Le Musée des Arts Appliqués et Sciences de Sydney propose depuis septembre 2014 une exposition sur l’histoire de la joaillerie. C’est pour ce musée, l’une de ses plus ambitieuses expositions, avec plus de 700 pièces présentées au public. Et donc, un événement dont il me semblait intéressant de faire écho sur le site. Cette exposition se tient donc au Powerhouse Museum de la ville.
Collier porté par Nicole Kidman, dans le film de Baz Luhrman « Moulin Rouge ». Le collier fut conçu par Stefano Canturi, il est en platine et diamants (plus de 1300 pierres). C’est la pièce la plus chère produite pour la réalisation d’un film. Il a été vendu aux enchères chez Christie’s en 2001. Photo : Powerhouse Museum
Femmes Masaïs portant des parures traditionnelles en perles de verre. Photo : Powerhouse Museum
Une bijoutière travaillant à l’établi. Photo : Powerhouse Museum
Les bijoux reflètent nos gouts, nos désirs, mais ils témoignent aussi de nos amours, de nos deuils et même de nos peurs, se portant tels des talismans. Ainsi, le musée vous présentera des pièces extrêmement précieuses comme une broche diamants portée par Cate Blanchett pour les Oscars ou des pièces de deuil qui racontent l’histoire intime des familles.
The Lady Grandville Parure, collier en or et scarabées naturels Lamprocyphus augustus. Phillips, Londres, vers 1884-1885.
L’utilisation d’insectes, et plus particulièrement de scarabées provenant d’Amérique Latine reflète bien l’intérêt de l’Europe du XIXe siècle pour la faune et la flore exotique. Présentant des couleurs vives et une iridescente naturelle, ces animaux remplacent les gemme sur nombres de parures dans les années 1880. Cet ensemble a appartenu à Castila Rosalind, épouse de Lord Granville, Ministre des affaires étrangères d’Angleterre. Les scarabées qui le composent ont été offerts par l’ambassadeur du Portugal pour célébrer la signature du traité de la Conférence de Berlin en 1884. Collection: Hawkins Family Collection. Photo: Geoff Friend
Réinterprétation d’un bracelet indonésien du milieu du XVIe siècle. Argent doré, cuivre, bois, plastique, Robert Baines, Melbourne, 2004-2005. Collection: Powerhouse Museum, Acquis sur les fonds du legs de Yasuko Myer en 2011. Photo: Geoff Friend.
Bague Maison par Katheryn Leopoldseder, joaillière australienne. Photo : Katheryn Leopoldseder
Ainsi les pièces exposées vont de l’Egypte ancienne à des bijoux de créateurs contemporains. L’idée de présenter un large panorama de bijoux est séduisante et la sélection du musée plutôt pointue. Le public pourra ainsi naviguer entre plusieurs thématiques :
- Croyance et Magie : le bijou comme talisman pour contrer le mauvais sort ou le mauvais œil, se protéger de maladie et de la mauvaise fortune, mais aussi témoigner de croyances religieuses.
- L’Amour et la Mort : le bijou comme témoin d’un amour naissant, de fiançailles ou de mariage. Mais aussi comme témoin de la perte d’un être cher et marqueur du deuil.
- Nature et Culture : la nature comme source d’inspiration mais aussi comme pourvoyeuse d’éléments constituant le bijou : bois, pierres, plumes, coquillages, coraux… Tant d’éléments qui peuvent être utilisés pour enrichir des parures.
- Renouveau stylistique : les époques anciennes, la redécouverte de l’antiquité à partir du XVIIIe siècle, et l’utilisation des motifs de civilisations disparues dans la création de bijoux. On pense entre autres aux pièces revisitant l’Égypte ancienne ou la Grèce antique.
- L’or : la découverte de mines d’or en Australie dans les années 1850 a profondément bouleversé la création joaillière de ce pays. Mais elle a aussi favorisé l’arrivée de nombreux immigrants. Le musée se propose de vous emmener à la découverte de la création australienne et pose une question : quel est le style australien ?
- Statut social et Fortune : la joaillerie a longtemps été réservée à l’élite. Et donc à des des familles fortunées. Certains matériaux ont plus de valeur en fonction des territoires : le jade en Asie, les diamants en Europe ou aux États-Unis… Les bijoux comme marqueurs sociaux.
- L’Homme et la Parure : les hommes ont eu (et ont encore) une place prépondérante dans les sociétés. Comment s’affirment-ils ? Princes, rois, chefs de tribus, ils ont tous porté des éléments de parure les distinguant de leurs sujets.
- La Modernité et le Changement : Le XXe siècle souffle un vent nouveau sur la joaillerie, avec l’arrivée de nouveaux matériaux issus de la révolution industrielle. Il est intéressant de voir et de comprendre comment la tradition s’acclimate aux choses nouvelles. On pense alors Art nouveau, Art déco et mouvement psychédélique des années 60 et 70.
- La Création Contemporaine : ces quarante dernières années ont vu beaucoup de changement au sein des studios de créations. Cette partie de l’exposition présente plusieurs créateurs de notre époque actuelle.
Bracelet, acrylique, polyester, polyuréthane, Peter Chang, Glasgow, Écosse, 2004.
Collection: Powerhouse Museum, acquis en 2005. Photo: Geoff Friend.
Tiare, corne blonde et pierres de lune, F. J. Partridge pour Liberty & Co, Angleterre, circa 1900. Collection: Hawkins Family Collection Photo: Geoff Friend.
Cette exposition ne serait pas possible sans le concours de nombreux partenaires publics et privés. Citons ainsi : la National Gallery of Australia, the Art Galleries of NSW, Victoria, South Australia and Western Australia, la Gallery of Modern Art (GOMA), ou encore le Museum of Old and New Art (MONA).
Collier Tournesol en aluminium traité, Yuri Kawanabe, Sydney, 1994.
Collection: Powerhouse Museum, acquis sur les fonds du legs de Yasuko Myer, 1994. Photo: Sue Stafford.
Collier en quartz et verre. Photo : Powerhouse Museum
Boucle de ceinture en argent émaillé, elle représente des fleurs sauvages australiennes. Deakin et Francis, Birmingham, Angleterre, 1909-1910.
Collection: Powerhouse Museum, acquis en 1910, Photo: Geoff Friend.
Eva Czernis-Ryl, conservatrice de l’exposition, a ainsi déclaré : « Tout le monde a un lien avec la joaillerie, quelle que soit l’époque ou la culture. Ce sont des objets intimes qui enchantent, surprennent et stimulent l’imagination. »
L’exposition est visible jusqu’en septembre 2015, à Sydney. Si d’aventure, vous vous rendez en Australie, un détour s’impose par le Powerhouse Museum.
À bientôt !