Jérôme Bonneville : du Mans à Lausanne, itinéraire d’un joaillier doué

Juin 12, 2019

Un père cuisinier gastronomique, un frère créateur de parfum, il y a dans la famille Bonneville une prédisposition naturelle aux métiers d’art et et à la rigueur qu’ils imposent. Passionné depuis l’enfance par les gemmes et les minéraux, Jérôme Bonneville choisit donc de rentrer en joaillerie et d’en faire son métier. L’apprentissage d’abord chez des Meilleurs Ouvriers de France : première étape auprès de la Joaillerie Houillon du Mans sous la direction du MOF Jean-Charles Rocher où il reste plusieurs années. Avant de se mettre à son compte d’abord en France puis très rapidement à Lausanne où il est désormais installé.

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Jérôme Bonneville dans son atelier de Lausanne. Photo : Jérome Bonneville

En 2008, il sort diplômé de l’Institut de Bijouterie de Saumur (IBS) après y avoir passé son CAP puis il enchaine sur le HRD de Anvers où il étudie les diamants et les pierres de couleurs afin de devenir gemmologue. Avec un objectif, pouvoir sourcer des pierres intéressantes et atypiques pour ses clients. Suite à son diplôme, il enchaine les voyages en Asie pour découvrir les pays producteurs et se rendre sur les mines. En 2011, il devient MOF en joaillerie, un exploit quand on sait qu’il l’obtient du premier coup à seulement 29 ans. Quand on vous dit qu’il est doué ! En obtenant le prestigieux titre, Jérôme Bonneville envisage alors sérieusement de s’installer hors de France et le hasard le fait poser ses valises dans la vieille ville de Lausanne.

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Bague en or gris, diamants et topaze bleue naturelle (non traitée) provenant d’Australie et pesant 4,5 carats. Photo : Jérome Bonneville

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« Je ne voulais pas aller impérativement en Suisse mais je me disais que le titre de MOF était un tremplin pour aller tenter sa chance à l’étranger. J’avais peu d’attaches à cette époque. Partir était donc facile ! Après je souhaitais un pays plus simple d’un point de vue économique, avec une culture sur les métiers d’art et le savoir-faire. Et puis , je suis venu voir un ami à Lausanne et je ne suis pas reparti ! »

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Jérome Bonneville

Bague en or, diamants et grenat tsavorite. Photo : Jérome Bonneville

Aussi 2013 marque son installation dans la jolie ville de Lausanne. S’il a un temps envisagé d’ouvrir à Genève, il reconnait que « c’est plus compliqué économiquement car il faut de très importantes ressources financières car les loyers y sont extrêmement élevés« . Il part alors de zéro à Lausanne : « Je n’avais pas de réseaux, pas de famille mais la ville m’avait plu. J’avais aimé son atmosphère, les gens, la manière dont les gens vivent ensemble. On a un cadre de vie extraordinaire dans cette cité, le lac, le grand air, la nature partout et dès que l’on sort de la ville. J’habite dans le secteur du Lavaux, et c’est une véritable carte postale« .

Jérome Bonneville

Bague en or gris, diamants et tanzanite de 10,52 carats provenant de Arusha. Photo : Jérome Bonneville

La boutique de Jérôme ouvre en 2013, dans le centre ville avec un emplacement de choix, il trouve un local libre juste en face de marques telles que Hermès et Vuitton. La chance sourit aux audacieux dit l’adage, il semble que ce soit vrai ! « J’ai trouvé ce lieu à la force du poignet comme on dit. Comme je n’avais aucun réseau, j’ai fait du porte à porte durant des semaines, demandant si on avait connaissance d’un lieu en vente, d’un espace se libérant sous peu. Et puis, je suis rentré dans cette boutique et je n’y croyais plus vraiment. J’avais du faire 80 boutiques de jour-là… Et là, le monsieur qui avait ce lieu me dit qu’il vend. » Il faudra encore attendre plusieurs mois, des travaux, mais en novembre 2013, Jérôme pose fièrement son enseigne rue Saint-Pierre et l’histoire peut commencer.

Jérome Bonneville

Bague en or blanc et diamants, dont centre F VS2 de 3,5 carats. Photo : Jérome Bonneville

A la question de savoir si l’installation à été simple, Jérôme nous répond par l’affirmative. « Quand tu arrives de France, on réalise à quel point la France est très latine dans sa culture. Et c’est ce qui la rend belle et attachante. Mais la Suisse est très différente. Tout est très cadré, organisé. Il y a des procédures très strictes et il faut accepter ce fonctionnement dès le départ. » L’accueil des habitants est également très positif. « Le titre de MOF est très apprécié en Suisse, ils reconnaissent le savoir-faire et aiment l’excellence comme le travail bien fait. Fait non négligeable, j’ai décidé de m’installer en Suisse et de ne pas être frontalier. Je voulais m’intégrer dans le paysage. Prochaine étape, je voudrais devenir Suisse. J’habite là, je travaille ici et mes clients sont du secteur. A un moment, il faut aller au bout de son choix et de son changement de vie !« 

Jérome Bonneville

Bague en or blanc, diamants dont centre Fancy Vivid Yellow de 2,70 caats (GIA). Photo : Jérome Bonneville

Bien entendu, il aura fallu un peu de temps pour fidéliser sa clientèle. Après six ans à Lausanne, Jérome nous explique que sa maison a trouvé un bonne vitesse de croisière depuis un peu plus de deux ans. Le temps de se faire connaitre, de réaliser quelques très beaux projets et d’imposer sa marque dans l’esprit des Lausannois. Joaillier et gemmologue, il a su progressivement séduire une clientèle de connaisseurs à la recherche de belles pierres et d’une fabrication parfaite. « Je voulais proposer des gemmes différentes, plus rares et les emmener loin des traditionnels saphirs et émeraudes que l’on voit encore trop souvent. » C’est cette expertise qui a su faire la différence. En proposant un conseil avisé et en offrant sa connaisance des matériaux, il propose à ses clients de découvrir des grenats lumineux, des spinelles colorés ou des tanzanites pour ne citer qu’elles. Bien entendu, les pierres sont toutes certifiées et remarquablement taillées.

Jérome Bonneville

Collier en or et diamants dont la pierre de centre est un spinelle naturel (Birmanie) de plus de 30 carats. Il aura plus de 1000 heures de travail pour réaliser ce bijou. Photo : Jérome Bonneville

Du coté des créations, Jérome Bonneville se spécialise sur le sur-mesure. Il aime amener ses clients vers une joaillerie moins classique mais extrémement bien proportionnée. Il impose progressivement des volumes plus contemporains qui mettent en valeur les gemmes que ses clients choissisent ou lui apportent. Parmi les dernieres réalisations remarquables, un impressionant collier en or gris et diamants D IF au centre duquel trône un superbe spinelle gris birman taille coussin de plus trente carats. Une pièce qui aura necessité plus de 1000 heures de travail.

Jérome Bonneville

Entrée d’une mine en Tanzanie. Photo : Jérome Bonneville

Jérome Bonneville

Jérome Bonneville en Tanzanie. Photo : Jérome Bonneville

Parmi ses projets à venir, incorporer plus de titane dans son travail, continuer à valoriser les spinelles ou les grenats et surtout ceux avec des couleurs rares. Bien sur, continuer à voyager. Le dernier en date était la découverte des mines de tsavorites en Tanzanie dont il garde des souvenirs impérissables comme la descente à 145 m de profondeur. « Nous devions descendre à 50 m et puis finalement nous avons continué. En bas, il fait 55-60°, c’est intenable. Nous sommes resté moins de 10 minutes. C’est irrespirable. Malgré tout, ce fut une expérience géniale et enrichissante. Et l’échange avec les mineurs vaut tout l’or du monde ! » Enfin, Jérome Bonneville commence à envisager l’ouverture d’un bureau à Genève. Preuve du dévellopement de sa maison. Et c’est tout le bien qu’on lui souhaite !

À bientôt !

À propos

marie chabrol

Bonjour, je m’appelle Marie. Conférencière, consultante & formatrice, j’écris avec passion sur l’univers de la joaillerie.

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Voici ma bibliothèque idéale. Tous ces livres font partis de ma propre bibliothèque et je les relis toujours avec un immense plaisir.