Dans la boutique éphémère JEM. In the JEM pop-up store. Photo : ©MarieChabrol
Il y a quelques jours, rendez-vous était pris pour découvrir une maison dont je suis l’actualité depuis maintenant quelques mois et dont je trouve l’initiative louable et très encourageante dans l’industrie joaillière. Je suis donc allée à la rencontre de Dorothée Contour, Directrice de la maison française JEM Jewellery Ethically Minded, dans la première boutique éphémère de la marque, au 10 rue d’Alger dans le 1er arrondissement de Paris et à quelques encablures du jardin des Tuileries. Une rencontre passionnante autour de l’extraction de l’or et de la traçabilité du métal. Preuve aussi qu’une volonté de transparence dans le secteur de la joaillerie émerge peu à peu. Et c’est une excellente nouvelle !
Grenaille d’or. Gold shot. Photo : JEM
Créée en 2008 par le designer Erwan Le Louër, la maison propose dès ses débuts des collections en or labellisé « Fair mined« . Le succès est au rendez-vous mais le fondateur de la maison souhaite s’engager dans de nouvelles aventures et le projet s’endort. Dorothée Contour arrive dans l’aventure en 2013. Formée à HEC, avec une forte expérience dans le conseil en stratégie pour des marques de luxe, elle reprend le flambeau et rachète la maison pour la relancer. Sensibilisée depuis longtemps au développement durable, à l’écologie et à la production éthique, elle repense depuis deux ans les collections mais aussi pérennise les modèles qui ont fait le succès de la marque à ses débuts. Elle développe des collaborations avec des designers pour apporter des nouveautés et initier de nouvelles gammes : India Mahdavi (Collection Voids, 2011), Adeligne Darmagnac (Collection Sillons, 2014) ou encore Ha Yeon Lee pour la Collection Octogone lancée en 2016. Si la conception des pièces est assurée à Paris, la fabrication – entièrement française – est réalisée dans les Vosges par une entreprise de joaillerie certifiée RJC (Responsible Jewellery Council). Ce label, désormais incontournable dans la joaillerie, certifie que les entreprises sont engagées dans une démarche de développement durable à la fois sociale et écologique.
Bracelet de la collection Voids, en or jaune éthique 750. India Mahdavi pour JEM (2011). Photo : ©MarieChabrol
Cet or fair mined a suscité beaucoup de questions de ma part. A l’origine de ce label, il y a l’ARM – Alliance for a Responsible Mining – créé en 2004 par des experts œuvrant principalement en Equateur dans le cadre du programme Rainforest Rescue International (FURARE). Aujourd’hui c’est 140 entreprises (dont 12 mines au Pérou, en Bolivie, en Mongolie et en Colombie) dans 21 pays qui détiennent ce label qui a permit une extraction raisonnée de plus de 400 kilos d’or depuis 2014 pour plus de 1,5 millions de dollars apportant ainsi des possibilités de développement aux communautés qui vivent de l’extraction de ce métal.
Manchette en or jaune éthique 750 de la collection Octogone par Ha Yeon Lee pour JEM (2016). Photo : ©MarieChabrol
Techniquement, comment cela fonctionne-t-il ? Les mines qui obtiennent le label s’engagent entre autre à limiter le travail des enfants et à utiliser le moins possible de produits chimiques tel que le mercure et dans des conditions strictes pour éviter une pollution. La juste répartition des richesses, la légalité des exploitations mais aussi la réhabilitation des sites sont parmi des obligations à respecter. Cet or est vendu à une coopérative labellisée et les lots sont ainsi estampillés fair mined et numérotés. La traçabilité des lots est garantie à tous les niveaux de fabrication (affinage, fonte, atelier de fabrication de bijou…etc.) et permet de remonter à la coopérative. A aucun moment, cet or n’est mélangé à un autre or non estampillé. Chez JEM, les bijoux sont gravés et ce numéro permet de remonter toute la chaine de production de la pièce attestant ainsi de la provenance de cet or. Oui, mais l’or n’est pas utilisé pur… Ainsi le cuivre et l’argent qui entrent dans la conception des alliages sont issus de lots recyclés. Le label Fair mined se développant en ce moment vers les exploitations d’argent. Seul le palladium n’est pas encore labellisé et j’ai apprécié la sincérité et la transparence de Dorothée à ce sujet. Ce label est un formidable tremplin vers une plus grande transparence dans l’industrie de la joaillerie mais il reste toujours perfectible. Et je ne doute pas un instant que les années à venir renforceront cette très belle aventure.
Bague en or jaune éthique 750 de la collection Sillons par Adeline Darmagnac pour JEM (2014). Photo : ©MarieChabrol
Chez JEM, il n’y a pas de pierres dans les collections. C’est une volonté de la maison car il n’est aujourd’hui pas possible de certifier que les exploitations sont totalement éthiques et écologiquement engagées dans leurs fonctionnements. Il existe bien le Kimberley Process pour le diamant mais tous les experts vous diront que ce label reste très perfectible. De plus, les grandes mines de diamants ne sont absolument pas engagées dans une gestion écologique. Il suffit pour cela de voir les images du Canada et de Russie, par exemple, pour comprendre l’impact de l’extraction diamantifère sur les paysages et le sol… Néanmoins, rien de vous empêche de venir avec votre propre pierre pour la faire monter par la maison. Parallèlement, celle-ci s’est engagée dans la recherche de fournisseurs qui peuvent attester que leurs pierres sont extraites par des mines pouvant satisfaire aux exigences du label Fair mined. Elle réfléchie aussi à l’utilisation de diamants synthétiques dans de prochaines collections. Le consommateur change, ses aspirations aussi. JEM est une magnifique initiative que je vous invite à découvrir !
Bague en or rose éthique 750 de la collection Octogone par Ha Yeon Lee pour JEM (2016). Photo : ©MarieChabrol
La boutique éphémère est ouverte jusqu’au 14 juin dans le 1er arrondissement de Paris au 10 rue d’Alger. Les créations seront aussi disponibles à la boutique éphémère de la plateforme 1.618 (dont je vous ai déjà parlé sur le site) du 1e au 11 juin, rue de la Corderie dans le Marais (Paris 3) à deux pas du Carreau du Temple. Deux jolis lieux à visiter et je ne peux que vous y encourager!
La maison vous reçoit aussi sur rendez-vous dans son show-room. Il suffit de leur téléphoner au 01 85 34 70 22 ou d’envoyer un petit mot par mail à : contact(at)jem-paris.com. N’hésitez pas !
À bientôt