Une journée à Anvers

Nov 14, 2017

Fin septembre, j’ai eu la chance de pouvoir aller passer une journée entière dans la ville d’Anvers (Belgique). Aussi étonnant que cela puisse paraitre et bien que je travaille dans l’industrie joaillière depuis maintenant de nombreuses années, je n’avais jamais eu l’occasion d’aller m’y balader. C’est désormais chose faite et je sais aussi qu’il me faudra y retourner pour la découvrir encore un peu plus tant les lieux et l’atmosphère de cette jolie ville m’ont enchanté ! Quelques mois auparavant, j’avais visité le temps d’un week-end la ville d’Amsterdam et j’ai retrouvé à Anvers ce qui m’avait plu aux Pays-Bas. Je dois aussi reconnaitre qu’après avoir vécu de nombreuses années dans l’Est de la France, j’ai acquis un gout certain pour les villes d’Europe du Nord où les voitures sont moins nombreuses et les piétons plus présents. Des villes que l’on peut largement arpenter en transports en commun ou en vélo et où une certaine douceur de vivre se dégage. Je ne suis certes restée qu’une journée et ce n’est qu’un point de vue touristique que je m’apprête à partager avec vous, mais j’espère qu’il vous donnera envie de partir quelques jours à Anvers. D’autant plus que la ville inaugure l’Année du Diamant avec des célébrations thématiques à ne pas manquer dont l’ouverture au printemps 2018 du nouveau musée DIVA Antwerp Home of Diamonds. Le programme est vraiment sympathique et se veut très grand public. N’hésitez pas à le consulter, vous y trouverez certainement de quoi agrémenter un séjour dans les mois qui viennent.

Anvers

Dans la gare d’Anvers.

Si vous partez de Paris, plusieurs solutions s’offrent à vous mais je ne peux que vous recommander de prendre le Thalys. Depuis la Gare du Nord, il faut deux heures pour arriver en gare d’Anvers (Antwerp ou Antwerpen en flamand). N’hésitez pas à vous y prendre à l’avance pour réserver vos billets de train, plus tôt vous les prenez et moins ils sont chers. Ce sera aussi l’occasion de vous offrir une première classe car les tarifs peuvent alors être très intéressants. Point positif supplémentaire de la 1ere classe, un petit-déjeuner conséquent vous sera offert à bord et vous permettra d’arriver sans avoir le ventre vide. Idéal quand on veut commencer à visiter la ville dès son arrivée ! Pensez à arriver un peu en avance car les contrôles de sécurité rallongent le temps d’embarquement et il serait dommage de manquer votre train.

Une fois que vous aurez posé un pied dans la gare, surtout levez les yeux ! Elle est absolument monumentale et superbe. Si des embranchements ferroviaires existaient ici depuis le milieu du XIXe siècle, la gare telle que vous la verrez existe depuis 1905. Il faut pour cela remercier l’architecte Louis De La Censerie et les ingénieurs Clément Van Bogaert et Jan van Asperen. Ce bâtiment est aujourd’hui considéré comme l’un des plus beaux exemples belges d’architecture ferroviaire. C’est dire s’il est immanquable ! J’ai été largement impressionnée par la hauteur des bâtiments et la majesté imposante du lieu. Pourtant, je suis habituée aux grandes gares mais la petite-fille de cheminot et amoureuse des trains que je suis est quand restée en admiration. Ensuite, rendez-vous au niveau 0 de la gare pour passer à l’office de tourisme de la ville. L’équipe y est d’une très grande gentillesse (et parle français, ce qui peut être utile). Vous pourrez vous y procurer de nombreuses brochures et documents sur la ville. Une halte obligatoire sauf si vous avez très bien balisé votre voyage avant. Cela dit, je conseille toujours de s’entretenir avec des gens du secteur car ils sont une source de conseils non négligeables !

La bourse de Pelikaanstraat.

Je suis arrivée à Anvers sous un grand soleil (avant une bonne averse d’automne en fin de journée). Et j’ai plongée directement dans Pelikaanstraat, la rue des diamantaires. Nul doute que si l’on est pas du Métier, il est impressionnant de voir une telle concentration de boutiques dans une si petite zone géographique. Néanmoins, les boutiques ici ne sont pas les plus intéressantes et les plus belles pierres qui transitent par la ville ne sont pas exposées ici mais dans des bureaux sécurisés dans des rues un peu plus éloignées. Bien entendu, si vous venez un vendredi en fin d’après-midi et un samedi, vous ne verrez pas grand chose car la plupart des lieux du quartier son fermés pour cause de Shabbat. Si plusieurs grands centres diamantaires ont émergé de par le monde, il faut savoir que la ville reste un lieux de transit pour de très nombreux diamants. En 2014, ce sont plus de 227 millions de carats qui sont passés par Anvers où la ville emploie plus de 34,000 personnes entre les tailleries, les bureaux de négoce et les boutiques. Depuis 1973, The Antwerp World Diamond Center (AWDC) veille sur le bon fonctionnement du système quand le Hoge Raad voor Diamant (HRD) veille à la certification et à la formation des négociants. Enfin, quatre bourses d’échanges restent en activité mais la ville en a compté plus d’une vingtaine… Ici, le diamant occupe une place de choix depuis plus de 570 ans et 84% des diamants bruts mondiaux passent encore par ici !

Dans le lobby de l’Hôtel Franq.

Peu après être arrivée, je suis partie explorer un peu la ville et rejoindre une très bonne table pour un beau déjeuner. Rendez-vous était donné à l’Hotel Franq, une ancienne banque transformé en hotel 5* avec son propre restaurant. Situé dans Kipdorp (10-12), le lieu se situe à quelques encablures du quartier chic de la ville. Ici, les boutiques de luxe sont légion et les grandes enseignes mondiales parfaitement représentées. Cela dit, il est de bon ton d’ouvrir l’oeil pour vous apercevoir que ce quartier regorge de nombreuses petites boutiques toutes plus adorables les unes que les autres. Vous y trouverez des coffee-shops agréables avec des patisseries délicieuses. C’est le repaire des galeries d’art et des antiquaires. Et vous êtes à deux pas du quartier historique. Bref, un joli endroit où il fait bon de flâner. Mais revenons à l’hôtel dont la restauration a été remarquablement effectuée redonnant une nouvelle vie à cette ancienne banque d’architecture néogothique. Ici, les éléments architecturaux ont été préservés et servent une décoration à la fois design et soignée. Vous pourrez y boire un verre mais aussi déjeuner ou diner.

Le patio de l’Hôtel Franq. 

Au menu : soupe de langoustine, filet de saumon et ses légumes et café gourmand. 

La cuisine du restaurant est conçue par le chef Tim Meuleneire bien connu pour son précédent succès à la tête de son restaurant De Koopvaardij. Ici, la cuisine est de saison et les produits locaux privilégiés. La présentation y est soignée et l’accueil parfait. Si vous êtes amateur de cuisine gastronomique et que le sourcing des produits à son importance, je ne peux que vous recommander l’endroit. J’ai particulièrement apprécié que la carte tienne compte des intolérances alimentaires et qu’elle prévoit une formule végétarienne. Il faisait un peu froid pour déjeuner dehors mais le restaurant offre un patio arboré pour pouvoir profiter de l’extérieur. Il faut compter en moyenne 190 € pour une nuit si vous envisagez d’y résider, un tarif très correct au regard du standing de l’établissement. Je n’ai pas eu la chance d’y dormir mais je sais désormais que ce restaurant vaut largement la peine d’y consacrer un budget. Néanmoins, je vous rassure, la ville offre quantités de lieux pour déjeuner sur le pouce et de manière plus accessible. Et puis, vous serez en Belgique, quoi de mieux que de déguster des frites avec de la mayonnaise et de se laisser tenter par une gaufre !

Le MAS.

Après ce déjeuner, je suis partie à pieds au Museum Aam de Stroom (MAS). Ce lieu pensé et réalisé par le cabinet d’architectes Neutelings Riedijk est à voir absolument. Ouvert en 2011, il a le style de ces nouveaux musées où le lieu est aussi important que son contenu. Musée, lieu culturel, espace de vie, il est un peu tout cela à la fois. Il propose des collections permanentes mais aussi des expositions temporaires. Enfin, au dernier étage, un belvédère vous permettra d’admirer la ville et le port dans lequel il se situe. C’est à ce moment-là que le temps s’est légèrement gâté… Mais la vue sur l’estuaire et ce vent iodé qui arrive de la mer du Nord rendent l’expérience vraiment belle. Je ne peux que vous encourager à monter au dixième étage du bâtiment !

Anvers

Dans le port d’Anvers.

Mais si je me suis rendue au musée, c’est pour une raison bien particulière. Je suis allée visiter l’exposition « L’éclat du désir » qui dure jusqu’au 18 janvier 2018. Cet événement consacré à l’histoire du diamant et à sa place dans nos sociétés m’a beaucoup plu. Bien que passionnée par ce secteur et connaissant bien cette industrie, je ne suis pas spécialiste de l’histoire anversoise et de sa relation privilégiée avec cette pierre. J’ai donc appris beaucoup de choses et découvert des documents historiques vraiment étonnants. A l’image de cette ordonnance qui ouvre l’exposition. Datant de 1447, elle interdit le commerce des faux diamants et pierres gemmes dans la ville. A l’heure où nos institutions et la profession tentent de se positionner sur le diamant synthétique, les négociants anversois de l’époque avaient tranché : une amende de 25 pièces d’or était appliqué au faussaire ! Enfin, j’ai relié cette visite avec ma découverte d’Amsterdam et mieux compris les relations de la ville avec le diamant qui remontent au siège d’Anvers en 1585 et qui poussa les négociants, dont une grande partie de la communauté juive, à s’établir au Pays-Bas avant de revenir vers la Belgique.

Coeur flamand en argent et diamants, début XIXe siècle. Photo : MAS Museum

Ce fut une belle occasion d’y découvrir des bijoux anciens remarquables à l’image des Coeurs Flamands, ces bijoux traditionnels popularisé au XIXe siècle que l’on offrait le 15 août lors de la fête en l’honneur de la Vierge Marie. L’amour, certes, mais la mort aussi car le bijou témoigne aussi de la vie qui passe. Les bijoux de deuil sont nombreux dans l’exposition et j’ai particulièrement aimé le bijou 21 : un Memento Mori du XVIe siècle en or et émail qui représente un crâne contenant un cercueil, conservé aux Musées Royaux de Bruxelles. Ne manquez pas le dessin de la fameuse bague gémellaire de Martin Luther mais aussi la bague qui pourrait être le bijou de fiançailles de Marie de Bourgogne. La partie contemporaine de l’exposition était, pour moi, une moins grande découverte mais je vous engage à prendre du temps pour découvrir comment le diamant est aujourd’hui encore un symbole de pouvoir et de prestige et comment cela se traduit dans notre société. Avec aussi quelques excès comme les bottes les plus onéreuses du monde. Serties de plus de 38,000 diamants sur plus de 4kg d’or, elles furent imaginées par les designers A.F. Vandevorst et dévoilées en 2013. Plus de 30,000 heures de travail furent nécessaire pour les réaliser. Décoiffant ! Avant de quitter le musée, essayez de gagner la fameuse pierre qui fait briller les yeux de si nombreuses personnes. Quand à moi, j’ai préféré garder quelques jetons en souvenir.

Brilliant Foodies Festival, Felix Pakhuis.

Pour finir cette journée, je me suis promenée dans le port et j’ai profité de cette architecture flamande que j’aime tant. Hauts bâtiments, grandes fenêtres et portes ouvragées… Rien à faire, je ne me lasse absolument pas de ces maisons et immeubles. Puis, j’avais rendez-vous à Felix Pakhuis, un restaurant situé sur le port mais surtout un lieu hallucinant qui se trouve dans une ancienne halle de stockage de marchandises aujourd’hui reconvertie pour les archives municipales et autres. En cette fin de journée, l’AWDC organisait pour la première fois le festival Brilliant Foodies. Au programme, des ateliers autour du diamant mais surtout l’occasion de déguster des plats issus des cuisines juives, pakistanaises, indiennes, arméniennes et flamandes ! Avec un but, découvrir la richesse culinaire de l’industrie diamantaire anversoise. Avec en toile de fond une super programmation musicale, c’était juste ce qu’il fallait pour finir cette belle journée.

 

  • Anvers, brilliant foodies
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Quelques spécialités du Brilliant Foodies Festival. Photos : MarieChabrol/legemmologue.com

Il était alors temps de repartir vers la gare et vers Paris. Un dernier tour dans le quartier des diamantaires, un chocolat chaud et quelques Antwerpse Handjes (mains d’Anvers) ont accompagné mon départ. J’aurais aimé voir le musée Rubens, les grandes églises comme Sint-Andrieskerk ou Sint-Jacobkerk mais aussi un atelier de taille de pierres… Vous l’aurez compris, je reviendrais ! Et vous ?

Les mains d’Anvers. Photo : Visit Antwerp

A bientôt !

À propos

marie chabrol

Bonjour, je m’appelle Marie. Conférencière, consultante & formatrice, j’écris avec passion sur l’univers de la joaillerie.

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Voici ma bibliothèque idéale. Tous ces livres font partis de ma propre bibliothèque et je les relis toujours avec un immense plaisir.