De l’Asie et de la joaillerie, vous connaissez désormais de nombreux designers à l’image de Wallace Chan, de Anna Hu ou encore de Cindy Chao. Mais il faut désormais compter avec la maison initiée par une toute jeune créatrice d’à peine trente ans et au talent indéniable : Feng J.
Son travail avait attiré mon attention sur les réseaux sociaux, désormais incontournables dans ce secteur, où la maison publie régulièrement des photos de ses dernières réalisations. C’est par ce biais que nous sommes rentrés en contact et que j’ai eu la chance de pouvoir rencontrer la créatrice lors d’un rendez-vous à l’Hôtel Costes de Paris ; lequel est situé à deux pas de la Place Vendôme. Un lieu cosy, intime et parfait pour un entretien privé autour de la joaillerie et des belles pierres.
Broche / pendentif Papillon Rose en or blanc, diamants, saphirs roses dont centre de 5,5 carats. Photo : Feng J.
Feng J. est née en 1985, elle grandit dans un univers où l’art occupe une place très importante. Son arrière grand-père fut un des peintres de la famille impériale de Chine sous la dynastie Qing et sa famille a toujours collectionné des objets rares qui témoignent du savoir-faire des artisans chinois, parfois oublié de nos jours. De cette éducation dans laquelle elle profite d’une grande ouverture culturelle sur le monde, c’est vers le bijou qu’elle portera son envie de création. Ainsi qu’elle me l’explique, le bijou se transmet et se veut porteur de valeurs mais aussi d’histoires familiales. Sa temporalité n’est pas à démontrer et elle aime l’idée que celui-ci demeure dans le temps. Plus qu’un objet d’art, c’est un objet que l’on s’approprie.
Broche / pendentif Jardin des Tuileries en or blanc et jaune, diamants, diamants jaunes, saphirs et saphirs de couleurs. Le centre est une tanzanite de 15 carats. Photo : Feng J.
Mais avant de pouvoir le proposer, il faut d’abord le fabriquer. Et pour cela, il faut se former. Son parcours la porte en premier à la China Academy of Art où elle valide un bachelor en design de produit. Elle y apprend à faire que chaque objet soit beau et fonctionnel. Puis, elle rejoint Londres et son University of the Arts où elle se spécialise dans la joaillerie. Cette période de sa vie lui offre la chance de rentrer auprès du département bijouterie de la maison Alexander Mc Queen. Puis les pierres deviennent concrètes grâce au GIA auprès duquel elle valide un titre de Graduate Gemologist et du Gübelin Laboratory où elle complète sa formation. Finalement, elle rejoint Paris et la BJOP pour se former aux techniques de fabrication d’un bijou. L’école qui fête cette année ses 150 ans d’existence est depuis longtemps une institution incontournable dans l’industrie joaillière française et européenne.
Broche / pendentif Rêve de Papillon en or jaune, émail, diamants blancs et jaunes, diamants taille rose, perle gold des mers du Sud et saphirs jaunes. Photo : Feng J.
Si la maison est officiellement dévoilée à Shanghai en 2016, la créatrice se fait connaitre dès 2015 en vendant chez Poly Auction (HK) l’une de ses pièces uniques à un collectionneur. Aujourd’hui, Feng J. possède un bureau à Paris et elle a d’ailleurs choisi la capitale pour la fabrication de ses créations. Preuve que la France et la ville de Paris possède toujours un attrait indéniable pour les créateurs qui y trouvent les savoir-faire nécessaires à la réalisation tant de pièces d’exception que de gammes plus « access ». Ce sont ainsi près de 300 pièces qui ont été fabriquées depuis le lancement de la marque et environ 80 pièces qui sortent chaque années des ateliers français. Une joaillerie privée, qui ne s’expose que peu pour le plus grand plaisir de ses clients qui apprécient la discrétion de la maison. Un plaisir que je partage également.
Broche / pendentif Le Cygne en or blanc, diamants, pierres de lune et opale. Photo : Feng J.
Les pierres sont extrêmement présentes dans le travail de la maison. À l’image de la joaillerie chinoise actuelle qui met les gemmes au cœur des réalisations. Cette joaillerie – riche, colorée et souvent envoutante – nécessite une maitrise technique importante car il faut que les montures supportent le poids des pierres. Ici, les pièces sont en or mais aussi en titane, lequel est désormais partout ; allégeant les bijoux, permettant ainsi presque toutes les audaces ! Une joaillerie qui rappellera celle, audacieuse en son temps et désormais célébrée, de Joël Arthur Rosenthal – JAR – qui a intégré depuis de nombreuses années l’argent mais aussi l’aluminium des ses créations. Comme un hommage, comme une continuité. L’Asie n’a pas fini de nous surprendre et j’ai déjà hâte de découvrir les prochaine réalisations de cette maison.
À bientôt !
Photo de couverture (Feng. J) : Broche / pendentif Le Cotillon en or jaune et blanc, diamants, saphirs de couleurs et centre tourmaline rose de 12 carats.