Le Grand Tour de Van Cleef & Arpels

Juillet 2023. Franchir la lourde porte qui me sépare d’une bruyante rue parisienne pour aller admirer la dernière collection de haute joaillerie de la maison Van Cleef & Arpels ne peut signifier qu’une chose : l’émerveillement. Quelques minutes plus tard, alors que les pièces se dévoilent, aucun doute n’est permis, la maison de joaillerie vient de signer une collection magnifique où les grandes cités d’Europe sont devenues des prodiges joailliers. Le Grand Tour de Van Cleef & Arpels n’est plus que diamants, pierres multicolores et fleurs épanouies sur des parures aux multiples portés.

1- Le Grand Tour, un voyage initiatique

On a coutume de situer la « naissance » du Grand Tour en Angleterre au XVIe siècle. Mais, en réalité, il faut chercher bien plus loin les traces historiques de ce grand voyage initiatique. Le Moyen âge, avec la réforme grégorienne, se dote dès le XIe siècle d’écoles monastiques et cathédrales qui vont progressivement donner corps aux grandes universités européennes. Ainsi la Schola Medica Salernitana voit le jour dès le Xe siècle, l’Université de Bologne née en 1088 et Oxford est créée en 1116.

Réservées au clergé (dont de nombreux membres sont issus de la noblesse), ces écoles s’inscrivent dans un contexte politique de relative stabilité en Europe qui ouvre la voie à une mobilité géographique revendiquée voyant s’instaurer la pratique d’un tour académique aussi dénommé peregrinatio academica qui consiste à aller se former dans d’autres universités pour enrichir sa culture. Cette notion vous évoquera forcément le programme actuel Erasmus (création en 1987) qui rappellera des souvenirs à nombres d’entre vous. Mais l’abandon du latin signe progressivement la fin de cette pratique médiévale.

Retour au XVIe siècle où ce système de voyage réapparait. Réservé à la jeunesse aristocratique, ce tour des grandes villes d’Europe sur deux à trois ans devient une étape obligatoire de leur formation avant de faire leur entrée dans le monde. Sa vocation : enrichir sa culture générale, parfaire son éducation politique, développer sa connaissance des langues étrangères et son éducation sexuelle. Mais il ne faut pas oublier son but ultime avec une fonction sociale indiscutable. En accomplissant ce voyage, les jeunes hommes se créaient des souvenirs communs et affirmaient leur position financière. En allant visiter ce qui devait être vu, le voyage participait à renforcer les liens sociaux entre les familles. Retour en 2023 où il n’y avait rien de mieux qu’une école pour présenter cette nouvelle collection !

2- Londres, Paris, Baden-Baden, Venise, Rome… et ce, dans l’ordre qui te plait

Si originellement, le voyage ne répond pas à un itinéraire précis, dans la version normalisée par les anglais, on se doit forcément de partir de Londres et de gagner la France. Ensuite, les Alpes, les paysages marquants du Bade-Wurtemberg et de la Suisse, puis l’Italie, ses ruines antiques, ses peintures, sa douceur de vivre…

Chez Van Cleef & Arpels, le Grand Tour c’est presque 70 pièces qui mettent en scène les grandes étapes de ce voyage. Il faut admirer les faïences qui font la réputation de Londres et se rendre à Chatsworth House, surnommé le Versailles anglais, la somptueuse résidence des Ducs de Devonshire. La France offre son héritage du Roi Soleil, son effervescence, ses jardins à la française dont il faut aller chercher les influences en Italie.

Mais pour ça, il faut traverser les Alpes, s’arrêter en Suisse, admirer les lacs et les montagnes, se perdre dans cette nature sauvage puis appréhender les edelweiss, cette fleur un peu mystérieuse qui ne se laisse pas capturer aisément. Enfin, c’est Venise, Rome, Naples ou encore Florence, les cris des gondoliers, les vestiges antiques au détour de chaque rue, les ateliers des peintres et les grands noms de la peinture tel Botticelli.

L’Italie est le chapitre majeur de cette nouvelle collection. Elle infuse dans chaque bracelet, chaque collier. Ici la Piazza Divina de Rome, là les inspirations étrusques, ailleurs la place Saint-Marc… Mais la nature est également convoquée. Inspiration éternelle des joailliers, elle se réinvente constamment et donne naissance ici, à des broches aux feuillages touffus mais aussi à une traduction joaillière des arbres du jardin de l’abbaye de Lichtenthal. Certainement mes pièces préférées dans ce nouvel opus.

Les pierres sont fabuleuses et témoignent des liens privilégiés qui unissent la maison avec les fournisseurs les plus qualitatifs. Quant au soin apporté à la sélection des matières premières, il est indissociable des nombreux savoir-faire qui fixent toujours plus haut la maison Van Cleef & Arpels dans les constellations joaillières.

A bientôt !