Belles signatures vintages chez Aguttes

Oct 15, 2021

Un catalogue Aguttes, c’est un peu comme une boite de bonbons gourmands pour moi. Me plonger à l’intérieur me réjouit et me propulse dans un univers que j’affectionne particulièrement. Les bijoux historiques, les belles signatures, les matériaux rares ou atypiques s’entrechoquent et se révèlent à chaque page. Le 21 octobre prochain, la directrice du département bijoux proposera pas moins de 159 lots pour une vente délicieuse. Certes cette vacation est plus petite mais elle dévoile des lots d’une très belle qualité et une prédominance pour les pièces provenant de la maison Cartier. Alors, je vous propose de découvrir ma sélection au fil de cet article qui, je l’espère, vous donnera envie d’enchérir!

Lot 12 : Bague d’évêque en or et citrine, travail du XIXe siècle. Estimation entre 500 et 800 euros. Photo : Aguttes

Pourquoi choisir une bague d’évêque? D’abord parce qu’elles sont relativement peu courantes dans les ventes aux enchères. Ces anneaux honorifiques sont suffisamment précieux par ce qu’ils représentent qu’on les conserve souvent dans les familles. Mais de très beaux exemples passent de temps en temps dans les salles des ventes. Cette bague, avec son raisin décoratif, symbole chrétien assez commun, m’a plu autant par sa relative simplicité que pour son opulence discrète. Son estimation vous permettra d’acquérir une bague chargée de symboles. Si vous êtes amateurs de bijoux typés, loin des standards ennuyeux, vous savez ce qu’il vous reste à faire!

Lot 23: bague en or et émail signée de Georges Fouquet, vers 1900. Estimation entre 3000 et 4000 euros. Photo: Aguttes

Comment dire non à un bijou Fouquet, autant le père que le fils d’ailleurs! Le talent ne s’est jamais perdu dans cette dynastie de joailliers. Cette bague, extrêmement simple, reprend tous les codes que l’on attend dans un bijou Art nouveau. Il y a la sensualité, la grâce du personnage, la délicatesse de l’ensemble. Savez-vous que la boutique de la maison a survécu dans un musée parisien? Il est possible d’aller admirer la reconstitution de celle-ci au musée Carnavalet où elle a été superbement remontée. En son temps, il fallait se rendre rue royale. Ce bijou signé et numéroté a du orner la main de nombreuses élégantes, en témoigne l’or patiné dont je trouve la couleur absolument parfaite. L’Art nouveau nous démontre à chaque pièce toute sa complexité mais parfois des objets plus quotidien font une apparition sur le marché, telle cette bague. Et c’est là que réside tout l’intérêt de ce mouvement qui voulait du beau, mais du beau accessible. Depuis la côte de ce type de pièce s’est envolée, les rendant encore plus précieuses et désirables.

Lot 48 et 49: deux colliers en corail, onyx, diamants et or gris. Estimation du premier entre 2000 et 3000 euros, le deuxième entre 3500 et 4000 euros. Photos: Aguttes

Ces deux colliers, constitués de corail rouge et d’onyx, sont totalement dans le style art déco sans être de cette époque. Pourtant ils en reprennent tous les codes stylistiques. L’association du noir et du rouge est une des signatures de ce mouvement artistique dont les pièces présentent une sobriété et une géométrie parfaite. Loin de l’Art nouveau, que l’on ne veut plus voir à l’époque, les créateurs osent proposer une joaillerie dont le plein succès arrive dans les années 20. Géométries audacieuses, contrastes de couleurs, apparition de matières ornementales colorées, utilisation du corail, du jade, de l’onyx, les joailliers de l’époque ne vont cesser de s’amuser pour proposer des pièces sur lesquelles le temps n’a pas eu de conséquences. On notera d’ailleurs la longueur des chaines, 50 cm pour la première, plus de 60cm pour le deuxième. Là encore, les femmes osent enlever leurs corsets, les robes deviennent droites, fluides, les contraintes dans le vêtement commencent à disparaitre, et les bijoux suivent le mouvement. Finis les colliers trop proches du cou, serrés, à l’élégance austère. Après la 1ere guerre mondiale, on veut de la légèreté pour oublier les années dramatiques qui viennent de passer. Les bijoux bougent, tintinnabulent. Il y a de la joie dans l’air!

Lot 50: montre Cartier « Tortue », montre de dame, platine, or, diamants, vers 1915. Estimation entre 7000 et 10,000 euros. Photo: Aguttes

Imaginée puis commercialisée dès 1912, la montre Tortue est un classique de la maison de joaillerie française. Il suffit de demander à Google et il vous en trouve des dizaines et des dizaines, certes vintages, mais néanmoins récentes. En réalité, ce qui se présente dans la vente Aguttes, est un trésor. Cette montre Tortue en or et platine date des années 1915. C’est donc une tortue des débuts, qui a survécu à l’histoire, la grande comme la petite, qui a su être protégée, aimée, pour ne pas disparaitre. Elle en devient ainsi d’autant plus rare. D’autant que la maison a relancé ce modèle il y a quelques années, le modifiant légèrement au passage pour le rendre moins bombé, plus discret. Lui ôtant un peu de son charme aussi. Dans cet objet, tout est beau: la maille fine qui compose le bracelet, le diamant du remontoir, le côté Art déco certain et totalement assumé avec cette frise géométrique qui encadre le cadran, lui-même habillé de diamants. Cet objet rare ne mérite qu’une chose: finir à votre poignet !

Lot 61: bracelet Cartier en or, platine, diamants, saphirs, aigues-marines. Vers 1960. Estimation entre 7000 et 10,000 euros. Photo: Aguttes

Ce bracelet, c’est tout ce que j’aime dans la commande spéciale. Une pièce unique, qui sort de l’ordinaire, mais qui pourtant possède tous les codes de son époque de réalisation. Les aigues-marines ont une couleur et une saturation parfaite, le chahuté de chatons du fermoir raconte l’histoire d’une joaillerie sans CAO où les joailliers soudaient dans le plâtre, réglant à la main la courbe du fermoir dont le motif, ici, reprend la forme d’un maillon de chaine. Le design général de la pièce est très inspiré par les pièces imaginées et réalisées par la maison Cartier pour de nombreuses clientes dont la Duchesse de Windsor. La torsade de pierres était en vogue dans les années 40-50 et le motif du fermoir rappelle un bracelet réalisé à la fin des années 40. J’ai un vrai faible pour ce type de bijou que je trouve facile à porter et toujours très équilibré. Et puis, l’écho à l’élégance et au chic de Wallis Simpson n’est pas, ici, pour me déplaire.

Lot 71: Collier Cartier « Feuille » en or, vers 1950. Estimation entre 5000 et 7000 euros. Photo: Aguttes

On a toujours tendance à associer la maison Cartier à la profusion de pierres gemmes sur une pièce. Et ce n’est pas pour rien, la haute joaillerie de la maison rivalise de couleurs, d’associations étonnantes, de matières étourdissantes. C’est une maison qui marque les esprits. Alors quand un collier tout or se présente, nous voilà presque étonnés. Et pourtant, avez-vous, ici, noté la délicatesse du travail, la chute discrète du motif et la régularité de la fabrication qui évoque certaines frises grecques. La chaine, un genre de maille tube carré, qui retient les motif est également très jolie. On ne penserait pas forcément à une grande maison en voyant cette pièce, même si la fabrication oriente automatiquement sur un atelier de qualité. De prime abord, on pourrait penser à du Lenfant par exemple dont les mailles sont désormais célèbres et recherchées. Alors, si vous souhaitez investir dans une pièce signées à la fabrication parfaite et au design intemporel, ce collier est un choix judicieux.

Lot 73: rare clip carpe par Cartier, vers 1950-1960, or, jade et diamant. Estimation entre 12000 et 15000 euros. Photo : Aguttes

8 cm, pas moins, pour cette imposante broche en or parfaitement atypique et témoignant d’une commande spéciale de la maison Cartier. Alors, certes, le disque en jade a été accidenté au cours des années mais la pièce n’en demeure pas moins étonnante. Tous les symboles de l’Asie sont ici représentés avec la carpe, entre autres, qui représente la persévérance, le courage, la détermination et la sagesse. La maison Cartier n’a jamais eu peur d’aller voir plus loin et de franchir les frontières pour regarder ce que les cultures étrangères pouvaient apporter à leur maison. On connait de nombreux exemples de pièces qui incluent des éléments de l’imaginaire asiatique provenant plus précisément de pays comme le Japon et la Chine. Les disques Bi (parfois appelés Pi) en jade gravé sont prisés en Asie où on les porte souvent simplement sur un cordon de coton ou de soie. La symbolique de cet objet est très particulière car ce disque est vu comme un symbole du ciel, cet univers céleste que les cultures asiatiques vénèrent. Quant au jade, c’est la pierre gemme précieuse par excellence. Son prix, encore aujourd’hui, dépasse souvent celui du diamant tant sa symbolique est sacrée.

Lot 147: bracelet en et saphirs, signé de la maison Vergers Frères. Estimation entre 3000 et 3200 euros. Photo: Aguttes

Je clôture ma sélection par un bracelet Vergers Frères. Une maison dont j’affectionne particulièrement les réalisations. L’objet en question est ici très classique. Mais j’aime particulièrement son mouvement. On dirait un ruban. Les pièces Vergers frères ne sont pas si nombreuses dans les ventes aux enchères mais la maison existe toujours. Même si le style actuel est très éloigné de la production ancienne de la marque. Comme pour le collier en or de la maison Cartier présenté plus haut, ce type d’objet offre la possibilité d’acquérir un objet au design classique, soigné mais signé. Et c’est là que la différence se fait. C’est un petit bout d’histoire de la joaillerie française. Alors si vous aimez les bijoux faciles à assortir, cette pièce pourrait bien vous séduire.

A bientôt!

 

À propos

marie chabrol

Bonjour, je m’appelle Marie. Conférencière, consultante & formatrice, j’écris avec passion sur l’univers de la joaillerie.

ma Bibliothèque idéale

Voici ma bibliothèque idéale. Tous ces livres font partis de ma propre bibliothèque et je les relis toujours avec un immense plaisir.