemple – plusieurs bagues dont la fabrication fut assurée par la maison parisienne Mellerio dits Meller : celle de Mgr de la Celle (or, améthystes et diamants, vers 1919), celle du Cardinal Verdier (or, diamants et péridot, vers 1930) ou encore celle du Cardinal Festin également attribuée à Mellerio (or, améthystes et brillants, vers 1940).
Parmi les pièces remarquables, la bague ayant appartenu à Mgr d’Argenteau en or, diamants et saphir. Il vous faudra également vous arrêtez sur le catalogue du fonds Louis Bachelot (conservé dans le fonds Poussielgue-Rusand) qui vous propose de découvrir des dessins de bijoux épiscopaux datant des années 1844-1848.
Vous avez jusqu’au 17 novembre pour vous rendre à Toul et vous rendre à la Cathédrale Saint-Étienne. Le lieux est magnifique et vous ne regretterez pas votre visite. L’entrée est libre et l’exposition est ouverte de 9h30 à 18h30 tous les jours. Un très beau catalogue a été édité, il est très bien illustré et les textes précis vous renseigneront plus encore sur les pièces exposées.
A bientôt !