Je suis très heureuse de pouvoir enfin vous parler de la collection Isola Madre imaginée par Laure-Isabelle Mellerio pour la maison éponyme et présentée en juillet 2017. Un nouvel opus qui m’a beaucoup touchée pour beaucoup de raisons.
Le dernier jour de la semaine de la haute couture et de la joaillerie, j’avais rendez-vous rue de la paix dans la boutique de la maison où les présentations sont maintenant le plus souvent organisées dans le musée privé qui se situe au sous-sol et que je ne peux que vous inviter à demander à découvrir tant les pièces conservées sont vraiment belles. J’aime plus particulièrement me rendre à cette adresse car les présentations y sont à taille humaine et intimistes à l’image de la maison.
En juillet, toutes les pièces n’étaient pas prêtes, car c’est aussi le jeu quand la joaillerie est faite à l’ancienne et à la main. Nous avions donc découvert certaines pièces mais aussi des croquis en attendant la livraison. Le mois d’aout est passé et les congés annuels des ateliers aussi, j’ai donc reçu il y a peu les visuels et surtout je suis allée admirer les pièces manquantes lors de la semaine de la mode de septembre. Et je n’ai pas été déçue !
Pour cette collection, la maison nous emmène en Italie à quelques kilomètres de Craveggia, le village d’origine de la famille Mellerio, plus précisément sur le Lac Majeur que vous connaissez peut-être comme l’un des plus beaux lieux de l’Italie du Nord. Vous ne le savez peut-être pas mais il y a sur ce lac, trois îles dont deux appartiennent encore à une très ancienne famille aristocratique italienne : les Borromeo que l’on traduit en français par Borromée.
Cette famille de riches banquiers milanais a acquis au cours du XVIe siècle Isola Madre qui est très prisée pour la qualité et la luxuriance de ses jardins (la « faute » à un microclimat exceptionnel qui a permis à la famille d’introduire et de préserver des espèces botaniques parfois capricieuses : magnolias géants, forêts de rhododendrons, azalées, bougainvilliers, ginkgos, camphriers, nymphéas, palmiers, iris d’eau…), mais aussi Isola Bella qui a vu la construction d’un palais qui avait pour objectif – à la Renaissance – de montrer leur pouvoir financier et aussi politique. Ici aussi, on retrouve de magnifiques jardins. Enfin Isola Pescatori abrite un village de pécheurs et demeure une île, certes plus simple que ses deux voisines, mais tout aussi hors du temps.
Ces trois lieux vont donner naissance à des collections de joaillerie et juillet 2017 nous a permit de découvrir Isola Madre, l’île aux jardins que la maison a su rendre parfaitement dans des créations très colorées présentant une grande finesse de réalisation et beaucoup de raffinement. L’émail fait son grand retour dans les pièces et s’accompagne de diamants, de tourmalines, de grenats spessartites et tsavorites mais aussi de saphirs de couleur. La maison a fait appel aux savoir-faire d’excellents lapidaires pour réaliser la taille des calcédoines bleues dans lesquelles s’incrustent des motifs en or sertis mais aussi à un atelier d’émaillage parisien qui a su rendre à la perfection la brillance des feuilles représentées sur la collection Foglio. Je vous propose donc de découvrir cet opus que j’ai trouvé très réussi et, personnellement, j’ai déjà hâte de voir la suite.
Bague Giardino, tourmaline bleu-vert (2,24 cts), saphirs roses (0,57 ct), grenats spessartites (0,79 ct), tsavorites (1,18 ct), diamants (1,79 ct), émail guilloché vert, or rose. Photo : Mellerio
Enfin, dernière petite note historique, j’ai demandé à la maison si la famille Borromée avait été cliente des Mellerio. Et effectivement, j’ai eu le plaisir de découvrir leurs pages dans les archives. Celle que je vous propose de découvrir vous emmène en 1850 et 1851 avec les commandes du Comte de Borromée. Dans cette maison, l’histoire rejoint le présent et c’est toujours une bonne chose.
Bague Foglio, tsavorites (0,36 ct), diamants (1,67 ct), émail guilloché vert, or rose. Photo : Mellerio
Bague Lago, calcédoine, rubis ovale birman non chauffé (1,38 ct), tsavorites, diamants, or rose. Photo : Mellerio
Boucles d’oreilles Foglio, tsavorites (0,53 ct), diamants (3,89 cts), émail guilloché vert, or rose. Photo : Mellerio
Boucles d’oreilles Giardino, tourmalines bleu-vert (2,66 cts – 2,79 cts), saphirs roses (5,29 cts), grenats spessartites (1,39 ct), tsavorites (2,82 cts), diamants (0,82 ct), émail vert, or rose. Photo : Mellerio
La page des archives de la maison Mellerio avec les commandes du Comte de Borromée. Photo : Mellerio
À bientôt !