Alors que se profilent pour la plupart d’entre vous les vacances d’été, et ce que vous soyez du mois de juillet ou plutôt du mois d’aout, il ne s’agit pas d’oublier pour autant sa culture bijou ou caillou. Je ne sais pas si l’été sera chaud mais ce qui est sur, c’est qu’il pleuve ou qu’il chauffe, il sera possible de se réfugier dans les musées pour allier l’utile à l’agréable. Aussi, je vous propose trois expositions à découvrir dès cet été et qui se prolongeront avec l’automne qui va arriver bien plus vite qu’on ne le pense!
1- « Pierres gravées » (« Engraved gems« ) – L’école des Arts Joailliers (Paris)
Différents camés et intailles visibles dans l’exposition. (1) Attribué à Dioscoride, début du Ier siècle ap. J.-C. L’empereur Auguste. Intaille en rubis. Collection Guy Ladrière. (2) Egypte, IIe siècle av. J.-C. Cléopâtre Ire. Camée en sardonyx sur une bague moderne en or. Collection Guy Ladrière. (3) Italie, fin du XVe siècle. Chasse au sanglier, d’après l’antique. Camée en sardonyx monté en enseigne. Collection Guy Ladrière. Photos : l’École des Arts Joailliers
Depuis le 12 mai et jusqu’au 1er octobre 2022, l’École des Arts Joailliers avec le soutien de Van Cleef & Arpels célèbre l’art de la glyptique au travers d’une exposition en entrée libre sur réservation. Qu’il soit en relief – on parle alors de camées – ou en creux – il s’agit alors d’intaille – l’art des pierres gravées fascine autant qu’il questionne. Aimé ou détesté, le camée est un élément indissociable de l’histoire de la parure depuis des millénaires. L’exposition de la collection privée de Guy Ladrière (marchand d’art spécialiste des arts premiers et de l’art médiéval) est l’occasion de découvrir plus de 200 pièces dont des intailles grecques et néoclassiques, des camées antiques et médiévaux, des petites sculptures d’époque impériale, des bagues signets mérovingiennes ou encore des anneaux épiscopaux encore jamais présentés au grand public. D’un point de vue plus personnel, cette très jolie exposition m’a réconcilié avec les camées et m’a permis de mieux les appréhender. Cet événement se complète d’un très beau livre publié en coédition par L’École des Arts Joaillier et la maison d’éditions Mare&Martin. Écrit par Philippe Malgouyres (historien de l’art et conservateur en chef du patrimoine au Département des Objets d’Art du musée du Louvre depuis 1997), ce très bel ouvrage de 304 pages est proposé au prix de 49 euros. Il est disponible sur le site de l’exposition, rue Danielle Casanova, et dans toutes les bonnes librairies.
2- « Secrets de la Terre » – Musée des Confluences (Lyon)
Quelques spécimens présentés dans l’exposition du Musée des Confluences de Lyon. (1) Cérusite, minerai secondaire de plomb, Namibie, Oshikoto, Tsumeb. (2) Macle de spinelle, Viêtnam, Yên Bái, Luc Yên. (3) Cuivre natif, États-Unis, Michigan. (4) Bauxite, minerai d’aluminium Guinée, chaîne du Niandan – Banier. (5) Pyrite, Pérou. Photos : Musée des Confluences – François Vigouroux
Avec près de 10,000 spécimens, la collection de minéraux du Musée des Confluences est l’une des plus plus grandes collections publiques de minéraux, roches et gemmes de France. Constituée dès le XIXe siècle, elle s’enrichit de manière importante avec l’apport de différents minéralogistes dont Alexis Chermette qui lègue la totalité de sa collection en 1996. Avec l’exposition « Secrets de la Terre », le musée de Lyon souhaite mettre en évidence ce très bel ensemble en expliquant le rôle des minéraux dans toutes les facettes de notre vie quotidienne. Que ce soit pour fabriquer des outils, des objets divers ou nos immeubles, les pierres, les roches, les gemmes, les métaux sont absolument partout autour de nous. S’il est intéressant de questionner leur exploitation, il est nécessaire de s’interroger sur leur raréfaction et sur les solutions qui existent pour les préserver et imaginer des solutions de remplacement. L’exposition propose dont un cheminement allant de la formation des minéraux, à leurs propriétés particulières, puis à leur exploitation et à l’utilisation de ceux-ci dans des objets usuels. Parallèlement à cette présentation, le musée s’emploie à présenter deux ensembles qui font la renommée de sa collection : les azurites de Chessy qui ont été trouvées à seulement 25 km de Lyon et surtout les 1500 fluorites du fonds Chermette. Vous avez jusqu’au 22 octobre 2022 pour aller découvrir cette exposition et ce serait bien dommage de la manquer!
3- « René Just Haüy » – Collection de Minéraux de Sorbonne Université (Paris)
Avez-vous noté que l’année 2022 est « l’année de la minéralogie » ? Non ? Aussi, dans ce contexte, de nombreux musées proposent des événements mettant en avant cette thématique. A Paris, la collection de Minéraux de Sorbonne Université vient d’inaugurer une exposition dédiée au père de la cristallographie : M. René-Just Haüy. Elle est visible jusqu’au 31 décembre 2022. L’exposition s’attache à vous raconter sa vie, son éducation et sa découverte de la minéralogie à la fin du XVIIIe siècle alors qu’il a près de 35 ans. Les gemmologues le connaissent bien car, après le clivage de la calcite, il propose la théorie de la « molécule intégrante » qui lui permettra de d’expliquer les différentes formes de cristallisation des minéraux. Et de ces formes découlent des propriétés optiques qui permettent de les identifier en gemmologie classique. L’exposition est riche en objets et en documents graphiques permettant de replacer Haüy dans son époque et les contradictions scientifiques de celle-ci. Alors pour le découvrir ou le redécouvrir, rendez-vous place Jussieu, l’exposition vaut le détour et la collection de minéraux aussi car c’est indéniablement l’une des plus belles de Paris avec celles conservées au MNHN et à l’Ecole des Mines.
A bientôt!