La maison Vever célèbre son patrimoine

Juin 12, 2023

Relancée en 2021 par la septième génération Camille et Damien Vever, quarante ans après sa fermeture, la maison Vever retrace et célèbre son histoire au travers d’une exposition organisée au 9 rue de la Paix à Paris. Une cinquantaine de pièces de joaillerie et de nombreux objets personnels dévoilent l’histoire d’une famille et celle d’un homme – Henri Vever – qui a hissé sa maison parmi les plus belles du début du XXe siècle. A découvrir absolument jusqu’au 7 juillet 2023.

Vever, de Metz à Paris

En 1820-1821, la maison Vever voit le jour à Metz en Moselle. Pierre-Paul, 26 ans, vient alors d’ouvrir sa bijouterie au 24 de la Place Saint-Jacques. Il fait sa demande de poinçon le 14 septembre 1820 déclarant « être dans l’intention de vendre des ouvrages d’or et d’argent et se soumettre à exécuter les règlements qui concernent la profession » comme en témoigne le registre du contrôle des objets d’or et d’argent conservé aux Archives Municipales de Metz.

Un premier poinçon aux initiales PV voit donc le jour. On ignore encore comment ce fils de maître-rôtisseur, orphelin de père puis de mère et élevé par sa sœur fut formé au métier d’orfèvre. Quoi qu’il en soit, rapidement, il se constitue une belle clientèle venue du Luxembourg et de la Province de Rhénanie.

Ernest, son fils, intègre la maison en 1848 et continue le travail entrepris par son père. L’exposition universelle de 1861 permet même à l’entreprise de gagner son premier grand prix. Sa clientèle de l’époque est principalement constituée des belles fortunes frontalières mais la maison travaille beaucoup pour le clergé et l’armée. Mais la situation dans l’Est de la France reste fragile et les relations avec l’Allemagne ne sont pas toujours simples. Après la défaite de la France contre l’Allemagne, la Lorraine est annexée par sa voisine en 1871 par la signature du traité de Francfort.

La famille Vever, patriote, décide de quitter Metz et de rejoindre Paris en rachetant le fonds de la maison Marret & Baugrand (parfois orthographié Beaugrand) qui fournissait l’Empereur Napoléon III et qui était installée au 19 rue de la Paix. En 1875, Ernest Vever est nommé président de la Chambre syndicale de bijouterie, joaillerie, orfèvrerie. L’Histoire de la maison, désormais, s’écrit à Paris. Jamais, elle ne renouera avec ses racines messines.

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Pendentif papillon orange, platine, or blanc, pâte de verre et diamants. Circa 1900. Collection privée. Crédit photo : Gazette Drouot

Henri Vever, figure phare de la maison

1881, Paul et Henri, les fils de Ernest reprennent la maison et vont contribuer à accroitre son rayonnement et sa notoriété. L’exposition est véritablement l’occasion de découvrir la personnalité hors-normes de cet immense artiste formé à la peinture, écrivain, peintre et grand voyageur qui va faire rentrer la maison familiale dans la gloire qu’on lui connait.

S’il écrit quotidiennement, il se passionne pour l’histoire de son époque et de son métier. Son Histoire de la bijouterie au XIXe siècle est considérée comme la Bible du métier par la richesse de ses informations. Si on veut comprendre l’organisation du métier, ce livre est un indispensable.

Broche en or, diamant et émail. 1900. Collection privée.

Collectionneur compulsif, il amasse un nombre incalculable d’objets. Il rassemble des bijoux allant de la Révolution à 1900 et en fera don en 1924 au MAD alors Musée des Arts Décoratifs. Il lègue d’ailleurs à cette occasion près de 60 bijoux signés Vever. Il peint mais collectionne aussi les plus grands maîtres : Sisley, Renoir, Pissaro, Monet ou Degas font parti des noms qui compose sa collection. L’exposition permet de découvrir le catalogue de la vente de celle-ci en 1897.

Et enfin, il voyage. L’exposition française à Moscou de 1891 est la parfait occasion de découvrir l’Europe. Camille Vever a pu reconstituer son voyage grâce aux carnets d’Henri dans lesquels il a transcrit quotidiennement ses découvertes. Durant deux mois, il découvre Berlin, Copenhague, Bakou, Constantinople ou encore Samarkand. Une collection dédiée à l’art islamique en sera la juste retranscription.

Pendentif représentant du feuillage en or jaune, émail et pierres de lune. Circa 1900. Collection Privée.

Fréquentant la bonne société et le tout-Paris, il s’émerveille pour le mouvement Art nouveau et propose des créations qui feront date autant l’histoire de la maison que dans l’Histoire de la joaillerie. Il s’affranchit des matériaux classiques, intègre la corne et l’ivoire aux pièces, curieux de nouvelles techniques il participe au développement de l’émail plique-à-jour dans la joaillerie.

Un certain René Lalique va même dessiner pour lui mais c’est Eugène Grasset qui va dessiner la plupart des pièces qui seront exposées lors de l’Exposition Universelle de 1900. Lors de cette même exposition, leurs stands seront à quelques mètres l’un de l’autre.

Une cinquantaine de pièces issues de collections privées et de quelques institutions permettent de saisir la diversité des créations de la maison et de comprendre comment le génie d’un homme et ses collaborations remarquables avec les grands noms de l’époque (Grasset, Tourette, Gautrait, Rouzet ou encore Chadel) ont mené une petite bijouterie messine à son plus haut niveau.

Le tournant du XXe siècle reste la période de gloire de l’entreprise Vever qui, après la guerre de 1914 peine à s’adapter aux nouveaux courants artistiques. Durant l’Exposition universelle de 1925, Vever ne gagne pas de prix. Le déclin est en marche, la maison ferme ses portes en 1982. Elle renaitra quarante ans plus tard grâce à Camille et Damien Vever, descendants de Paul, le frère de Henri Vever.

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Étui à Cigarettes en or et émail. Collection privée.

A bientôt !

À propos

marie chabrol

Bonjour, je m’appelle Marie. Conférencière, consultante & formatrice, j’écris avec passion sur l’univers de la joaillerie.

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Voici ma bibliothèque idéale. Tous ces livres font partis de ma propre bibliothèque et je les relis toujours avec un immense plaisir.