Au sujet des micro mosaïques italiennes

Déc 30, 2013

Les micro-mosaïques sont des pièces italiennes romaines, vénitiennes et florentines. La grande période de fabrication fut entre la fin du XVIIIe et la fin du XIXe siècle. La technique romaine veut que les pièces après l’assemblage et le collage soient cirées contrairement aux pièces vénitiennes. Les pièces produites à Venise sont souvent considérées comme étant d’une qualité moindre, ce qui est plutôt faux pour les bijoux des XVIIIe et XIXe siècles. Il existe deux types de pièces : les micro mosaïques classiques montées par assemblage de minuscules plaquettes taillées dans des baguettes de verre, smalti filati, et les Pietra dura qui sont des marqueteries de pierres dures et qui sont florentines. Un assemblage composé de formes régulières est typique de Rome, alors qu’à Venise on utilise une grande variété de forme pour la création des mosaïques.

On commence à voir apparaitre ces bijoux ailleurs qu’en Italie au cours du XVIIIe et du XIXe siècles à la faveur du Grand Tour, voyage initiatique qu’entreprenait les jeunes gens (mais aussi les collectionneurs et amateurs d’œuvres d’art) issus de la haute-bourgeoisie européenne durant – ou à la suite – de leurs études.  A cette époque, la photographie n’existe pas encore et ces bijoux permettent de véhiculer en Europe les paysages italiens. Parmi les sujets de prédilection des ateliers on trouve : les paysages de Toscane et d’Italie en général, les ruines antiques et bien entendu les grands monuments de Rome et du Vatican. Ces pièces faisaient aussi office de souvenirs que l’on ramenait de son voyage.

Elles étaient réalisées grâce à un assemblage de petites plaquettes en verre (parfois de pierres ou de la faïences) – des tessères – finement ajustées. Cet assemblage était ensuite inséré dans une monture de verre noir (mais on trouve aussi de l’onyx pour les plus précieuses). Enfin elles étaient serties dans des montures en or jaune ou argent.

Avec le temps mais aussi l’augmentation de la demande, le travail perdra en finesse. Les sujets classiques sont remplacés par les sujets floraux. Aujourd’hui, ces pièces sont couramment montées sur cuivre ou laiton. Si on les trouve couramment vendues aux touristes comme autrefois, les pièces n’ont absolument rien à voir avec la production du XVIIIe siècle.

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Micro mosaïque (sans monture) représentant les jardins de Tivoli. Seconde moitié du XIXe siècle, 4,4 x 3,5 cm. Photo : Drouot.com.

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Lot de six boutons représentant des ruines antiques, montés sur or, vers 1850. Les mosaïques mesurent 8 mm de diamètre, les boutons mesurent 1,3 cm de diamètre. Photo : Expertissim.

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Parure en or et micro mosaïques de l’impératrice Marie-Louise. Elle fut fabriquée par le joaillier François-Regnault Nitot (1779 – 1853). Elle fut inscrite à l’inventaire des diamants de la couronne en 1811. Photo : Musée du Louvre.

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Détail des micro mosaïques figurant sur la parure de l’impératrice Marie-Louise. Photo : Musée du Louvre.

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Demi-parure dans son écrin, vers 1830, Venise. Photo : Inez Stodel.

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Demi parure en or d’origine vénitienne, seconde moitié du XIXe siècle. Photo : Chamarande (via Alaintruong.com).

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Travail typique de micro mosaïque de Venise montée sur cuivre, XXe siècle. La broche fait environ 4 cm de diamètre. Photo : Ebay.

Les Pietra dura sont, à la différence des micro mosaïques, des marqueteries de pierres dures : agate, jade, cornaline, malachite, lapis-lazuli mais aussi turquoise, nacre ou encore corail. Si la technique est ancienne en Italie pour des objets usuels comme de décoration (boites, cadres, coffres…), les bijoux commencent à être popularisés à la fin du XVIIIe et surtout au cours du XIXe siècle. Ces marqueteries sont, elles aussi, ajustées et collées dans un entourage en onyx (parfois en verre mais plus rare) et le plus souvent serties dans des montures en or. Ce sont des pièces très précieuses et donc recherchées dans les ventes aux enchères.

Les motifs floraux font partis des sujets favoris des ateliers chargés de la réalisation de ces pièces. Mais on trouve aussi des animaux et principalement des oiseaux mais aussi des coquillages, des papillons… etc.

Il est aussi important de préciser que l’on trouve ces bijoux partout en Europe. Les mosaïques, qui étaient produites en Italie, étaient ensuite vendues pour être montées dans d’autres pays. Ceci explique les différents types de montures que l’on peut ainsi trouver.

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Bracelet en or et Pietra dura florentines, milieu du XIXe siècle. Photo : Christie’s.

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Broche en or et Pietra dura florentine, XIXe siècle. Photo : Lang Antiques.

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Collier en or et médaillons représentant des papillons, vers 1850. Photo : James Alfredson Jewellers.

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Broche en or et Pietra dura dans une matrice en lapis-lazuli (rare !), vers 1880. Photo : Rubylane.

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Collier d’esclavage en or, de fabrication française, et serti de Pietra dura italiennes, vers 1810. Photo : Victoria and Albert Museum Collection.

A bientôt !

À propos

marie chabrol

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