Instagram a cela de magique qu’il me permet jour après jour de découvrir des artistes différents, hors du temps mais surtout inspirants. La magie opère alors un peu plus quand je peux alors me rendre dans l’atelier et découvrir la façon de travailler, la philosophie et tout ce qui compose cet univers particulier.
Marianne Guély
Dans le studio, rue de Provence. Photo : Marie Chabrol
C’est ce qui s’est passé avec Marianne. Je ne sais pas exactement à quel moment j’ai découvert son travail ou si c’est elle qui a commencé en premier à me suivre, mais je sais que j’ai été très vite subjuguée par ce qu’elle montrait à voir au travers des petits formats photos de la plateforme. C’est à la suite d’une présentation haute joaillerie place Vendôme que je l’ai contacté pour savoir si, par hasard, les bustes en papier étaient une de ses réalisations. Il ne s’agissait finalement pas de son travail mais l’idée d’un rendez-vous était enclenchée ! Il fut donc pris il y a quelques semaines dans sa très jolie boutique du 46 rue de Provence dans le 9e arrondissement de Paris où elle imagine et conçoit une partie de ses réalisations avec son équipe.
Ce petit singe en papier et cuir est revenu de Hong Kong. Il faisait parti d’une scénographie réalisée pour le Nouvel An chinois au LandMark Mall en janvier 2016. L’atelier a, entre autres, réalisé 62 singes tel que celui-ci. Photo : Marie Chabrol
Vous reconnaitrez l’Opéra de Paris sur cette maquette éclairée ! Photo : Marie Chabrol
Il y a chez Marianne, son associé Vincent Blot, mais aussi dans le studio, une grande douceur et beaucoup de poésie. Des structures en papier sont posées de-ci, de-là, dans un joyeux désordre créatif. Il y a de la couleur, tantôt pastel, tantôt plus vive, du doré, de l’argenté, des milliers de références de papiers qui viennent du monde entier et que des mains habiles transforment en fleurs, en lanternes, en paravents, en créatures magiques et merveilleuses… On comprend mieux, alors, pourquoi les plus grandes maisons de luxe (dont celles de haute joaillerie) font appel aux talents de cet atelier unique en son genre dont j’ai eu envie de vous compter l’histoire.
Vincent Blot. Photo : Studio Marianne Guély
Détail des éléments constituant un important luminaire en papier et LED. Photo : Marie Chabrol
Détail d’une réalisation de décor pour le lancement du parfum Dior J’Adore. Ici, le papier est doré à la feuille d’or. Photo : Marie Chabrol
Mise en forme des pétales en papier pour le décor réalisé lors du lancement du parfum Dior J’Adore. Photo : Studio Marianne Guély
Cela fait bientôt trente ans que Marianne utilise le papier. A l’origine de cette passion pour cette matière, il y a les livres que l’on collectionne dans sa famille puis, plus tard, le papier qu’elle utilise pour ses maquettes alors qu’elle est étudiante à l’Ecole Olivier de Serres (ENSAAMA) dont elle sort diplômée en 1989. Le papier devient son médium préféré, il est léger, il a du volume, il laisse passer la lumière. Il offre une large palette de possibilités et surtout il n’est pas très onéreux offrant ainsi un droit relatif à l’erreur pour déconstruire puis recommencer.
Création d’un décor de vitrine pour le réseau des boutiques Cartier à l’occasion du nouvel an chinois 2014 sur le thème du cerisier. Déclinaison du concept sous forme de podiums pour les shopping mall – Asie. Février 2014 – Chine, Hong Kong, Taiwan, Singapour, Australie, USA. Photo : Marie Chabrol
Design papier de 5 touches olfactives en papier olfactif inspirées du bestiaire Cartier pour le Laboratoire Précieux du Printemps de la Beauté. Techniques utilisées: découpe, gaufrage, dorure à chaud et micro-perforation. Photo : Marie Chabrol
Pendant un temps, elle va travailler avec des agences, puis très rapidement en freelance et en 2001, elle se lance complètement en ouvrant le Studio Marianne Guély. La boutique du 9e arrondissement voit le jour il y a une dizaine d’année et se complète depuis d’un atelier de plusieurs centaines de mètres carrés à Aubervilliers pour la réalisation des structures monumentales. Car c’est bien là le coeur de métier de Marianne : de la proposition à la création de scénographies entières et de mises en scène, parfois gigantesques, entièrement réalisées en papier. Puis, ensuite, la miniaturisation, la conception d’objets, d’univers pour des vitrines et des invitations. Mais attention, son métier n’a rien à voir avec de l’imprimerie et elle n’est pas non plus designer graphique. C’est un peu tout ça à la fois avec une volonté, tenace, de concevoir des pièces qui offrent une durabilité exceptionnelle, des objets que l’on va conserver voir même exposer car ce sont d’abord des objets d’art.
Livre réalisé pour la maison Cartier et contenant un diadème en papier pouvant se porter. Photos : Marie Chabrol
En 2005, elle concrétise une commande pour la maison Baccarat autour du thème « La belle et la bête » pour la nouvelle collection de Philippe Starck. A partir de cette date, tout s’enchaine très vite pour elle et le studio qui depuis signent des décors merveilleux à l’image, dernièrement dans le secteur joaillerie, de « La nature de Chaumet » (2016), de l’espace Piaget lors du SIHH (2016) ou encore le décors de la nouvelle boutique de la maison HRH Jewels.
Réalisation d’un luminaire en papier. Photo : Marie Chabrol
Réalisation d’un décor dans l’atelier. Photo : Studio Marianne Guély
Mais alors, comment sont fabriquées ces structures ? Car c’est la question que l’on se pose en les découvrant. La technologie a depuis complété le travail entièrement manuel de l’atelier et la découpe laser est aujourd’hui d’une grande aide pour la réalisation des projets. Mais la grande majorité du travail est encore faite à la main dont, et c’est une étape particulièrement importante, l’installation des éléments dans des lieux qui peuvent être en France mais aussi à l’étranger puisque dernièrement des structures uniques ont voyagé jusqu’en Corée du Sud… Ce qui n’est pas une petite organisation !
Réalisation d’un plumier pour la maison Van Cleef and Arpels (2014). Photo : Marie Chabrol
Réalisation de mini-livres pour la maison Cartier où figurent des créations iconiques comme la fameuse broche coccinelle en or, émail, corail et diamants. Photo : Marie Chabrol
Je ne peux que vous inviter à passer devant l’atelier de Marianne et à admirer les structures exposées. Entre ses mains et celles de ses proches collaborateurs, le papier – cette matière à priori sans prétention – devient ludique, joyeux et ouvre les portes d’univers incroyables. N’hésitez pas à la rencontrer si vous avez un projet, elle et son équipe sauront répondre à vos demandes avec créativité et justesse. S’il est une rencontre que je suis heureuse d’avoir faite et un univers que je suis ravie de pouvoir vous faire découvrir, c’est bien celui-ci !
Vers la rue de Provence. Détail des paravents découpés. Il est temps de revenir à la réalité. Photo : Marie Chabrol
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Studio Marianne Guély
46 rue de Provence, 75009 Paris
vincent@marianne-guely.com (scénographie)
À bientôt !