Depuis que je suis gamine, il y a un livre à la couverture verte qui accompagne tous mes déménagements. Il appartient théoriquement à ma maman, mais bon, il a finalement migré parmi mes livres et pour rien au monde je ne lâcherai ni ne prêterai cet ouvrage. Ce livre s’intitule « Les modes d’Erté par Erté » et il a été publié par Flammarion en 1976. C’est peut-être un peu de ça qui a contribué à me faire aimer la joaillerie. Et « Les bijoux de la Castafiore » aussi. On ne se remet jamais vraiment de sa rencontre, enfant, avec Mme Bianca. Si je vous parle de ça, c’est parce que la prochaine vente de la maison parisienne Castor-Hara va disperser les objets ayant appartenu à ce prolifique dessinateur et créateur. Car c’est bien ce qu’était Romain de Tirtoff.
Les modes d’Erté par Erté, Flammarion, 1976
Romain de Tirtoff – plus exactement Roman Petrovitch Tyrtov – est né en 1892 à Saint-Pétersbourg. Il débarque une première fois à Paris en 1907, il a quinze ans, et c’est à cette occasion qu’il embrasse le pseudonyme qui le suivra toute sa vie : Erté. En 1912, il revient de manière définitive dans la capitale et devient « designer ». Sa première commande d’importance est pour Paul Poiret, le couturier à la mode, pour qui il conçoit les décors de son défilé. Sa carrière démarre sur les chapeaux de roues et dès 1915, il décroche la collaboration de sa vie, celle avec le Harper’s Bazar. Elle durera 22 ans. Ses dessins à l’esthétique art déco reconnaissables entre tous sont, dira-t-il, largement inspirés par sa mère dont l’élégance aura marqué son imaginaire. Si sa carrière connaitra quelques revers, il ne perdra jamais complétement l’intérêt du grand public et des rédactions qui vont le faire travailler toute sa vie. En 1990, il quitte définitivement le devant de la scène et repose désormais au cimetière de Boulogne-Billancourt où il habitait.
Lot 73 : pince de noeud de cravate en or, onyx, nacre et diamants, vers 1979. Signé CFA. Edition limitée à 250 exemplaires environ. Epreuve d’artiste (gravée AP). Estimation entre 600 et 800 euros. Photo : Castor-Hara
Le 26 mars, la maison de ventes aux enchères parisienne Castor-Hara mettra en vente une centaine d’objets ayant appartenu à cet artiste. Parmi ceux-ci, des dessins bien sûr, mais également quelques bijoux. Rien de vraiment spectaculaire mais des pièces reconnaissables de son style si particulier. Les estimations sont relativement basses, entre 100 et 2000 euros, l’occasion de pouvoir acheter un petit morceau de l’histoire de la mode parisienne. Bien sur, j’ai retenu quelques lots comme le lot 73 ou la collier 74. La bague également, le numéro 89, que je trouve assez réussie. Les pièces ont été expertisées par le cabinet d’Annabelle Cukiermann que j’ai déjà évoqué sur le site.
Lot 89 : bague en or jaune, améthyste, émail et diamants. Signée ERTE, CFA. Edition limitée à 250 exemplaires environ. Epreuve d’artiste (gravée AP). Estimation entre 200 et 400 euros. Photo : Castor-Hara
Lot 96 : pince de noeud de cravate en or jaune et diamants ou bague « E ». Signée ERTE, CFA. Estimation entre 400 et 600 euros. Photo : Castor-Hara
Lot 101 : broches « 6 » et « 9 » en or jaune, diamants et rubis. Signées CFA. Estimation entre 600 et 900 euros. Photo : Castor-Hara
A bientôt et bonnes enchères!