Vente Aguttes du 13 avril 2023 : attention pépites !

Avr 5, 2023

Le printemps vient enfin de revenir. Et sortir progressivement de l’hiver et des jours sombres ne peut se faire qu’avec une promesse de lumière. Qui dit lumière dit bijoux ; tout du moins dans mon esprit obnubilé par leur présence. Mais la lumière, c’est aussi les couleurs, celles lumineuses et joyeuses des pierres, celles de l’or qu’il soit jaune, blanc, vert ou rose, celles des émaux qui habillent les bijoux et rehaussent merveilleusement ces objets miniatures que j’adorent depuis si longtemps… Le 13 avril prochain, Aguttes ouvre le bal d’une saison parisienne qui s’annonce plus qu’intéressante. Et plus largement d’un printemps où le marteau devrait voir quelques beaux records d’adjudication. Avec plus de 160 lots, le département bijoux propose un catalogue riche de très jolies pièces, de pépites joaillières enthousiasmantes et de belles signatures. Je vous propose donc de me suivre et de découvrir les pièces qui ont éveillé mon oeil.

Grand clip «fleurs» en trembleuse. Diamants ronds taille ancienne. Platine 850 et or 750.
Lot 24 : Grand clip «fleurs» en trembleuse. Diamants ronds taille ancienne. Platine 850 et or 750. Estimation entre 12000 et 15000 euros. Photo : Aguttes

Entre le 15 aout et le 15 novembre 1881, la France organise l’Exposition Internationale d’Electricité au Palais de l’Industrie. Installé à deux pas des Champs-Élysées, il est détruit à partir de 1896 pour laisser sa place à ce que l’on connait désormais sous le nom de Petit Palais dont je ne peux que vous conseiller la collection de bijoux. Dès 1890, l’électricité domestique apparait dans les habitations parisiennes.  La « trembleuse » ou broche « en tremblant » pointe timidement le bout de son ressort au milieu du XIXe siècle mais voit son expansion à la fin de celui-ci. Avec ses motifs floraux délicats montés sur ressorts, elle capture la lumière et donne un scintillement permanent aux bijoux de ces dames. Les « devant de corsages » et les diadèmes resplendissent alors encore un peu plus. Avec l’arrivée du platine qui permet la réalisation de bijoux parfaitement blancs, la boucle est bouclée.

Clip «Égyptien», lapis lazuli rehaussé de diamants, or 750 et émail bleu
Lot 32 : Clip «Égyptien», lapis lazuli rehaussé de diamants, or 750 et émail bleu. Estimation entre 800 et 1200 euros. Photo : Aguttes

L’Egypte et sa découverte par les européens ont su inspirer les joailliers tout au long du XIXe siècle mais il faut noter un véritable engouement entre les années 1870 et 1930. Avec un vrai retour dans les années 1920 avec l’ouverture de la tombe de Toutankhamon en 1922. Les joailliers s’en emparent et déclinent cette Egypte fantasmée dans des bijoux aussi magnifiques qu’époustouflants. Parmi les grandes signatures, on signalera Cartier, Van Cleef & Arpels, Rubel, Lacloche frères…etc. La broche qui se présente chez Aguttes rappellera forcément l’esthétique de deux autres broches signées Cartier qui représentent un éventail égyptien ou flabellum. La tête de lion qui orne la pièce est très proche de celle qui orne le lit funéraire qui est exposé au Musée du Caire et le lapis-lazuli orné de diamant reprend la symbolique porté par Nout, déesse du ciel dont le corps bleu est orné d’étoile.

SUZANNE BELPERRON, collier «Torque». Turquoises, diamants taille rose, émail noir. Argent.
Lot 49 : SUZANNE BELPERRON, collier «Torque». Turquoises, diamants taille rose, émail noir. Argent. Accompagné d’un certificat d’Olivier Baroin, attestant d’une création de Suzanne Belperron vers 1935. Estimation 25000 et 35000 euros. Photo : Aguttes

Dans la lignée du lot 32 et de l’inspiration égyptienne, le collier de Suzanne Belperron (vers 1935) qui se présente ne peut qu’évoquer cet imaginaire particulier. On peut y voir une plume de paon ou pourquoi pas un oeil d’Horus fardé de kohl. Deux symboles protecteurs que les joailliers sont su décliner aussi habilement que mémorablement. Plusieurs colliers similaires existent mais on pense invariablement à « ce collier qui n’est qu’un fil d’émail noir boutonné par un diamant, d’une ligne si épurée » (Vogue, 1933) et qui fut la propriété d’Elsa Schiaparelli, grande admiratrice des bijoux Belperron.

Bracelet «Rêverie». Email noir et bleu, cabochons de turquoise, cristal de roche gravé, nacre. Or 750.
Lot 60 : Bracelet «Rêverie». Email noir et bleu, cabochons de turquoise, cristal de roche gravé, nacre. Or 750. Attribué à Marzo – Travail français. Estimation entre 12000 et 15000 euros. Photo : Aguttes

Avec ce bijou, il s’agit de plonger dans l’imaginaire asiatique. Bienvenue dans une estampe japonaise ou dans les fumeries d’opium. Car c’est exactement à cela que j’ai pensé en découvrant ce bracelet qui m’a rappelé les mots de Claude Farrère autour de la « fumée bleue » publié en son temps au Mercure de France. Tout, dans cette pièce, évoque un demi-monde où la réalité n’existe plus complètement. Avez-vous noté la finesse du travail d’émaillage, ces nuages qui se dissolvent à la manière d’une fumée légère et insaisissable. Les éléments en cristal de roche se jouent de reflets irisés délicats, résultat d’une fine plaque de nacre qui vient les sublimer. Avec ce bijou vient une photo d’archive de la maison Marzo, joaillier d’origine espagnole basé au 207 rue Saint-Honoré puis 22 rue de la Paix. Un bracelet similaire y est illustré. J’adhère !

PAIRE de clips de revers. Onyx et rubis, or 750.
Lot 94 : MARCHAK. PAIRE de clips de revers. Onyx et rubis, or 750. Signés, numérotés et poinçon de maître. Estimation entre 4000 et 5000 euros. Photo : Aguttes

Il y a des maisons dont les créations font la légende. Il y a des maisons dont le style est incomparable et dont les pièces marquent l’imaginaire à jamais. Il y a des maisons dont on tombe amoureux du style et dont on ne revient jamais. Marchak fait partie pour moi de ces maisons si particulières dont j’aime absolument tout. Quand aux clips de revers, ma foi, c’est à mon sens un des bijoux les plus chics à porter. Bien que revenant un peu à la mode, il reste discret dans le lexique créatif et les modèles vintage ont un charme fou. Comme cet ensemble en or, onyx et rubis, signé Marchak donc, et dont le poinçon signale la main de René Nacart dit Naquart, installé au 52 rue de Sambre et Meuse à Paris à partir du 4 novembre 1929.

Cartier. Broche « Bonhomme de neige ». Calcédoine, onyx, rubis et or 750.
Lot 96 : Cartier. Broche « Bonhomme de neige ». Calcédoine, onyx, rubis et or 750. Signée et numérotée, poinçon de maître. Vers 1960. Estimation entre 2500 et 3500 euros. Photo : Aguttes

C’est un début de printemps un peu glacial qui m’autorise à vous montrer cette adorable broche « bonhomme de neige » de la maison Cartier. Ce n’est pas le sujet fétiche de la maison et plus celui, totalement assumé, de la maison Oscar Heyman de New York dont les compositions autour des grandes dates de l’année (surtout américaines) sont réputées et collectionnées. D’ou le fait de vous dire, ne la laissez pas passer !! Sur cette thématique, je ne peux m’empêcher de penser aux délicats flocons de neige de la maison Van Cleef & Arpels que j’aime tant. Parce que, de mon point de vue, on a bien le droit de célébrer l’hiver dans ce qu’il a de plus beau et joyeux toute l’année…

TIFFANY & CO. Collier et boucles d’oreilles. Perles d'onyx torsadées, émail noir et or 750.
Lot 101 : TIFFANY & CO. Collier et boucles d’oreilles. Perles d’onyx torsadées, émail noir et or 750. Signés. Estimation entre 5000 et 6000 euros. Photo : Aguttes

Les pièces « Positif / Négatif » de Angela Cummings pour Tiffany & Co. ne sont pas si courantes sur le marché. Aussi, il est intéressant de noter la présence de cette parure dans la future vente Aguttes. Designer reconnue, elle travaillera avec la maison new-yorkaise durant 18 ans avant d’annoncer son départ en octobre 1983 pour fonder son studio éponyme. Parmi les modèles phares, des pièces figurant la technique de l’incrustation ou « inlay » à l’image de la parure qui se présente : jade noir, nacre, corail ou encore lapis-lazuli. J’ai toujours trouvé ses pièces assez intemporelles et audacieuse. Cela ne ressemble à rien de commun, c’est joyeux et ça fait un bien fou. Et c’est d’autant plus intéressant qu’il semble n’y avoir aucune réédition de ces modèles…

VAN CLEEF & ARPELS. Pilulier à décor de vannerie Saphirs, or 750.
Lot 108 : VAN CLEEF & ARPELS. Pilulier à décor de vannerie Saphirs, or 750. Signé et numéroté. Estimation entre 1100 et 1500 euros. Photo : Aguttes

J’ai toujours aimé les petits objets du quotidien issus des maisons de luxe. Les petites boites, les cendriers, les lorgnettes, les pommeaux d’ombrelles. Outre leur côté adorable, j’aime plus particulièrement leur côté inattendu, voire même complètement méconnu du grand public. Et quoi de plus chic que de sortir un pilulier en or signé Van Cleef & Arpels. Le décor de cannage qui rappelle la vannerie est visible sur de nombreux objets de la maison et entre autre sur des minaudières. Mais je me souviens d’un très bel ensemble comprenant stylo et rouge à lèvre qui fut la propriété de la Princesse Safia Tarzi d’Afghanistan.  Pour ma part, je ne vois aucune raison valable de ne pas se laisser tenter !

FRASCAROLO. Important sautoir ajouré. Or 750, émail.
Lot 112 : FRASCAROLO. Important sautoir ajouré. Or 750, émail. Signé «Modèle FC». Estimation entre 10000 et 12000 euros. Photo : Aguttes

Les années 60-70, l’or texturé, les longs sautoirs qui donnent une allure folle, c’est toute une époque dont parle cette pièce signée de la maison Frascarolo dont les bijoux demeurent relativement peu courant dans les ventes françaises. Pierino Frascarolo est né en 1928 à Milan et il devient apprenti auprès de la maison Lunati. Plus tard, il s’associe avec Aldo Lenti pour créer son atelier. La maison sera longtemps basée à Corso Matteotti. Son bestiaire émaillé n’est pas sans évoquer celui de David Webb, il est d’ailleurs parfois surnommé «  le David Webb italien ». Son goût prononcé pour les formes et les couleurs lumineuses est caractéristique de ses créations auxquelles on ne peut rester indifférent. Il a 88 ans quand il nous quitte en juillet 1976. Il fait parti pour moi de ces joailliers trop peu connus du grand public et dont une mise en lumière me semble largement nécessaire !

HARRY WINSTON. Broche « Florale ». Diamants ronds et baguettes. Or 750 et platine 950.
Lot 116 : HARRY WINSTON. Broche « Florale ». Diamants ronds et baguettes. Or 750 et platine 950. Numérotée. Estimation entre 4000 et 6000 euros. Photo : Aguttes

La rose est l’un des motifs favoris des joailliers. On ne compte plus les déclinaisons remarquables et enthousiasmantes. A l’image de cette broche de la maison Harry Winston fabriquée en 1963 par le joaillier suisse François Tavernier qui fut l’un de ses fabricants. Installé à Genève, il a travaillé du 2 juin 1942 au 14 octobre 1965. La rose, c’est un symbole de beauté et de féminité. Peut-être même son symbole par excellence. Si on associe souvent la notion de tendresse à ces fleurs, elles ne s’offrent pas que dans un contexte amoureux mais aussi dans un contexte amical. Cela dit, dans ce cas présent, le design de la broche semble également rappeler la double rose ou « rose Tudor », symbole fort d’union hérité de la fin de la guerre des Deux-Roses en Angleterre.

À propos

marie chabrol

Bonjour, je m’appelle Marie. Conférencière, consultante & formatrice, j’écris avec passion sur l’univers de la joaillerie.

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Voici ma bibliothèque idéale. Tous ces livres font partis de ma propre bibliothèque et je les relis toujours avec un immense plaisir.