Le sertissage en quelques définitions…

Sep 11, 2016

Il y a peu, je lisais encore des erreurs sur la description d’un type de sertissage choisi pour un bijou et sur le nom de celui-ci. Travaillant dans la joaillerie, ce métier m’est commun et les différents types de sertis aussi. Mais je m’aperçois que le sujet est finalement beaucoup plus complexe pour les personnes hors du Métier et parfois difficilement explicable. Je vais donc tâcher d’éclairer cela et de rendre plus compréhensible cette étape importante dans la fabrication d’une pièce de joaillerie.

J’ajoute aussi que si toutes les pierres ne peuvent être serties, la grande majorité peut l’être. Y compris certaines très fragiles comme la fluorite ou la sphalérite. C’est plus le talent du sertisseur et sa maitrise de ses outils que la pierre qui feront la différence…

Enfin, il est parfois possible de cumuler plusieurs techniques pour sertir des pierres et ainsi mieux mettre les gemmes en valeurs.

  • Le serti dit « à grains »

Ce serti consiste pour le sertisseur à dégager grâce à des échoppes et directement dans le métal des petits grains qui viendront tenir la pierre. Afin de rendre plus harmonieux celui-ci, les grains seront perlés grâce à un outil nommé perloir afin de leurs donner un aspect de toutes petites boules. Ce serti est très courant et parfaitement indiqué sur les pièces présentant des pavages de gemmes. Pour parfaire celui-ci, le sertisseur va dégager une sorte de rigole mettant en valeur son travail : le filet.

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Exemple de serti à grains. Photo : Florian Lambert

  • Serti étoiles

Une variante du serti grains classique bien connue des sertisseurs consiste à dégager une étoile à l’échoppe pour mettre en valeur les grains. Peu utilisé aujourd’hui, ce serti a connu des heures fastes au milieu du XXe siècle surtout sur des bagues boules.

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Serti étoiles. Photo : Cannes Enchères

  • Le serti clos et le serti demi-clos / semi-clos

Cette technique consiste à sertir la pierre dans une sertissure. Pour faire simple, c’est une sorte de boite aux cotes de la pierre et pouvant, selon la taille de la gemme, présenter un fond. Le sertisseur va alors rabattre le métal tout autour de la pierre en martelant puis dégager une bordure appelé filet. Si le métal ne fait pas tout le tour de la pierre, on parlera alors de demi-clos ou semi-clos.

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Serti demi-clos ou semi-clos. Photo : Diamants Infos

  • Serti mystérieux™ ou serti dit invisible

Le terme « serti mystérieux » est un nom déposé par la maison de haute joaillerie Van Cleef and Arpels. C’est une technique de sertissage qui fut inventée par la maison Langlois vers 1929, il est par la suite breveté comme « invisible » par Cartier en 1933. Mais le nom est déposé par VCA à partir de 1936. C’est une technique bien particulière qui consiste à sertir des pierres dites calibrées sans que l’on ne voit le métal. Afin de réaliser cela, les pierres sont taillées d’une manière spécifique permettant de les faire glisser entre des rails de métal en « T ». Pour cela, les gemmes sont préparées par le lapidaire et présentent près de la culasse des rigoles parallèles. Le résultat, absolument étonnant, est très intéressant esthétiquement mais demande une collaboration très étroite en joailliers, lapidaires et sertisseurs.

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Les pétales de cette fleur sont en serti Mystérieux. Photo : Van Cleef and Arpels

  • Serti dit « rail »

Ce serti n’a absolument rien à voir avec le serti mystérieux. Et pourtant, il est souvent confondu avec celui-ci. Il consiste à glisser les pierres sur un rail que le sertisseur va ensuite marteler. À la différence du mystérieux, le rail ne fonctionne que pour une ligne de pierres. Idéalement adapté pour des tailles baguette, rectangle ou les calibrés, il est parfois utilisé avec des pierres rondes. On trouve désormais des versions où un rail encadre une seule pierre. On parle alors de serti barrettes.

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Serti rail.  Photo : Gemmantia

  • Serti dit « à copeaux », parfois surnommé dans le Métier « serti moustaches »

Ce serti est souvent confondu avec un serti clos. Ici, la mise en pierre est légèrement conique et donc légèrement plus évasée sur le haut. Cette astuce donne ainsi l’impression d’un filet et donc d’un serti clos. En réalité, la pierre est descendue et bloquée en force mais le sertisseur ne martèle pas le métal autour de la pierre pour la bloquer. Il va dégager avec son échoppe des sortes de micro griffes permettant de stabiliser un peu plus la pierre. C’est un serti souvent peu esthétique et assez fragile. Personnellement, je trouve que cela n’est pas une bonne idée car on risque de perdre les pierres très facilement. Je le déconseille donc fortement. Par contre, la technique s’emploie souvent en complément d’un serti clos ancien sur lequel le métal serait assez usé ou situé sur une pièce sur laquelle une intervention de bijouterie serait risquée. Elle permet alors de bloquer une pierre et de stabiliser celle-ci. Mais c’est vraiment une technique à utiliser dans des cas rares.

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Sur ce schéma on comprend bien la technique. On voit bien la sertissure conique en rouge et le petit « éclat » de métal qui revient sur la pierre pour la bloquer. Photo : Forum Bijoux à la Cheville

  • Serti dit massé

C’est un serti parfaitement adapté sur les surfaces arrondies. Il consiste à descendre les pierres dans la masse du métal et à ramener celui-ci tout autour de la pierre grâce à la marteleuse. Avec cette technique, les pierre sont affleurantes sur le métal. Ici, à la différence du serti clos, il n’y a pas réellement de filet autour de la pierre.

  • Le serti dit descendu ou serti dit dressé

Ce type de serti est en principe uniquement utilisé pour sertir des pierres de taille ronde de même diamètre sur une bande de métal. Cela ressemble à du serti grains mais en réalité, c’est très différent. Il s’agit de toutes petites griffes taillées à l’échoppe par le sertisseur. A la fin, les bords sont recoupés vers la base pour libérer visuellement la pierre.

  • Serti dit « à griffes »

Comme son nom l’indique, la pierre est ici retenue dans un chaton grâce à des griffes. Ce sont des fils de métal qui sont rabattus, martelés et taillés par le sertisseur. Elles peuvent être en pointes ou au contraire « boulées ». Dans certains cas, le sertisseur peut aussi dégager un filet dans les griffes. Les sertis griffes les plus courants de nos jours présente 4 ou 6 griffes. Mais il existe des versions plus décoratives en fonction de la pierre. C’est un serti extrêmement courant pour fixer des pierres de centre de taille importante.

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Serti à quatre griffes. Photo : Cookson-Clal

  • Serti dit « à clous »

Cette technique est souvent confondue avec du serti à griffes. En réalité il s’agit de tiges de métal qui sont coupées, soudées sur la pièce et martelées afin de stabiliser les pierres. Ici, le métal n’est pas rabattu comme pour des griffes.

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Les rubis de cette montre Van Cleef and Arpels sont sertis avec la technique dite « à clous ». Les clous en ensuite été sertis de diamants avec la technique du serti clos. Photo : Van Cleef and Arpels

  • Serti tension

Cette technique consiste à sertir une pierre en jouant sur l’effet ressort du métal. Le résultat est assez étonnant car la pierre semble flotter bien qu’elle soit en réalité parfaitement assise dans la monture. La maison Niessing est particulièrement familière de cette technique.

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Serti tension. Photo : Niessing

Au travers de cet article, j’ai essayé de vous faire découvrir et comprendre les différents types de sertissages possibles pour les gemmes. C’est aussi un métier qui évolue et qui initie de nouveaux rendus sur les pièces. Néanmoins, les différentes techniques illustrées plus haut représente un large panel de possibilités. N’hésitez pas à me laisser un message si vous avec une suggestion. Je reste à votre écoute !

À bientôt !

À propos

marie chabrol

Bonjour, je m’appelle Marie. Conférencière, consultante & formatrice, j’écris avec passion sur l’univers de la joaillerie.

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