L’Austrasie, un royaume et des bijoux

Jan 14, 2017

Affiche

Bien avant la France, le Luxembourg, la Belgique et l’Allemagne que nous connaissons aujourd’hui, il y eu l’Austrasie. Un royaume immense, sur lequel demeurent de nombreuses questions, mais qui permet de mieux comprendre les liens historiques, culturels mais aussi linguistiques entre ces différents pays. A l’heure où les régions fusionnent, où certains considèrent la disparition des départements comme une perte d’identité et où l’Est de la France se tournent toujours plus vers ses voisins et plus particulièrement l’Allemagne, l’exposition qui vient de s’installer dans la ville de Saint-Dizier lève le voile sur un passé riche et pourtant méconnu.

Bague dite anneau de St Arnoul

Bague en or et cornaline dite de « Saint-Arnoul », vers 614-626. Photo : © Gérard Coing, DRAC Lorraine, conservation régionale des monuments historiques

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L’une des fibules en argent doré découvertes dans la tombe de Niedernai en Alsace. Photo : © Strasbourg, Musée Archéologique. Photo Musées de Strasbourg, M. Bertola

Pour la première fois, de très nombreux objets en provenance des musées de Cologne et Stuttgart (Allemagne,), d’Amay et de Bruxelles (Belgique) ou du musée d’art et d’histoire du Luxembourg  sont rassemblés et exposés avec des pièces remarquables provenant de fouilles récentes menées en Lorraine sur les sites de Preny et de Saint-Dizier. Si je vous parle aujourd’hui de cette exposition, c’est parce que celle-ci présente une très large sélection de bijoux empierrés en or ou argent qui démontrent de la créativité et l’habileté des artisans de cette époque qui ont œuvré entre les VIe et VIIe siècle après J.C.

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Couteau avec manche en or découvert en Meuse en 1910, vers 474-491. Photo : © RMN-Grand Palais (musée d’Archéologie nationale) / Franck Raux

L’Austrasie voit le jour au début du VIe siècle, en 511 ap. J.C. quand – à la mort de Clovis – le royaume est partagé entre les fils de celui-ci. Les rois successifs étendront le territoire avant que celui-ci ne chute progressivement après 717 ap. J.C. L’exposition permet aux visiteurs de voyager et de comprendre les différents jeux de pouvoir en place dans le royaume, le fonctionnement de la société civile austrasienne mais aussi d’admirer de très nombreux exemples d’objets de la vie quotidienne dont des bijoux et des pièces d’orfèvrerie remarquablement conservés et restaurés qui témoignent de modes de vie différents selon les catégories sociales.

Ainsi, la tombe de « La dame de Grez-Doiceau » découverte en 2002 en Wallonie illustre bien la richesse des parures en circulation dans ce royaume : une paire de boucles d’oreilles en or à anneaux tressés et pendants polyédriques, deux fibules en or et alliage de cuivre, une bague en or, un collier composé de trois petits pendentifs en or et grenats, et un collier en perles d’ambre. La défunte était de plus parée d’une coiffe ornée de vingt-huit appliques en feuilles d’or découpées et estampées. Le dessin réalisé par B. Clarys illustre d’ailleurs le porté possible de ces pièces.

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La dame de Grez, dessin de B. Clarys.

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Les différents bijoux issus de la fouille de la tombe de la dame de Grez. Photo : Namur, Direction de l’Archéologie, Ministère de la Région Wallonne (Belgique)

L’anneau de Saint-Arnoul comme la bague en or découverte à Saint-Dizier lors des fouilles INRAP de 2002 inaugurent pour la ville de nombreuses découvertes sur les sites des Tuileries et des Crassées. En effet, ce deuxième lieu révèle la présence d’une église mais surtout de plus de 560 tombes qui livrent campagne après campagne des trésors d’informations.

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Fermoir d’aumônière. Or, lapis-lazuli et grenats. Photo : Musée de Saint-Dizier / C. Phillipot

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Bague cruciforme en or et grenats découverte en 2002 à Saint-Dizier. Photo : Musée de Saint-Dizier / C. Phillipot

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Fibule en or, nacre et pierres gemmes diverses, VIIe siècle, découverte à Humbécourt (Haute-Marne). Photo : © RMN-Grand Palais (musée d’Archéologie nationale) / René- Gabriel Ojéda

Enfin, pour les amoureux de joaillerie, la maison Luc Taillandier qui est basée à Montbrison a imaginé une réinterprétation de la bague cruciforme découverte en 2002. L’occasion aussi de vous procurer le joli catalogue remarquablement illustré qui vous coutera 25 € et qui vous permettra d’emporter un peu d’Austrasie avec vous.

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Bagues créées par l’atelier Luc Taillandier. Or, diamants, perle et rubis. Photo : Le Gemmologue

L’exposition est remarquablement conçue et didactique. Sa scénographie permet d’appréhender au mieux les mœurs et l’histoire mouvementée de ce royaume. Elle est gratuite et dure jusqu’au 26 mars 2017. Je ne peux que vous encourager à aller la découvrir et à vous émerveiller devant les pièces exposées à l’espace Camille Claudel.

À bientôt !

À propos

marie chabrol

Bonjour, je m’appelle Marie. Conférencière, consultante & formatrice, j’écris avec passion sur l’univers de la joaillerie.

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Voici ma bibliothèque idéale. Tous ces livres font partis de ma propre bibliothèque et je les relis toujours avec un immense plaisir.