La nouvelle collection de haute joaillerie de la maison De Beers est un véritable hommage à l’essence même de la maison : le diamant. Avec ces nouvelles pièces, la maison s’inspire de paysages issus de pays importants pour l’extraction de cette précieuse ressource. Les créations s’inspirent donc des couleurs des fonds marins africains, du désert de Namibie, du delta de l’Okavango et de la cordillère arctique. Les pièces sont toutes fidèles à l’esprit De Beers, mélange d’or, de diamants incolores ou de couleurs, taillés ou bruts. La marque avait surpris la presse et ses clients lors de sa présentation de juillet 2017 avec un ensemble de pièces radicalement différentes et tellement enthousiasmantes. Je vous en parlais d’ailleurs ici même.
Le médaillon Motlatse Marvel. Photo: De Beers
Le désert de Namibie. Photo: De Beers
Là encore, la maison utilise les pierres brutes et les marie avec justesse dans des pièces colorées, équilibrées et désirables. Si ces pièces ne sont pas plus spectaculaires que les précédentes, elles témoignent d’un savoir-faire dans la sélection des pierres et d’une envie d’assoir le style De Beers : un certain classicisme mais une élégance intemporelle pour des bijoux qui restent sans que jamais une faute de goût ne s’opère. Un joli tour de force à une époque où la performance joaillière est de mise avec, souvent, des résultats décevants.
Le collier Okavango Grace. Photo: De Beers
Le delta de l’Okavango. Photo: De Beers
Mais, alors, justement, parlons donc des mines qui produisent une grande partie des pierres De Beers. Le sujet du sourcing est important et il est certainement le « hop point » des années qui s’ouvrent devant nous. Jamais le mot traçabilité n’a été autant utilisé ni revendiqué. La De Beers n’est pas parfaite mais elle fait des efforts considérables pour améliorer son approvisionnement. Désormais, toutes les pierres incolores entre 0,2 et 3 carats sont sourcées dans des mines De Beers. Le reste provient d’autres sources, toutes hors conflits, et le groupe a d’ailleurs annoncé vouloir garantir la traçabilité de la totalité de ses pierres pour 2030. Pour peu que l’on veuille chercher des renseignements, on les trouve. Le groupe publie les localisations de ses mines et le régime fiscal/de gestion qui les caractérise ses lieux d’extraction. Au Canada, par exemple, la compagnie exploite le pipe de Gacho Kué et va s’appliquer à fermer puis à revaloriser les sites de Snap Lake et de Victor. En Afrique du Sud, les mines De Beers s’apprêtent à fermer leurs portes : Venetia devrait s’arrêter en 2021 quand Voorspoed, ouverte en 1906, stoppe ses activités dans les mois qui viennent. Je ne peux que vous inviter à lire et à explorer le site du groupe car vous y trouverez de très nombreuses informations. Posez aussi des questions! Oui, l’industrie du diamant à un travail fou devant elle pour s’améliorer mais des actions existent déjà. Et les saluer est nécessaire. Bien entendu, je regarderai du coté de ces réhabilitations pour savoir si les annonces correspondent à la réalité.
Le pendentif Okavango Grace. Photo: De Beers
La bague Okavango Grace. Photo: De Beers
La bague Landers Radiance. Photo: De Beers
Concernant la nature, nul doute que l’extraction diamantifère, comme celle de toutes les matières premières, pose de très gros problèmes. Les dommages environnementaux et sur les populations locales sont importants et largement visibles. Quand à la remise en état et à la réhabilitation des sites, elles est parfois inexistantes et le fut pendant de longues années. Autre dommage et non des moindres, la localisation d’un éventuel site minier demande parfois à devoir bouger des populations, des villages ou des troupeaux, parfois importants. Ce type de chose se fait désormais de moins en moins mais ce type de pratique a existé et continue encore de perdurer. Alors que la nouvelle collection rend un bel hommage à cette nature qui peut se voir abimer par l’industrie minière, comment De Beers s’implique-t’elle sur ce point précis? En 2010, le groupe inaugure en Afrique du Sud, The Diamond Route, un espace de 250000 hectares qui développe tourisme et conservation écologique. Ce site s’étend de l’extrême ouest du pays sur le site de la côte diamantifère du Namaqualand à côté du parc national de Namaqualand, se déplace vers l’est jusqu’à Kimberley, qui comprend le site du Big Hole de Kimberley, la réserve de Benfontein, la réserve naturelle de Dronfield et la réserve naturelle de Rooipoort, et jusqu’à la réserve Tswalu Kalahari, puis jusqu’aux jardins de Brenthurst à Johannesburg, et la réserve naturelle d’Ezemvelo près de Pretoria, et enfin jusqu’à la réserve naturelle Venetia Limpopo près de Musina. Pour chaque hectare impacté par l’extraction, le groupe protège six hectares de la prospection minière. La encore, tout n’est pas parfait – la famille Oppenheimer s’est désengagée du projet par exemple – mais cet engagement permet d’envisager une industrie minière moins impactante. En 2018, le groupe a d’ailleurs investi 1,8 millions d’euros pour déplacer 200 éléphants vers le Mozambique. Cette population était trop importante pour le Venetia Limpopo Nature Reserve. Les animaux ont donc été déplacés vers le Zinave National Park in Mozambique qui pouvait les accueillir et les protéger.
La Cordillière Arctique. Photo: De Beers
Les boucles d’oreilles Okavango Grace. Photo: De Beers
Le sujet de la protection de l’environnement, de nos ressources et celui de la traçabilité en général sont des éléments désormais incontournables de notre industrie. Ils sont aussi indissociables du marketing, et du storytelling, qui entoure notre métier. En célébrant cette nature si belle, la maison De Beers fait aussi transparaitre, en filigrane, ses premières actions pour que le secteur joaillier devienne moins impactant. La route est encore très longue, il faudra beaucoup de travail mais également un éveil des consciences des consommateurs. Dans le domaine de l’extraction en lien avec la joaillerie, aucune autre compagnie n’a développé autant d’initiatives. Je trouvais également intéressant de regarder la réalité des chiffres et la quantité/qualité des actions entreprises que l’on pouvait mettre en corrélation avec le propos de cette nouvelle collection dont l’inspiration est résolument la nature et les paysages des régions diamantifères. S’améliorer est désormais une obligation, encourager les actions positives une nécessité mais surtout il faut sensibiliser pour que les consommateurs soient toujours plus renseignés et engagés dans leurs démarches personnelles d’acquisition, qu’elles portent sur de la joaillerie ou, au contraire, sur des pièces uniques et exceptionnelles.
La bague Landers Radiance. Photo: De Beers
A bientôt!