10 bijoux pour une extraordinaire histoire d’amour chez Osenat

Fév 6, 2024

Le jeudi 22 février prochain à partir de 14h30, tous les yeux seront tournés vers la maison de ventes aux enchères Osenat où se déroulera à Paris la deuxième partie d’une incroyable vente aux enchères : l’ensemble de joaillerie de la collection du couple follement amoureux que formaient Raymond et Suzanne Fischof-La Foux. Le bénéfice de cette vacation ira à la fondation éponyme abritée par la Fondation des Petits Frères des Pauvres pour financer des actions en faveur des personnes âgées.

Deux photos du couple Fischof-La Foux. Photo : Osenat

Il est des couples plus discrets que d’autres. Raymond et Suzanne Fischof-La Foux ont érigé cette discrétion en art de vivre. Mais qui était ce couple dont la collection éblouissante de bijoux se présente dans quelques jours ?

Né en 1905 à Paris, d’un père autrichien et d’une mère née en Turquie, Raymond est officiellement naturalisé français le 1er janvier 1911. En 1929, il épouse en premières noces Raymonde Laurent, fille de Marguerite Marie Alibert dont la vie rocambolesque lui fit croiser la route d’Edouard VIII, duc de Windsor avec qui elle entretint une relation entre 1917 et 1918.

Ingénieur de formation, il s’engage dès 1940 dans la Résistance et plus particulièrement auprès du réseau BRICK. Il reçoit à ce titre la Médaille de la Résistance et la Médaille militaire avec palmes. Le 18 octobre 1945, il obtient de l’État Français l’autorisation de changer de nom et d’ajouter « La Foux » à son patronyme de naissance car il a combattu et rallié les Forces Françaises Libres sous le nom de Raymond La Foux.

En 1954, il est fait officier de la Légion d’honneur. Sa carrière le mène vers la publicité puis son oncle, Camille Bouché – le rédacteur en chef du Moniteur durant la Grande Guerre puis propriétaire du journal, lui confie le journal à sa retraite en 1955. Il s’entoure de personnalités dont celle de Jacques Pilpoul, centralien et juriste qui assurera la rédaction en chef jusqu’en 1972. En 1970, M. Fischof-La Foux avait vendu le journal à Edouard-Camille Didier, dirigeant de l’Usine Nouvelle.

Au sortir de la guerre, en 1950, il épouse au Georges V à Paris celle qui restera à ses côtés jusqu’à son décès en 1980 : Suzanne Auclert – Saint-Jean qui prend par la suite le nom de son époux. Il continue son activité dans le domaine de l’immobilier et intègre la sphère politique de François Mitterand, alors Ministre, en devenant l’un de ses conseillers en matière économique.

Avec son épouse, ils organisent des dîners d’affaires et convoquent également toute l’intelligentsia culturelle et artistique française. Le couple est amateur d’art et l’appartement de l’Avenue Foch devient le centre névralgique de sa collection où l’on trouve mobiliers d’art, argenterie et tableaux de Derain, de Boldini ou encore de Kisling qui était un ami du couple.

Suzanne Fischof-La Foux. Photo : Osenat

Suzanne (née en 1920 à Melun), de son côté, connait Raymond car il est un ami de sa famille. Après de longues années à New York, elle revient en France et reprend contact avec Raymond qui vient juste de divorcer. Après son mariage, le couple s’installe dans le très bel appartement de l’avenue Foch et entretient une vie mondaine, recevant et sortant beaucoup. Parmi les amis, on compte Grace Kelly ou encore Roger Moore. Habitué de l’Hôtel de Paris à Monaco, le couple y séjourne très régulièrement.

L’art et les beaux objets sont au cœur de leur vie. Et forcément les bijoux ne sont pas loin. Raymond offre sans cesse des parures et des pièces exceptionnelles à son épouse. Elle est une cliente fidèle de la maison Van Cleef & Arpels ou encore du joaillier M. Gérard dont les pièces feront le bonheur des collectionneurs lors de cette magnifique vente aux enchères. En 1980, Raymond disparait à l’âge de 74 ans et laisse une épouse qui entretiendra son souvenir jusqu’à la fin de sa vie en 2023.

Choisir les pièces dont j’avais envie de vous parler dans cette vente s’est avéré bien plus compliqué que prévu tant la collection est exceptionnelle. J’ai retenu dix pièces dont le design, les matières ou encore les poinçons donnaient à raconter des histoires et une Histoire aussi belle qu’émouvante.

1- Une parure Van Cleef & Arpels aux fleurs colorées

Lots 23 et 24 : bague et boucles d’oreilles signée et poinçonnée de la maison Van Cleef & Arpels, cira 1970s. Or, corail, chrysoprase et diamants. Estimation respective entre 3500 et 5000 pour la bague et 5000-8000 euros pour les boucles d’oreilles. Photos : Osenat

S’il y a un motif totalement signature chez Van Cleef & Arpels, c’est la fleurette que l’on retrouve sous de nombreuses interprétations au fil des années. La marguerite apparait dans les années 40, les pâquerettes dans les années 50. Plus tard, les fleurs en corail se retrouvent sur la parure « Paradisier » réalisée en 1995. La parure constituée par les lots 23 et 24, en or, corail, chrysoprases et diamants est complètement représentative des années 70 et l’esprit de légèreté de cette époque où la joaillerie s’est tout permis.

L’association du corail rose et de la chrysoprase est complètement iconique dans les productions de la maison où on la retrouve, par exemple, dans les parures Delphes. On ne compte plus les modèles et les déclinaisons qui s’habillent de vert et de rose pour le plus grand plaisir des amateurs de couleurs et de bijoux joyeux

2- Un bracelet fin Art déco représentatif de son époque

Lot 25 : bracelet Art déco en platine et diamants. Estimation entre 200 000 et 300 000 euros. Photo : Osenat

Formes géométriques, équilibre parfait, remarquable travail de taille sur œuvre des diamants, ce bracelet répond à tous les critères de ce que l’on aime dans le bijou Art déco jusqu’au début des années 30. Loin des motifs délicats de la Belle Époque, cette pièce opulente est aussi remarquable dans la qualité de sa fabrication que par la qualité des diamants qui le composent.

Les deux pierres centrales sont certifiées G en couleur et affichent des poids plus que respectables avec respectivement 7,94 et 7,90 carats. J’aurais aimé vous dire la main qui l’a fabriqué mais il n’y a pas de poinçon lisible. Alors, bien sûr, je pense à de nombreuses maisons qui ont réalisé des pièces aussi sublimes que celle-ci. Une œuvre anonyme, mais quelle œuvre !

3- Des boucles d’oreilles Mauboussin Tutti Frutti

Lot 26 : paire de boucles d’oreilles années 20 en or gris, diamants, rubis, saphirs et émeraudes. Par Mauboussin. Estimation entre 10000 et 15000 euros. Sur la photo 2, Suzanne lors d’un diner portant les boucles d’oreilles. Photo : Osenat

Remarquablement portées par Suzanne sur la photo qui accompagne ces bijoux, cette paire de boucles d’oreilles Tutti Frutti est représentative d’une époque où l’imaginaire des maharajas et de l’Inde légendaire ont donné naissance à des pièces de joaillerie fabuleuses. En 1901, Alexandra du Danemark commande à la maison Cartier un collier pour aller avec des robes indiennes offertes par Mary Curzon, épouse du vice-roi d’Inde.

Mais il faut attendre les années 1910 pour que les pierres directement confiées par les maharajas de Patiala et de Kapurtala donnent vie à des parures devenues iconiques à l’image du « collier hindou » de Daisy Fellowes. Parmi les maisons qui ont honoré ce style, Mauboussin bien sûr (à l’image de ces fabuleuses boucles d’oreilles) mais également de nombreuses autres moins connues.

4- Un collier transformable André Vassort pour M. Gérard

Lot 29 : collier transformable en or, diamants et rubis. M. Gérard, signé et numéroté. Estimation entre 60 000 et 80 000 euros. Photo : Osenat

Joaillier auprès de la maison Van Cleef & Arpels, Louis Gérard aidé de son amie la Comtesse de Ribes créé sa maison en 1968. « Je n’ai qu’une seule volonté, celle de créer et réaliser les plus beaux bijoux du monde » déclare-t-il et, nul doute, qu’il serait heureux de voir l’engouement toujours actuel autour de ses bijoux. Si sa maison ferme définitivement en 1991, ses bijoux, eux, sont devenus éternels.

Créateur de génie, gemmologue, Louis Gérard a été accompagné toute sa vie par les meilleurs ateliers parisiens. L’Atelier André Vassort, insculpé en avril 1943 et installé au 34 de la rue Saint-Anne, fabricant pour la maison Van Cleef, répond présent à l’image de ce collier transformable de la collection Médicis dont l’arrière peut se porter uniquement en bracelet. Notons, enfin, qu’une pièce dans le même esprit que celle qui se présente a été vendue à Paris en 2020 pour plus de 230 000 euros.

5- Un diamant de 23,35 carats

Lot 33 : bague en platine signé Cartier sertie d’un diamant de 23,35 carats, gradation D VS1. Estimation entre 800 000 et 1000000 millions d’euros. Photo : Osenat

Cet imposant diamant de type IIa pesant plus de 23 carats est une pierre aussi exceptionnelle que belle. Ce type de diamant, appelé « diamant de type Golconde » quand celui-ci est ancien et date d’avant la découverte des mines d’Afrique du Sud est particulièrement recherché pour sa pureté et sa transparence particulière due à l’absence d’azote dans sa structure. Nul doute que cette pierre fera le bonheur d’un collectionneur qui saura apprécier sa qualité et son élégance.

6- De la couleur, de la couleur ! Mais du Van Cleef & Arpels !

Lot 37 : bracelet en or, diamants, émail et corail de la maison Van Cleef & Arpels. Circa 1970. Estimation entre 15 000 et 20000 euros. Photo : Osenat

Le retour du rose et du vert, mais avec l’alliance du corail et de l’émail. Il a plus particulièrement retenu mon attention car l’émail n’est pas la matière de prédilection de la maison dans les années 70 et 80 alors que la chrysoprase est partout, déclinée sous toutes les formes possibles et inimaginables. Alors, il existe quelques pièces émaillées, principalement des broches ou des bracelets.

Son allure et sa présence sur le poignet en font l’une de mes pièces préférées de la vente. Je ne connaissais pas ce modèle que je trouve vraiment très beau. De nombreux bijoux ont été dessiné spécialement pour elle, ce bracelet l’a peut-être été. Le poinçon de maître étant illisible, je ne pourrai pas vous en dire plus sur sa provenance exacte en termes d’atelier. Quoi qu’il en soit, vous ne pouvez pas ne pas vous y intéresser !

7- Des boucles d’oreilles Cartier

Lot 40 : boucles d’oreilles en platine et or, corail, diamants et émeraudes. Circa 1970. Estimation entre 8000 et 12 000 euros. Photo : Osenat.

Le corail est partout dans cette vente. Et cette paire de boucles d’oreille est totalement inscrite dans son époque. Déjà dans les années 30, la maison Cartier mettait en avant les bracelets aux têtes de chimères sculptées dans du corail de la meilleure qualité. On pense par exemple au bracelet réalisé en 1928 pour Ganna Walska sur un dessin de Charles Jacqueau et dont les têtes furent sculptées par le lapidaire Dalvy.

Dans les années 50, une paire de boucles dans l’esprit de celle qui se présente est réalisée pour l’actrice française Josette Day. Les années 70 voient le retour de ces incroyables pièces sculptées sur lesquelles s’épanouissent motifs orientalistes. Bracelets, colliers, bagues et boucles d’oreilles parées de corail flamboyant intègrent donc le vestiaire des dames les plus élégantes. Suzanne Fischof-La Foux ne fait pas exception.

8- Un collier transformable André Vassort pour Van Cleef & Arpels

Lot 49 : collier transformable en or, corail, turquoises, améthystes et diamants. Van Cleef & Arpels. Circa 1970. Estimation entre 70 000 et 100 000 euros. Photo : Osenat

La modularité des pièces était l’une des spécialités de l’atelier Vassort dont le talent des joailliers n’est plus à démontrer. Ce collier qui peut aussi se transformer en quatre bracelets (2 pièces tout or et 2 pièces serties de gemmes) contient également une broche dans l’esprit des pièces Delphes qui firent la renommée de la maison Van Cleef & Arpels.

Les années 70 forment une période féconde pour la joaillerie. Couleurs, motifs, expérimentations, rien ne résiste aux joailliers et aux designers qui transcrivent dans le bijou une époque de liberté et de renouveau. Le mélange du corail et de la turquoise renvoie aux bijoux orientaux alors qu’en 1971, on célèbre les 2500 ans de la fondation de l’Empire Perse. Tout au long des années 70, l’imaginaire d’Extrême-Orient trouve une place de choix sur les pièces de la maison.

9- Des pampilles en émeraudes de Colombie

Lot 57 : boucles d’oreilles en platine et or, diamants et émeraudes de Colombie. Van Cleef & Arpels. Estimation entre 20000 et 30000 euros. Photo : Osenat

La pampille en émeraude est particulièrement présente chez tous les joailliers dans la seconde moitié du XXe siècle où elle s’épanouit sur de très nombreuses pièces. Chez Van Cleef & Arpels, on la retrouve sur des pièces des années 20 et on pense particulièrement au collier transformable en deux bracelets que porte remarquablement Daisy Fellowes. Impossible également de ne pas citer la parure réalisée en 1929 pour la Princesse Faiza d’Égypte.

Plus tardivement, on note dans les années 50, le fameux collier Hindou qui fut réalisé pour la Maharani de Baroda avant d’être vendu aux enchères à Monaco en 1974. Aux dernière nouvelles, ce merveilleux collier fait partie de la collection Faerber.

Sur les boucles d’oreilles qui se présentent, les pierres sont relativement imposantes avec une longueur entre 1,5 et 1,6 cm. Ces boucles constituent un bel exemple de ce que les joailliers ont eu la chance de mettre en avant en matière de pierres remarquables.

10- La broche que porta Suzanne lors de son mariage 

Lot 63 : broche / collier en platine, diamants et rubis. Circa 1950. Estimation entre 3000 et 5000 euros. Les trois photos suivantes montrent Suzanne portant la broche en collier. Photos : Osenat

S’il y avait un lot dont il fallait parler, c’est bien le numéro 63. Et je trouve assez émouvant de finaliser cette sélection avec celui-ci. D’abord parce qu’il est simplement beau et élégant. Mais surtout parce qu’il est remarquablement porté par Suzanne sur les photos de son mariage avec Raymond où elle l’arbore sous la forme d’un collier.

Le mélange du platine, des diamants et des rubis apparait dès la fin des années 30. L’exposition de 1937 dévoile de nombreuses pièces arborant ces couleurs. Pour la maison Van Cleef par exemple, le serti mystérieux et les sertis calibrés sont également très présents. Les formes radiantes sont visibles chez de nombreux créateurs dont la maison Verdura qui signe en 53 une broche remarquée en diamants et rubis.

Parmi la totalité des lots de cette vente, cette broche est particulière car elle symbolise véritablement l’union de ce couple à l’histoire incroyable et son amour pour la joaillerie.

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La vente aura lieu le 22 février prochain à Paris à partir de 14h30 au 66 avenue de Breteuil dans le 7e arrondissement de Paris. Notez que pour certains lots, il sera demandé aux potentiels enchérisseurs une caution de 10% de l’estimation basse. Pour ces lots en particulier, il n’y aura pas d’enchères sur internet. La clôture des ordres se fera le mardi 20 février.

Vous avez la possibilité d’aller admirer les pièces à trois occasions qu’il ne faut pas manquer :

  • Rendez-vous à Genève les 6 et 7 février au Mandarin Oriental. De 15h à 20h le 6 février et jusqu’à 13h le 7 février
  • Rendez-vous à Paris les 14, 15 et 16 février UNIQUEMENT SUR RENDEZ-VOUS au 66 avenue de Breteuil 75007 Paris de 9h à 18h.
  • Rendez-vous à Paris les 19 et 20 février pour l’exposition publique à l’Hôtel George V dans le 8e arrondissement. De 14h à 18h le 19 février et de 10h à 17h le 20 février.

Bonnes enchères et à bientôt !

ABOUT ME

marie chabrol

Hello my name Is Marie. Speaker, consultant & teacher, I write with passion about the world of jewelry.

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