Il y a quelques jours, alors qu’il faisait un froid glacial à Paris, j’ai passé la soirée en Italie. Pour cela, nul besoin de prendre l’avion. Il m’a suffit de sauter dans un métro et de me rendre à la Galerie Elsa Vanier, située rue de l’Odéon dans le 6e arrondissement, pour aller rencontrer Caterina Murino qui m’avait accordé un rendez-vous à l’occasion de l’ouverture de la deuxième exposition de sa nouvelle collection de bijoux car je n’avais pu être présente lors du vernissage et je l’avais manqué en janvier à la Galerie Charrandeau.
Et durant environ 1 heure 30, j’ai quitté le ciel gris pour rejoindre le soleil, la Méditerranée et cette chaleur italienne qui fait le charme et l’attrait de ce joli pays ! Et, il faut bien le reconnaitre, cette rencontre fut riche, agréable et surtout j’ai eu le plaisir de pouvoir m’entretenir longuement avec une personne aux multiples facettes.
Collection Notte de Anime en or jaune et saphirs bruts du Sri Lanka. Photo : Caterina Murino Jewelry
Caterina est actrice. Mais avant cela, Caterina est née et a grandi en Sardaigne. « Son île » comme elle aime à la décrire est un lieu important dans sa vie quotidienne même si sa carrière la porte souvent loin de celle-ci puisqu’elle vit aujourd’hui entre Paris et le monde entier. Née à Cagliari, elle quitte la Sardaigne pour rejoindre Rome où elle prends des cours de théâtre avant de débuter à la télévision italienne au tout début des années 2000. Le grand public la découvre dans « L’enquête Corse » d’Alain Berberian en 2004 et les rôles s’enchainent à partir de cette période. En 2006, elle devient la James Bond Girl du film « Casino Royale » et se laisse bien volontiers séduire par Daniel Craig qui joue alors un James Bond particulièrement charismatique et charmeur. Mais au-delà de ce rôle qui va la faire connaitre, elle a tourné avec Alexandre Arcady, John Irvin, Jack Huston et sera prochainement à l’affiche du prochain film de l’excellent Julien Boisselier.
Ceinture en argent et corail rouge de Sardaigne. Photo : Caterina Murino Jewellery
La joaillerie est aussi une histoire d’image pour celle qui fut l’un des plus beaux visages de la maison Chaumet mais qui a aussi représenté De Grisogono ou Mauboussin. Mais les bijoux font aussi partis de l’histoire de sa famille et de sa culture Sarde. Quand je suis arrivée à la galerie, j’ai d’abord remarqué des pièces en corail. Et c’est sur cela que nous avons commencé à discuter. Il y a plusieurs années, j’ai étudié le corail dans le cadre de mes études de gemmologie et je me suis penchée sur le cas des pêcheries Corses, Sardes et plus largement Méditerranéennes car l’histoire des liens entre ces cultures et cette ressource est passionnante !
Le Fede Sarda selon Caterina Murino, ici en or jaune. Photo : Caterina Murino Jewellery
En Sardaigne, la joaillerie n’a rien à voir avec la haute joaillerie que l’on connait habituellement. Mais cela est aussi du à l’histoire de l’île et aux peuplements successifs par les cultures nuragiques puis phéniciennes pour plus tard passer complètement sous domination carthaginoise. De cette Histoire, on retiendra surtout que l’île a été profondément marqué artistiquement et culturellement par cette présence. Et le filigrane sarde en est le parfait exemple : des bijoux discrets, remarquablement exécutés par des artisans spécialisés et réalisés en or ou en argent. La technique associe des fils de métal (filo ou filum en latin) et des petits grains de métal (granum = graines ou granules). Elle provient des Etrusques (vous connaissez forcément la granulation !), fut transmise aux peuples arabes dont les Phéniciens qui vont envahir puis marquer de leur empreinte cette petite île stratégique de la mer Méditerranée. S’il y a 20 ans, les artisans dépositaires de ce savoir-faire étaient plusieurs centaines, ils sont aujourd’hui moins d’une dizaine à fabriquer eux-mêmes et sur place ces bijoux traditionnels dont le plus emblématiques reste le Fede Sarda, l’anneau sarde qui se transmet de mère en fille dans les familles lors de grands événements comme un mariage ou une naissance.
Bagues en or gris, diamants et saphirs étoilés naturels et non traités en provenance du Sri Lanka. Photo : Marie Chabrol
C’est donc là, dans ce patrimoine historique que Caterina est allée chercher son inspiration mais aussi les bijoutiers qui ont réalisés ses croquis. Elle revisite le Fede Sarda en le transformant aussi en collier et en boucles d’oreilles redonnant du pep’s à des bijoux traditionnels que l’on avait oublié. Elle décline les pièces en or jaune mais aussi en or gris. Ses voyages lui ont permis de ramener de très beaux saphirs bruts et étoilés du Sri Lanka, elle les associe à des montures aériennes et légères. Le fil d’or se torsade autour des gemmes, apportant une brillance aux pierres laissées volontairement dans leurs formes initiales ; les saphirs étoilés accompagnant des bagues en or et diamants, rappelant la jolie légende du nom Sarde – S’ard dans l’ancienne langue – qui signifierait danseur sous les étoiles. Le corail est ici revisité en ceinture et collier, les pièces se complètent de plaques en argent gravées en hommage aux Bronzetti Sardi ; des statuettes en bronze de l’époque Nuragique dont la plus importante collection de l’île se trouve au musée de Cagliari, la ville natale de Caterina Murino.
Bague Fili di Vento en or jaune. Photo : Caterina Murino Jewellery
Enfin, les bagues Fili di Vento, en or jaune et blanc (fabriquée en Sardaigne), sont vendues au profit de l’AMREF, la 1ere ONG Africaine de santé publique dont l’actrice est ambassadrice depuis 2006. Elle est à ce titre l’une des porte-paroles de la campagne Stand Up for African Mother qui vise à former 15,000 sage-femmes d’ici fin 2018 pour lutter contre la mortalité maternelle et infantile en Afrique. Un beau projet à soutenir !
Détail d’une plaque en argent dont le motif représente des Bronzetti Sardi. Photo : Marie Chabrol
Vous pouvez découvrir les collections et l’engagement de Caterina à la Galerie Elsa Vanier jusqu’au 30 décembre 2017. C’est à voir !
À bientôt !