La rentrée de septembre s’annonce passionnante pour les amoureux du bijou, qu’il soit classique ou contemporain. Outre l’exposition Medusa au MAM Paris qui dure jusqu’en novembre 2017 et le Parcours Bijoux qui durera de fin septembre à fin novembre (nous en reparlerons très vite), la Galerie La Joaillerie Par Mazlo proposera dans le cadre de la Paris Design Week l’exposition « Sacrés Outils » (du 8 au 30 septembre 2017) dédiée à la relation entre l’artisan et ses outils pour mieux comprendre l’importance de ceux-ci dans son cheminement artistique. Aux travers de pièces de joailliers contemporains français et européens, vous aurez l’occasion de découvrir des artistes moins connus du grand public français et dont le travail mérite largement cette mise en lumière. Parallèlement, Guillaume Delaperriere vous fera découvrir Bombay au travers d’une installation vidéo. Lui qui collabore avec des institutions culturelles comme le Montreux Jazz Festival, l’Opéra de Paris et des auteurs comme Xavier Veilhan vous fera plonger dans son univers sonore personnel.
Gabi Veit, Geschoepfe/Creatura, 2016. Cuillères, Argent 925, 5 à 20 cm de longueur. Photo : Federico Cavicchioli
Juanjo Garcia Martin, Holy Brooch, 2016. Broche : méthacrylate, bois, papier, feuille d’or, circuit électrique avec diode led, argile polymère, argent 925, cuivre.75 x 78 x 30 mm. © Courtesy de Juanjo Garcia Martin
Mais l’événement sera aussi l’occasion de mettre en perspective la disparition progressive de l’outil manuel au profit du numérique qui remplace aujourd’hui l’artisan joaillier dans de nombreuses étapes de la fabrication. La question de la présence de la CAO et de la perte des savoir-faire est aujourd’hui un véritable challenge pour les entreprises du secteur. Elle rend donc d’autant plus intéressant le positionnement de l’exposition, ses questionnements et les réponses créatives apportées par les designers présents.
Robert Mazlo, Brunelleschi, 2013. Bague, pièce unique. Or vert 750 ‰, platine, diamants «têtes de taureau», cristal de roche. © photo: Bob Ivanovitch.
Ainsi Scott et Lisa Cylinder – artistes joailliers à Oley en Pennsylvanie – imaginent des bijoux qui intègrent des outils anciens, trouvés ou donnés et les recontextualisent, leurs conférant alors une nouvelle légitimité. « C’est une question d’âme… les objets que nous utilisons ont été touchés par quelqu’un. Une fois que vous voyez ces objets particuliers, vous leur associez un moment de votre vie. Il y a de la sueur et des efforts sur l’outil qu’une personne a utilisé pour créer un objet. (…) Le contact humain fait partie de ce que notre travail et constitue la raison pour laquelle nous sélectionnons les objets. » a ainsi déclaré Lisa dans une interview de 2014, résumant parfaitement la philosophie de leur studio.
Lisa & Scott Cylinder, Audacia Beetle. Broche, 2016. Pied à coulisse vintage Starrett, médaille militaire émaillée vintage,bronze, crayons, maillechort, résine époxy. 139,7 x 82,55 x 12,7 mm. Photo : Courtesy de Lisa & Scott Cylinder
Fabrizio Tridenti, Untitled. Broche, laiton, acier, émail acrylique. 2010. 71x 85 x 56 mm. © photo: Courtesy de Fabrizio Tridenti
Juanjo Garcia Martin, artiste espagnol autodidacte, présentera des pièces de sa dernières collection intitulée Mares de Asfalto et dédiée à l’environnement urbain. Lui aussi détourne des objets trouvés, mélangeant à l’or et à l’argent des matières plus inhabituelles dans le joaillerie telles que le méthacrylate, les acryliques, les résines, le cuivre, l’alpaga ou encore des matières organiques telles que le bois ou les pierres naturelles.
Carla Garcia Durlan (Quars d’una), Tool 5 “TIRALINEES INFINITES”. Broche, 2016. Bois, plastique, caoutchouc, maillechort, encre, peinture acrylique. 80 x 85 x 15 mm. Photo : Courtesy de Carla Garcia Durlan (Quars d’una)
Robert Mazlo est originaire de Beyrouth au Liban. C’est là-bas, dans l’atelier familial, puis à l’Istituto Benvenuto Cellini de Valenza-Pô, en Italie du nord qu’il se forme. Tout en s’inscrivant dans la tradition joaillière (pierres précieuses de taille ancienne, textures complexes et raffinées, alliage d’or vert), ses œuvres cultivent un goût pour l’assemblage d’éléments hétéroclites, précieux ou antiques, profanes ou religieux. Non conformiste et éloigné des motifs classiques (et souvent ennuyeux) de la joaillerie, il imagine des pièces uniques qui remettent le travail du joaillier au centre de l’objet.
Xavier Monclús, Cas fuster. Broche, 2015. Laiton, argent, bois, plastique, peinture-émail et acrylique. 5.4 x 4.8 x 1 cm. © photo : Xavier Monclús
Clara Niùbo (Quars d’una), Martell d’orelles (Marteau à oreilles). Broche. Laiton, plastique, peinture, argent. 2016.130 x 60 x 50 mm. © photo: David Vicen.
Mais l’exposition vous permettra d’explorer les réalisations de Xavier Monclús, qui vit et travaille depuis 2013 sur l’île de Minorque en Espagne. Lui, propose au travers d’un style plus enfantin et figuratif des bijoux largement inspirés par le mouvement surréaliste. Jo Pond – artiste anglaise basée dans le Staffordshire – recycle toutes sortes d’objets issus du patrimoine industriel (boîtes, boutons, pièces de monnaie, canettes, clés, etc…) propose des bijoux qui changent notre perception sur des objets du quotidien et n’hésite pas à les associer à de l’or et des diamants. Vous découvrirez les pièces de Fabrizio Tridenti qui imagine des bijoux à partir de rebus industriels, ceux du collectif Quars d’una qui pour le projet Sense Mesura « se sont entourées d’outils, d’instruments qui fonctionnent comme des extensions de leurs mains et qui ont leur propre vie » créant ainsi des pièces qui se veulent des vecteurs de communication. La designer Katja Prins vous fera réfléchir à la place des machines dans nos vie et à nos relations ambiguës, parfois, avec elles. Enfin, la plasticienne Gabi Veut vous invite à découvrir sa vision de la petite cuillère, cet objet usuel qu’elle transforme en bijoux. Un travail de réflexion nécessaire à l’heure où nous sommes perfusés quotidiennement de technologie !
Katja Prins, Inter-Act. 2010, broche : argent et onyx reconstitués. ± 10 x 9 x 4 cm. © photo: Francis Willemstijn
Jo Pond, Collection Prince Albert. Broches : Boîtes à tabac et d’Altoids, acier, fer. 2016, 12 x 10 cm pour la pièce la plus grande. © photo : Courtesy de Jo Pond
L’événement se tiendra du 8 au 30 septembre à LA JOAILLERIE PAR MAZLO, 31 rue Guénégaud dans le 6e arrondissement de Paris. À ne surtout pas manquer !
À bientôt !