Il m’aura fallu attendre presque cinq ans pour rencontrer enfin Gabriel Leibacher. Ma première « rencontre » avec ce jeune joaillier prometteur remonte à une visite à la Galerie Matières d’Art dont je vous parle assez régulièrement car elle expose plusieurs joailliers et designers que j’apprécie à l’image de Marc Alexandre, Julie Robrolle, Karen Gay, Anne Emptas ou encore Akiko Minami. Parmi les pièces qui avaient attiré mon attention se trouvaient des stylos en bois précieux dont certains étaient sertis d’une opale… Gabriel n’étant pas à l’époque à Paris, mais en Alsace, nous n’avions jamais réussi à nous voir. Les choses ont depuis changé et j’ai eu le plaisir de l’interviewer longuement à l’occasion de l’événement Le Carré Joaillier où il exposait quelques pièces de sa création avec celui qui l’a accepté au sein de son atelier : Marc Alexandre.
Gabriel Leibacher. Photo : ©MarieChabrol
Pendentif en or jaune, diamants et opale. Photo : ©MarieChabrol
La rencontre de Gabriel avec la joaillerie remonte à une petite quinzaine d’année. Mais celle avec l’artisanat remonte à son enfance. Franco-Suisse, né à Lausanne, il est issu d’une famille de luthiers et son père exerce cette profession à Colmar en Alsace. La musique, naturellement, fait aussi partie de son environnement, il étudiera donc le violoncelle jusqu’à son baccalauréat littéraire. Si la lutherie n’a jamais été le métier qu’il souhaitait exercer, c’est grâce à elle qu’il rencontre la bijouterie. Depuis qu’il est enfant, il passe du temps dans l’atelier de son père et commence à bricoler avec des éléments qu’il est nécessaire de changer sur des instruments et des archers. C’est de cette manière qu’il commence à fabriquer de manière autodidacte et empirique ses premiers bijoux, principalement avec des chutes en ébène.
Pendentif en argent, pierre de lave et diamants. Photo : ©MarieChabrol
Boucles d’oreilles en or jaune et diamants. Photo : ©MarieChabrol
A l’heure de choisir sa formation, il intègre l’AFEDAP à Paris où il obtiendra un CAP Art du Bijou et du Joyau puis une Mention Complémentaire en joaillerie. Ce choix est guidé par un échange avec le joaillier contemporain Christophe Burger qui l’incite à poursuivre dans cette voie qui lui plait. Ce n’est pourtant pas vers la joaillerie pure qu’il se tourne à l’heure de faire ses premiers pas professionnels. Une rencontre avec le designer textile et créateur de bijoux Tzuri Gueta le convint d’intégrer cette maison où il restera plus de trois ans comme chef de produit. Il découvre alors un univers où les tissus et le silicone sont les matières principales. Parfait pour faire fonctionner son imagination !
Bague en argent et météorite. Photo : ©MarieChabrol
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« Le personnage et l’atelier m’ont plu. C’était complètement nouveau et très excitant. »
Gabriel Leibacher
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Pendentif en or jaune, diamants et opales noires d’Australie. Photo : ©MarieChabrol
Après cette expérience, vient le temps du retour dans l’Est dans la France. Quelques mois dans la banlieue de Strasbourg puis le départ pour un long voyage qui durera plus d’un an. D’abord l’Australie où il rejoint sa sœur, la découverte de Sydney puis de Brisbane. Là, il rencontre des collectifs d’artistes bijoutiers et joailliers puis il fait la connaissance du designer Thierry Martin alors en cheville avec la maison Fairfax & Roberts. Il envisage un temps de trouver un poste en Australie mais l’opportunité de découvrir la Nouvelle Zélande lui fait reporter cette idée. Il y restera une dizaine de mois a découvrir ce pays riche de paysages incroyables qui ont inspiré les plus grands réalisateurs. Quand vient l’heure de penser à son retour, il ne choisit pas la facilité et décide de continuer en passant par le Japon, la Russie, la Chine puis la Mongolie. Son étape finale sera le Népal d’où il repart en 2012 pour rentrer en Alsace.
Pendentif en or jaune, diamant et opale matrix d’Australie. Photo : ©MarieChabrol
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» Ce voyage fut riche en rencontres et en expérimentations. Je peux presque le qualifier d’initiatique. Il m’a permis d’envisager les choses sous d’autres angles »
Gabriel Leibacher
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Bague en argent, diamant et ébène. Photo : ©MarieChabrol
Après de nombreux mois sans pratique de la bijouterie, il décide de retrouver le contact avec ses outils et de reprendre une formation. Il intègre alors l’Atelier d’Emeraude, créé par Daniel Koch et aujourd’hui repris par Sandrine Eber, que vous connaissez certainement si vous avez eu l’occasion de vous rendre à Sainte-Marie-aux-Mines. Puis il fonde son atelier et fabrique sa première collection en argent et ébène en réutilisant des éléments issus de claviers. Puis il commence à intégrer de l’or, des diamants et des opales. En 2013, il fait la connaissance de Marc Alexandre et le courant passe parfaitement avec une idée, celle de former une personne pour le seconder dans l’atelier du 9e arrondissement de Paris. C’est ainsi que Gabriel décide, après de nombreux voyages entre l’Alsace et la ville lumières de poser définitivement ses valises dans la Capitale française. Aujourd’hui, il travaille donc à Paris, pour l’atelier de Marc mais il continue à créer ses propres bijoux et ses stylos à billes ou à plumes. Lequel sont visibles auprès de la Galerie Matières d’Art dans Le Marais (rue de Franche-Comté, Paris 3). Opales colorées, diamants, jeux de reflets caractérisent sa joaillerie qui se veut sobre et ludique. A l’image de ses dernières nées : les bagues « planète » que l’on peut porter pour toutes les occasions et qui donnent envie de jouer des heures durant avec l’opale centrale…
Bague planète en or rose et opale d’Ethiopie. Photo : ©MarieChabrol
À bientôt !