Rencontre avec la maison Paul Wild

Mai 21, 2016

Dans le domaine des gemmes, les maisons qui se positionnent sur du très haut de gamme ne sont pas légion. Et celles qui sont à la fois capables de fournir un panel allant de la pierre de pavage au centre d’exception en passant par les calibrés, les tailles spéciales et pierres sculptées ou gravées le sont encore moins.

Dans ce créneau les maisons allemandes sont clairement à la pointe et nous avons donc eu envie de nous intéresser et de vous présenter une des entreprises les plus connues dans ce domaine : la maison Paul Wild basée à Kirschweiler à quelques kilomètres de Idar-Oberstein, la ville historiquement célèbre pour ses tailleries d’agates.

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Opale d’Ethiopie de 8,62 cts. Photo : ©Le Gemmologue

Cela fait quelques années que nous connaissons cette entreprise mais nous avions eu l’occasion d’échanger plus en détail avec l’équipe de la maison en 2015 lors du salon BaselWorld. Plus tard, quelques heures passées à découvrir une partie du stock et il ne nous en fallait pas plus pour avoir envie de vous proposer de vous immerger plus en détail dans son histoire et de comprendre son positionnement.

Aigue-marine Santa-Maria de 20,49 cts. Photo : ©Le Gemmologue

Les Wild sont historiquement impliqués dans le commerce et la taille des gemmes depuis la fin du XVe siècle mais c’est en 1927 que tout bascule avec Paul Wild qui créera la même année la société que nous connaissons aujourd’hui. Très rapidement la maison acquiert une reconnaissance dans la taille des pierres de couleur.

Mais il faut attendre 1977 pour que la stratégie en interne évolue avec l’arrivée de Hans-Werner Wild. A partir de cette époque, la maison oriente son positionnement sur un contrôle strict de sa matière brute et elle va ainsi acquérir des mines en Afrique dans les années 70 puis au Brésil dans les années 80. En décidant de gérer la quasi totalité de sa ligne de production jusqu’à la commercialisation, l’entreprise Paul Wild va ainsi acquérir une présence de plus en plus forte sur le marché des gemmes de couleur.

C’est en 1995 que la société frappe un grand coup avec les tourmalines de la mine Paraiba au Brésil. Mais il faut aussi compter avec les autres lieux de production, au Mozambique ou en Namibie par exemple, qui fournissent des béryls, des corindons où encore des démantoides… A cela s’ajoute le titre de Sightholder sur la mine TanzaniteOne (Tanzanie) pour la sélection et l’achat de bruts permettant ainsi à la maison de pouvoir proposer ces pierres à sa clientèle. Aujourd’hui la maison emploie 300 personnes dans le monde entre les bureaux, les tailleries et les mines.

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Béryls jaunes en provenance du Brésil, taille baroque pour 33,56 cts. Photo : ©Le Gemmologue

PW Moc.Turm.Paraiba SET Baroque 667,31 ct

Ensemble de tourmalines Paraiba pour 667,31 cts. Photo : Paul Wild

A partir de 1984, la maison décide de s’exposer et elle choisira le salon aujourd’hui connu sur le nom de BaselWorld. Premier salon international dédié à la joaillerie, l’horlogerie et les matières premières, c’est une vitrine incontournable pour notre métier. Mais la Suisse ne fait pas tout. Paul Wild est ainsi présent dans les grands salons dédiés aux gemmes : Hong Kong, Pékin, Shanghai et bien entendu Idar-Oberstein avec Intergem. Ajoutons à cela des partenaires de distribution dans la plupart des grandes villes avec une industrie joaillière bien implantée telles que Hong Kong, Pékin (le bureau ouvre en 2012), Taiwan, Bangkok, New-York et Paris…

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Kunzite taille navette de 12,86 cts. Photo : ©Le Gemmologue

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Tourmaline de type Paraiba en provenance du Mozambique, taille baroque de 11,32 cts. Photo : ©Le Gemmologue

En 2016, et ainsi depuis plus de trois générations, la maison est toujours gérée par la même famille. En 1992, Markus Wild – petit-fils du fondateur – intègre l’entreprise. Il en est aujourd’hui le PDG. Il se forme au métier auprès de son père qu’il accompagne depuis son enfance sur les mines. Dans la continuité de ce qui fait le succès de la maison, il considère à juste titre que contrôler la production des bruts est une obligation pour apporter toutes les garanties au client final. Ce point est d’autant plus important aujourd’hui dans le climat de sur certification qui règne et qui impose aux négociants de pouvoir apporter toutes les informations relatives aux gemmes, de l’extraction à la vente en passant par les traitements pouvant être appliqués aux pierres. En effet, dans le domaine de la gemme exceptionnelle, il n’est plus rare de voir des pierres avec deux, trois voir quatre certificats…

Spinelle de Tanzanie de 8,54 cts. Photo : ©Le Gemmologue

Avec ce statut de grossiste, la maison fournit donc uniquement des professionnels de notre secteur : grandes maisons de la Place Vendôme ou Internationales, joailliers créateurs indépendants mais aussi les petites bijouteries de quartier. Avec un choix et un stock particulièrement étendu, Paul Wild peut donc proposer des pierres dans toutes les gammes de prix. Gemmes de petites tailles ou pierres de centre uniques, elle est ainsi à même de proposer des pierres calibrées ou au contraire des pierres sur mesures.

Si elle possède un atelier de taille en Thaïlande à Bangkok depuis 1990, c’est en Allemagne que sont taillées les pierres les plus importantes où la maison à su s’entourer depuis maintenant très longtemps d’une équipe de lapidaires expérimentés. De plus, un département interne R&D imagine et propose de nouvelles approches sur la taille. Une collaboration technique avec le Frauhofer Institute a ainsi permis la naissance en 2009 d’une machine de taille automatique permettant de proposer des motifs d’une grande précision tout en optimisant le brut d’origine. En 2015, nous avions découvert les free forms ou tailles baroques qui permettent de donner une autre dimension à une pierre. C’est une excellente alternative à la taille cabochon mais aussi une parfaite manière d’optimiser un brut et de perdre moins de matière.

Taille d’une tourmaline dans les ateliers allemands de la maison. Photo : ©Paul Wild

Composition d’un set. Photo : ©Paul Wild

Une structure d’une telle importance se doit d’être très organisée. Les commandes partent toutes d’Allemagne où le siège social de la maison est installé. A partir de là, les différentes filiales se coordonnent afin de répondre aux demandes. C’est aussi ici que se fait toute la gestion du stock : du sourcing à la mise en vente. Markus Wild est ainsi en déplacement constant entre le Brésil, les États-Unis, l’Afrique, les pays d’Europe ou l’Asie ; sur les mines, les salons et les différents bureaux. Il faut en effet maintenir un contact régulier avec les différentes entités afin de pouvoir s’adapter le plus vite possible au marché. Lequel évolue parfois de manière inattendue mais sur lequel la maison Paul Wild n’entend pas perdre sa place parmi les leaders du secteur. Il faut ainsi analyser les salons, les ventes, anticiper les demandes clients mais aussi les tendances et surtout pouvoir proposer constamment des nouveautés.

Tourmaline verte en provenance de Namibie pour 27,54 cts. Photo : ©Le Gemmologue

C’est dans cette optique que nous avons souhaité les interroger sur le dernier salon de Bâle qui a fermé ses portes il y a quelques semaines faisant état de moins d’acheteurs qu’en 2015. Aussi, les rubis, émeraudes et saphirs restent en tête des demandes mais les autres gemmes ne déméritent pas. Néanmoins, il faut pouvoir proposer des pièces à forte valeur ajoutée pour séduire les clients.

Les pierres roses telles que les tourmalines et les morganites ont été très achetées. Mais le bleu n’est pas en reste avec les tourmalines Paraiba ou de type Paraiba dont les prix ne baissent pas. Les couleurs dites néons trustent de manières significatives le marché. S’ajoutent bien sur les spinelles ou les grenats. D’ailleurs, la maison proposait cette année des grenats tsavorites d’une nouvelle poche africaine présentant une couleur d’une grande luminosité et qui ont eu un beau succès.

C’est dans cette idée que les maisons qui proposent des sets ne voient pas de baisses significatives des ventes. En les proposant depuis les années 80, Paul Wild était clairement innovant à l’époque. Si aujourd’hui, les boites de ce type sont communes sur les espaces de ventes, il faut toujours pouvoir proposer des appairages parfaits en couleur, qualité et présentant des certifications reconnues. Ainsi que nous l’explique l’entreprise, c’est au prix d’une grande adaptabilité et d’une transparence impeccable sur les origines ou les traitements que les retours clients positifs s’obtiennent garantissant ainsi une continuité des maisons

Tourmaline Paraiba en provenance du Brésil pour 4,29 cts. Photo : ©Le Gemmologue

 À bientôt !

À propos

marie chabrol

Bonjour, je m’appelle Marie. Conférencière, consultante & formatrice, j’écris avec passion sur l’univers de la joaillerie.

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