Il y a quelques semaines, j’ai proposé à Samuel, joaillier et gemmologue, de me raconter son parcours et de partager son expérience dans la joaillerie alors qu’il a décidé de faire une pause dans la pratique de son métier. Je trouvais cela très intéressant d’avoir son regard sur ce secteur. C’est avec une grande gentillesse qu’il s’est prêté au jeu. Bonne lecture !
Photo : Samuel B.
- Peux-tu te présenter rapidement ?
Je m’appelle Samuel, j’ai 31 ans et je suis marié. Je suis joaillier et gemmologue de métier.
- À quel moment, t’es-tu dis que tu voulais travailler dans la joaillerie ?
En 3e, en France, il faut réaliser un stage obligatoire en entreprise. J’ai donc fait mon stage de trois jours chez un joaillier. Le travail du métal et des pierres précieuses m’a beaucoup plu.
- Avais-tu de la famille dans ce métier ?
Pas du tout
- Et finalement comment cela s’est-il concrétisé ? Tu es entré en apprentissage ?
Après la 3eme, j’ai cherché un maitre d’apprentissage pour faire un CAP en alternance, que j’ai eu la chance de trouver.
- Quel âge avais-tu ?
J’avais juste 15 ans 1/2 quand j’ai commencé.
- Ce n’est pas trop dur de passer de l’école au monde du travail ?
C’est évident que le rythme change. Il y a moins de vacances, un patron, de nombreuses responsabilités… Heureusement qu’il y avait les semaines de cours de temps en temps. C’est plus simple pour passer des études au travail à plein temps et ce tout en douceur.
- Quel parcours spécifique (diplômes) à la bijouterie as-tu suivi ?
En ce qui concerne la bijouterie, j’ai commencé par un CAP métaux précieux option bijouterie (3 ans et qui n’existe plus). Puis j’ai passé une mention complémentaire en joaillerie (1 an).
- Tu penses que l’on apprend mieux à l’école ou à l’atelier ?
À l’atelier bien sur. On apprend tellement plus vite avec un bon maitre d’apprentissage à ses cotés.
- As-tu un ou plusieurs souvenirs marquants liés à ton apprentissage ? Si oui, tu veux bien nous raconter ?
Il y a beaucoup de souvenirs. On voit tellement de choses en 7 ans d’apprentissage.
Il y a bien une petite anecdote de mes débuts : j’avais une médaille sur laquelle je devais changer la bélière. Je mets la nouvelle bélière, la soude puis la met au déroché. Et surprise, je n’ai retrouvé que la bélière à la sortie du déroché, la médaille était de la camelote et elle s’est dissoute … toujours délicat quand ça appartient à un client.
Que dire de plus ? J’ai eu la chance de fabriquer les alliances de mariage d’Adriana Karembeu par exemple , ou bien de faire des bijoux parfois surréalistes en terme de valeur avec des pierres à plusieurs centaines de millier d’euros voir à plus d’un million d’euros pour une bague …
- Tu as fait de la gemmologie. Pourquoi ?
Je me suis mis à la gemmologie car c’est une passion depuis mon enfance. À chaque voyages avec mes parents j’achetais toujours des pierres brutes en souvenirs. Petit à petit, j’ai constitué une petite collection de minéraux. J’en déduis que cette passion pour les pierres est là depuis mon plus jeune âge.
- Quel parcours d’études as-tu suivi dans ce domaine ?
Spécifiquement en gemmologie, j’ai commencé par une mention complémentaire de gemmologie (1 an), suivi d’un BP gemmologue (2 ans) et ensuite je suis parti faire le AG program de l’AIGS à Bangkok (6mois)
- C’est un fait, les pierres te plaisent. Elles impliquent parfois de voyager. Tu nous racontes.
Pour les passionnés de pierres, les voyages sont importants. Cela nous permet d’aller voir sur le terrain comment elles sortent des mines, comment elles sont traitées, comment elles sont vendues etc.
Ce sont des choses qui sont difficiles à observer depuis la France. Et puis, c’est tellement enrichissant de voyager, de découvrir de nouvelles cultures, de nouvelles personnes ayant chacunes une histoire différente.
- Tu as vécu à l’étranger, en Thailande. C’était comment ?
C’était top, une vie si différente de la France avec beaucoup de rencontres de différentes cultures et nationalités. Les années passées là-bas furent vraiment intéressantes.
- Est-ce que ça te manques ? Ou préfères-tu vivre en France ?
Oui, ce pays me manque. J’adore ce pays et ses voisins dans le Sud-Est asiatique. J’y finirai très certainement mes jours.
- Tu as choisi de faire « une pause » dans ton métier. Tu nous expliques ce qui a provoqué ce choix.
Surement la lassitude de l’atelier après 15 ans à la cheville. J’ai eu envie de changer d’horizon et il est parfois bon de faire une pause pour se ressourcer, se renforcer, et repartir de plus belle. Et c’est toujours intéressant de découvrir de nouvelles choses et de faire nouvelles rencontres dans un univers complètement différent.
- Est-ce que tu comptes revenir à ce métier ?
Oui très certainement. Je suis trop amoureux des belles pierres précieuses pour les mettre de cotés dans ma vie pour toujours.
- Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui veut démarrer dans ce secteur pro ?
Le plus important est de démarrer au bon endroit aux cotés des bonnes personnes. Je veux dire par là que si on a la possibilité d’avoir un maitre d’apprentissage ou « mentor » exceptionnel comme cela a été le cas pour moi c’est juste parfait pour apprendre vite et bien !
Et sinon de ne pas avoir peur de bouger dans ce métier et d’apprendre dans des endroits différents avec des personnes différentes pour se faire la meilleure expérience possible.
À bientôt !