La maison Lacloche Frères

Avr 27, 2014

À de nombreuses reprises, j’ai évoqué sur le blog la maison Lacloche Frères. Cette maison de joaillerie fort célèbre des connaisseurs de ce secteur a connu ses heures de gloire au cours du XXe siècle. Je me disais donc qu’il serait intéressant de vous faire un petit article historique sur cette famille afin de vous permettre de mieux la connaitre.

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Bons au porteur de 500 francs pour la société des anciens établissements Lacloche Frères. Ils datent de 1927. Photo : Catawiki

Cette maison, spécialisée dans le commerce de détail de joaillerie très haut de gamme fut fondée en 1892. Retour sur l’histoire de cette famille qui fut influente dans le milieu de la joaillerie parisienne du XXe siècle.

L’histoire de la maison Lacloche est assez compliquée à suivre et ce pour plusieurs raisons : c’est une famille nombreuse avec de multiples ramifications, il faut donc s’y retrouver dans les mariages, les voyages et les installations de ses membres dans les différents pays d’Europe, on lit beaucoup de choses fausses sur internet et y compris sur des sites très sérieux. Il est donc nécessaire de bien vérifier les dates avant de s’avancer. Heureusement, il existe le site Genpals qui est tenu par une descendante des Lacloche et qui a essayé autant que faire se peut de trier les informations et d’entreprendre un historique de sa famille. Quoi qu’il en soit, pour nous, l’histoire commence avec quatre frères : Jacques, Jules Henri, Fernand et Léopold.

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Réclame pour la maison Lacloche de Madrid, publiée en français dans le journal « Le Epoca » du 21 décembre 1895. Photo : Genpals.eu. Je reviendrai plus tard sur l’histoire de cette publicité espagnole.

On débutera l’histoire des Lacloche en 1890. A cette date, on sait que Léopold Lacloche (1863-1921) habite Bruxelles où il est bijoutier. Il voyage à Paris puis rentre à Bruxelles. Le 15 novembre 1892 est créée la  « Société en nom collectif Lacloche Frères » à Paris et elle est installée dans le 9e arrondissement au 51, rue de chateaudun. On retrouve dans cette société Léopold et son frère Jules Henri (1867-1937). Le 31 mai 1898, cette société est dissoute. Le 1er juin 1898, elle renait de ses cendres sous le nom « Lacloche et Gompers ». C’est en réalité une simple formalité commerciale où l’on assiste à l’arrivée d’un actionnaire, Louis Gompers, qui apporte sa notoriété et son argent. La famille Gompers possède en effet une joaillerie au 28 place Vendôme au début du XXe siècle et travaille depuis longtemps dans le diamant. A cette époque la maison est installée 41 avenue de l’Opéra dans le 2e arrondissement et à proximité de la Place Vendôme.

On sait aussi qu’il existait une branche espagnole créée avant 1898. Il semble que celle-ci fut initiée par Fernand (1868-1931) et Jacques (1865-1900). Il semble aussi que les deux entités de Paris et de Madrid soit entièrement dissociées. Les choses changeront plus tard.

En 1901, les choses changent encore et cette fois-ci, la maison Lacloche s’installe au 15 rue de la Paix à Paris. En effet, en 1900 est décédé Jacques Lacloche à Madrid. Il semble donc que son frère Fernand a alors fermé la boutique madrilène et rejoint ses frères à Paris. Ce qui explique que dans beaucoup de documents, on puisse lire que la fondation de la maison démarre en 1901. A partir de cette date, la maison va se développer doucement mais surement et en 1912, elle ouvrira une succursale à Londres sur Bond street. Les boutiques vendront des bijoux, bien entendu, mais aussi des vanity cases, des étuis à rouge à lèvres, des fume-cigarettes, des montres… Bref, toute une panoplie d’objets d’art proches de la joaillerie.

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Dessin de la boutique « Lacloche Frères » de Londres. A priori réalisé vers 1911-1912. Source : Hancocks London

On sait aussi qu’il rachèteront la boutique et le stock du joaillier Fabergé à Londres durant la première guerre mondiale. En effet, à cette époque, le gouvernement russe a rapatrié en Russie le personnel mais aussi les biens du joaillier de la cour impériale. Jusqu’en 1925, l’entreprise rencontre un grand succès et elle participe même à l’exposition des arts décoratifs de Paris. Il faut savoir qu’elle confie la réalisation des créations Lacloche Frères aux plus grands noms de la joaillerie en ce début de XXe siècle : Louis Girard, Georges Lenfant ou encore Georges Verger pour ne citer qu’eux. Quand se produit le krach de 1929, la maison doit alors fermer ses succursales et elle ne gardera qu’une boutique en rez-de-chaussée à Paris, laquelle fermera ses portes en 1935.

La suite vient de Jacques Lacloche II (1901-1999), neveu des frères Lacloche, qui ouvre sa propre affaire en 1936. Il commence par louer une vitrine à l’hôtel Carlton de Cannes puis il installe une bijouterie au 8 de la place Vendôme sous la dénomination « SARL Jacques Lacloche ». Il se fait connaitre avec des bracelets, des broches mais aussi des colliers de grande qualité. Comme ses oncles, il fait appel aux meilleurs artisans pour la réalisation de ses créations. Le magasin est à priori resté fonctionnel jusqu’en 1966. Après cette date, il ferme et Jacques Lacloche se reconvertit dans l’art contemporain. Il décédera en 1999.

Enfin, il a existé une maison Coven/Cohen Lacloche, installée à Buenos Aires au 325 Calle Florida. C’est une branche de la famille qui a, à un moment, immigré en Argentine.

La grande période de la maison Lacloche se situe entre les deux guerres. Elle connait son apogée à cette époque et ce sont en général les pièces de cette période qui sont recherchées. Je vous propose donc de découvrir quelques bijoux qui ont fait la réputation de cette entreprise.

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Étui à cigarettes en or, émail, diamants et pierres gemmes (rubis, saphirs…), vers 1920. Photo : Sotheby’s

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Bracelet en platine, diamants et émeraudes. Époque Art déco, vers 1925-1930. Photo : Sotheby’s

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Épingle en platine, diamants, perle fine et corail rouge sculpté, vers 1920. Photo : Bentley et Skinner

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Collier en platine, diamants et centre saphir taille RPC (rectangle pans coupés) de 29,5 carats d’origine birmane. Il date de 1925. Photo : Sotheby’s

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Parure en or, diamants et turquoises datant des années 1950. Photo : Alain Truong

A bientôt !

P.S.: j’ai réalisé cet article en faisant de nombreuses recherches et vérifications dans mes livres mais aussi sur internet. Beaucoup de renseignements viennent des sites Genpals.eu et l’histoire des Van Cleef and Arpels. Merci à eux.

À propos

marie chabrol

Bonjour, je m’appelle Marie. Conférencière, consultante & formatrice, j’écris avec passion sur l’univers de la joaillerie.

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