Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé l’automne. Même si j’aime toutes les saisons, j’ai pris goût à celle-ci à cause de ses couleurs: le jaune, le orange, ces teintes chatoyantes et chaleureuses partout. Il y a quelques années, je m’étais intéressée aux bijoux saisonniers et plus particulièrement aux bijoux américains que l’on porte ponctuellement pour un événement annuel. Alors que les fantômes pointent le bout de leurs nez, que les feuilles commencent à tomber, que les premières tempêtes d’automne arrivent, que le PSL est de nouveau disponible dans tous les bons cafés et que les sorcières réchauffent leurs balais, je me suis dit qu’une petite sélection de bijoux spécial Halloween vous plairait. Attention, il ne s’agit pas de bijoux fantaisies, mais bien de réalisations faites autant par des maisons de joaillerie reconnues que par de jeunes joailliers qui célèbrent depuis quelques jours la saison des bonbons et des feuilles qui tombent !
Broche Citrouille en or et diamant. Photo: Carnet Jewelry
1- Les origines d’Halloween
Pour beaucoup de gens, Halloween est une fête commerciale. Il est vrai qu’en Europe, et particulièrement en France, elle n’éveille rien en nous. Et c’est bien normal. Halloween ne fait pas partie de notre culture et je ne peux que vous conseiller d’aller vivre cette fête dans un pays anglo-saxon une fois dans votre vie! On la célèbre donc principalement aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Irlande, au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Son nom est une contraction de l’anglais All Hallows-Even qui signifie the eve of All Hallows’ Day en anglais contemporain. On peut traduire cette expression comme « la veille de tous les saints » ou « la veillée de la Toussaint ». Bien que son nom soit rattaché à une tradition chrétienne, elle est désormais une fête païenne. On la fête le 31 octobre. En France, on célèbre la Toussaint. Le 2 novembre, traditionnellement, on dépose des fleurs sur les tombes de nos aïeux.
Pendentifs Potion en argent et grenats hessonites, par The Sylvan Smith. Photo: The Sylvan Smith
De nombreuses sources et recoupements historiques la rattachent également à la célébration celte de Samain, un moment très important pour ce peuple car la date du 1er novembre représente le début de la période sombre. Cette fête de transition se veut aussi une ouverture vers l’autre monde, celui des dieux et des esprits. Son étymologie pourrait, selon certains, signifier la fin de l’été mais cette interprétation est encore soumise à interprétation. Mentionnée dans de nombreux récits épiques irlandais car, par définition, elle est propice aux événements magiques et mythiques. Mais Halloween est aussi connue sous le nom de Oiche Shamhna en gaélique que l’on peut traduire comme « la nuit de Samhain ». L’origine exacte de cette fête ou célébration se perd donc dans la nuit des temps. Les liens culturels entre Halloween et Samhain sont définitivement présents malgré des différences notables. En Angleterre, on parlait même de la « nuit de la pomme croquante » ou « nuit des noisettes ». On se réunissait autour d’un feu pour se raconter des histoires. Les pauvres recevaient des biscuits appelés « gâteaux de l’esprit ».
Pendentif cercueil en argent, cuivre et quartz rose. Photo et réalisation : Lisa J. Designs
Cette tradition se retrouve ailleurs et en dehors des pays anglo-saxons. Par exemple dans le nord de la Moselle (Est de la France), dans le Pays de Nied, on célèbre la Rommelbootzennaat. Derrière ce mot compliqué à prononcer se cache une fête qui signifie « la nuit des betteraves grinçantes » en Francique Lorrain. Cette tradition celtique s’est maintenue en Moselle germanophone lorsque la langue et les traditions celtiques ont été éclipsées par la culture germanique. La veille de la Toussaint, on sculpte des têtes grimaçantes dans des betteraves car ce légume marque la fin des travaux des champs. Éclairées par la lumière d’une bougie, les têtes sont déposées sur les rebords de fenêtres, des puits, les murs des cimetières ou aux croisements des chemins pour effrayer les passants. On retrouve cette tradition en Suisse avec la fête de Räbeliechtli où on sculpte des raves, Dans le livre de Le Braz – « La légende de la mort en Basse-Bretagne »- écrit en 1893, on retrouve mention d’une vieille tradition désormais perdue en Bretagne. La veille de la Toussaint, on laissait sur la table de la nourriture et surtout une buche dans la cheminée. Cela permettait aux âmes qui revenaient de se nourrir et de se réchauffer avant de repartir… Cette notion de nourriture se retrouve aujourd’hui dans les bonbons que réclament les enfants. Car si on ne contente pas les esprits, ils se révèlent taquins.
Pendentif Cimetière et mort vivant en argent et Graveyard Point Plume Agate. Photo et réalisation : Appaloosa Designs Jewelry
2- Et Jack-o’-Lantern dans tout ça?
Citrouilles, betteraves, raves, banquets, aliments en offrande pour les morts, les légumes et la nourriture sont ancrés dans la tradition de cette période de l’année que l’on dédie aux esprits. Pour la plupart d’entre nous, Halloween c’est une citrouille qui fait peur. Mais d’où vient cette représentation?
Pendentifs Balais en argent et cyanite noire brut. Photo et Réalisation : The Dwelling Gem
Douglas Harper, dans son dictionnaire étymologique, donne la date de 1660 pour l’apparition de ce terme. Jack-o’-lantern est alors un gardien , un veilleur de nuit. On dit aussi que ce terme est utilisé en variation du terme will-o’-the-wisp qui décrit un feux follet, cette manifestation souvent vue comme magique mais qui s’explique par la combustion spontanée à l’air libre d’émanations conjointes de gaz contenant du méthane et du phosphore, émis par la décomposition de matières organiques telles que des cadavres. Ce qui explique qu’on les voyait principalement dans les cimetières quand les morts n’étaient pas correctement ensevelis. Ce terme est ancien, provenant très certainement d’une tradition orale, car on le retrouve en 1704 dans A Tale of a Tub de Jonathan Swift.
Pendentif citrouille en argent, jade et ambre. Photo et réalisation : Lisa J. Designs
Jack est un personnage ancien issu très vraisemblablement d’une très vieille légende irlandaise où il est question de Stingy Jack, un ivrogne malin connu pour ses blagues et sa radinerie, et du diable. Ce dernier vient le chercher pour l’emmener avec lui et le punir. Mais Jack lui répond qu’il veut un dernier verre avant de le suivre. Le diable se transforme donc en pièce de six pence. Jack glisse la pièce dans sa bourse où se trouve une croix en argent et le diable se retrouve prisonnier. Il promet alors de ne plus venir le voir durant les dix prochaines années. Le temps passe et Jack croise à nouveau le Diable sur sa route. Pour lui échapper à nouveau, il lui demande de l’aider à cueillir une pomme. Profitant de ce moment, Jack dessine à nouveau une croix sur l’arbre et piège à nouveau le malin. Le diable est obligé de renoncer à prendre cette âme. Mais vient le moment où Jack meurt. Le paradis se refuse à lui en raison de sa vie dissolue et l’enfer lui ferme ses portes en raison d’une vieille promesse. Il doit alors repartir sur ses propres pas. Il fait si noir que le diable lui offre un navet où il glisse une bougie, l’obligeant à errer sans but jusqu’au jour du jugement dernier. On raconte qu’il réapparait chaque année, le jour de sa mort, le 31 octobre.
Pendentifs fantômes en argent. Photo et réalisation : Sue « Lulu Bug jewelry » Urquhart
L’utilisation de la citrouille dans la tradition américaine remonte au XVIIe siècle quand les Pilgrims Fathers sont arrivés sur les côtes du Massachusset, fuyant les guerres de religion en Europe. Ces immigrants, protestants, vont dans la grande majorité mourir du scorbut. Ils ne doivent leur survie qu’à l’intervention de membres du peuple Wampanoag qui vont les aider à cultiver le maïs et les courges, deux légumes (aux nombreuses variétés) endémiques du continent américain. Le gouverneur William Bradford invita les colons à célébrer trois jours d’actions de grâce. Les colons invitèrent les indiens à partager un repas, et les indiens apportèrent des dindes sauvages. La fête de Thanksgiving venait de naître. Pour Halloween, il faut attendre l’arrivée des irlandais fuyant la grande famine entre 1845 et 1852 où les pommes de terre et autres légumes furent contaminés par le mildiou. En arrivant sur la côte Est des états-unis, ils apportèrent avec eux leurs traditions dont cette fameuse fête. La citrouille, plus facile à sculpter, va ainsi devenir le symbole d’Halloween outre atlantique.
Pendentif Sorcière, argent, améthyste et serpentine à stichtite. Photo et réalisation : Sunlight Silver Jewelry
A bientôt!
See you soon!