Une vie dans un bijou

Oct 12, 2017

S’il est une exposition organisée dans le cadre du Parcours Bijoux que j’attends particulièrement, c’est bien de celle dont je m’apprête à vous parler. « Triptyque : la vie, l’amour, la mort » ouvrira le 13 octobre à la Galerie La joaillerie par Mazlo dont je vous ai parlé il y a peu pour l’excellent et remarquable événement « Sacrés Outils » qui vient tout juste de fermer ses portes. J’espère sincèrement que vous avez pu y aller et que vous irez découvrir celui qui arrive.

Mazlo

Mais revenons à Triptyque. En invitant six créateurs contemporains à exposer leurs pièces pensées autour du thème de notre passage sur terre, la galerie invite les visiteurs à se questionner sur la valeur intrinsèque du bijou, à savoir un marqueur intime que l’on porte sur soi et qui a pour objectif de nous survivre. Car longtemps le bijou a surtout été un élément intime, porte-bonheur, talisman contre le mauvais oeil mais aussi (et c’est encore le cas) marqueur d’événements heureux et importants d’une vie comme des fiançailles, baptêmes, mariages. Il est de ce fait profondément lié à la vie du porteur et plus encore si l’on se réfère aux bijoux de deuil qui jusqu’à l’apparition de la photographie ont offert la possibilité de conserver portraits peints et cheveux des morts.

Trois pendentifs par Zoe Arnold : Birth, Life et Death en argent oxydé, nacre, zinc, photo, corindons bruts de Madagascar et jade, 2017. Photo : La Joaillerie par Mazlo

Broche Serenade par Lisa et Scott Cylinder en argent, bronze, maillechort, amarante, peinture, celluloïd et clé de saxophone ancienne, 2017. Photo : La Joaillerie par Mazlo

Parallèlement à cela, le bijou a pour objectif d’être vu et admiré. Il est un élément souvent incontournable d’une tenue féminine mais aussi masculine. Se pose la question des bijoux reliquaires, destinés – certes – à être vu mais aussi à conserver des éléments secrets souvent intimes que l’on ne souhaite pas dévoiler. Le bijou serait donc une sorte de passeur entre vie privée et vie publique donc exposée ? Autant de questions, et je m’arrête là, que l’exposition pose en proposant des réponses créatives et narratives qu’il est nécessaire de découvrir.

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Pendentif / broche Memento Mori La Vie, l’Amour, la Mort par Robert Mazlo en argent, or, météorite, perles et diamants. Photo : Bob Ivanovitch

Broche Memoria Aperta N.5 par Barbara Paganin : argent, photographie, porcelaine, verre, saphir et or, 2011-2013. Photo : Alice Pavesi Fiori

Parmi les différents créateurs, vous retrouverez Scott et Lisa Cylinder que vous avez découvert dans la précédente exposition ou encore Robert Mazlo dont le travail entre joaillerie et alchimie est toujours passionnant. Plus personnellement, j’ai été intriguée et captivée par les pièces du duo Robin Kranitzky et Kim Overstreet mais aussi celles, ludiques, de Asagi Maeda. Enfin, les pièces de Zoe Arnold et de Barbara Paganin m’ont intéressé par leurs esthétiques proches de certains bijoux de deuil que j’aime à admirer depuis maintenant plusieurs années.

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Broche et sa base Live each day par le duo Robin Kranitzky et Kim Overstreet : bois, acrylique, laiton, cuivre, papier et acétate, 2017. Photo : La Joaillerie par Mazlo

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Bracelet My life with beds par Asagi Maeda en argent, or, verre acrylique, tourmaline, opale et perles diverses, 2017. Photo : La Joaillerie par Mazlo

L’événement se complétera d’une exposition photos par Eric Antoine mais aussi de la présentation du projet 1350°C qui mélange photographie, bijouterie, céramique, émaillage. Ce projet réalisé par Hector Olguin et Cynthia Ayral explore le thème érotique entre représentation européenne et imaginaire japonais de la période Edo entre les XVIe et XIXe siècles. Cette recherche questionne le caractère insaisissable mais aussi intemporel de l’érotisme, point de départ de l’appropriation du désir. Les bijoux érotiques sont toujours tabous de nos jours même s’ils sont plus assumés. Je profite de cet article pour vous rappeler l’exposition Médusa qui termine dans trois petites semaines et qui vous en apprendra un peu plus sur ces bijoux dont le caractère au combien secret est indiscutable !

Le projet 1350°C porté. Photo : La Joaillerie par Mazlo

L’exposition « Triptyque : la vie, l’amour, la mort » va durer un mois, jusqu’au 15 novembre 2017. La galerie La Joaillerie par Mazlo est un endroit étonnant que je ne peux que vous inviter à découvrir. Située à quelques rues du Pont Neuf, dans un quartier charmant, le lieu propose toujours une réflexion pertinente et pointue sur la joaillerie contemporaine. A ne pas manquer donc !

À bientôt !

À propos

marie chabrol

Bonjour, je m’appelle Marie. Conférencière, consultante & formatrice, j’écris avec passion sur l’univers de la joaillerie.

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Voici ma bibliothèque idéale. Tous ces livres font partis de ma propre bibliothèque et je les relis toujours avec un immense plaisir.