Avec Max Mazlo, la CAO vous veut du bien

Oct 12, 2018

S’il y a une expression qui a tendance à crisper de nombreux joailliers, sertisseurs et polisseurs, c’est bien le terme  CAO qui signifie « Création assistée par ordinateur ». Cette technique est apparue dans le secteur de la joaillerie au tout début des années 2000 mais c’est depuis une dizaine d’années qu’elle est utilisée intensivement dans les ateliers et les bureaux de créations. Mais pourquoi une telle crispation autour d’une méthode à priori intéressante ? Tout simplement à cause, souvent, du manque de formation pratique des infographistes qui ont rejoint notre secteur sans avoir pratiqué à l’établi la fabrication des bijoux. Car, ce qui est beau sur un écran ne l’est pas toujours quand vient le temps du grattage et de l’assemblage.

C’est dans cette optique que je suis allée à la rencontre de Max Mazlo, joaillier et surtout infographiste freelance dans le 9e arrondissement de Paris pour comprendre comment la CAO peut être une aide et comment elle doit se pratiquer pour que les choses fonctionnent parfaitement.

max mazlo

Max Mazlo

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Pendentif en or, jade, émail et perle gold. Collection privée. Photo : Max Mazlo

Avant de s’installer à son compte, Max a d’abord suivi une formation pratique dans la joaillerie et travaillé de nombreuses années avec son père : Robert Mazlo. En 1997, il rejoint le lycée Nicolas Flamel, à l’époque cette école est un haut lieu de formation pour la bijouterie et la joaillerie. Aujourd’hui, l’école n’existe plus en tant que telle mais a fusionné avec l’École Boulle qui a vu, ainsi, la création d’un département de formation en joaillerie. Il passe d’abord son CAP puis un BMA. Il s’essaye aussi au sertissage durant une petit année. Non pas pour devenir sertisseur mais pour mieux comprendre comment cela fonctionne et les impératifs techniques que doit respecter un joaillier lors de la fabrication de sa pièce. C’est également durant ses études qu’il approche de manière partielle le travail sur l’ordinateur car celui-ci fait une timide apparition dans les écoles. Nous ne sommes qu’au début d’un mouvement qui va bouleverser durablement le secteur.

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Bague en argent et vitrail de Chartres. Collection Privée. Photo : Max Mazlo

Après Flamel, il intègre l’AFEDAP pour développer ses envies de création et s’extraire un peu de la technique. A la suite de cela, il entre alors chez son père où il restera presque quatre ans de 2004 à 2008. Il caractérise alors cette période comme « un moment dédié principalement à la créativité« . Si la technique est importante chez les Mazlo, elle ne doit pas se départir de l’invention et de l’imagination. Une pièce doit être correctement exécutée mais elle se doit de raconter des choses et des histoires. Il va alors faire de nombreuses expérimentations : pierres gemmes, vitrail de Chartres… etc. Durant toutes ces années, il continue de travailler sur les logiciels de CAO, il suit des formations, se renseigne sur les nouveaux procédés et continue de s’améliorer dans sa pratique de ces nouveaux outils qui, lorsqu’il quitte l’atelier familial, sont désormais parfaitement implantés dans le processus de fabrication en joaillerie. En 2008, il intègre pour quelques mois un atelier de haute joaillerie pour faire du développement CAO en interne puis il décide de se lancer à son compte au tout début de l’année 2009. Dans la foulée, il devient également formateur pour Rhino 3D, un important fournisseur de logiciels à destination de l’industrie joaillière. C’est ainsi que née MaxM, son entreprise dédiée à la conception et à l’impression 3D.

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Pendentif en or blanc et jaune serti d’un entourage de diamants noirs et blancs, d’un péridot, d’une améthyste et d’une perle de Tahiti. Collection privée. Photo : Max Mazlo

« Le 3D combine défis et technicité. Mais en joaillerie, elle nécessite d’avoir une bonne base à l’établi pour la pratiquer correctement. Sans cela, on en arrive aux crispations que l’on connait : des pièces mal conçues, des ajustages qui ne fonctionnent pas, des retreints de fonte mal calculés, du temps que l’on ne devrait pas perdre. »

Max Mazlo

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Bague en argent poli/brossé et vermeil micro martelé, sertie d’une améthyste. Série limitée à dix exemplaires. Photo : Max Mazlo

Parallèlement à son expertise en modélisation et son travail pour ses clients joailliers et designers, Max initie aussi un travail de création pour quelques clients privilégiés, en Europe mais aussi en Asie et plus particulièrement au Japon. Lui qui ne se décrit par comme un artiste mais bien comme un technicien trouve  dans cette pratique créative une manière différente de pratiquer son métier. Convaincu aussi que la 3D n’est pas toujours la solution parfaite, il n’hésite pas à travailler à la main quand la réalisation n’est possible que de cette manière. Son travail personnel mélange or, titane, diamants, jade… Il suit sa propre inspiration. A la question de savoir s’il se lancera un jour dans la conception d’une collection complète, il estime que c’est possible. Reste à trouver le fil conducteur de celle-ci mais aussi le temps car outre son entreprise, il est également enseignant à l’Académie des Métiers d’Art où il transmet la 3D avec sa manière, à lui, de bien faire les choses pour que celle-ci ne soit plus une source de crispation pour de nombreux artisans.

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Bague en or, titane et diamant. Photo : Max Mazlo

Aujourd’hui, les techniques informatiques modernes sont bien présentes dans notre métier, elle continuent d’évoluer et les développeurs comme les bureaux de créations vont de plus en plus loin. En témoigne la dernière collection de la maison Boucheron qui a fait appel à la tomodensitométrie pour capter toutes les nuances des fleurs et végétaux qui composent « Nature Triomphante ». Désormais, vous le savez, la 3D ne vous veut que du bien. A la condition ultime qu’elle soit pratiquée par des professionnels de la joaillerie et également dans une utilisation raisonnable. Quoi qu’il en soit, vous savez aussi à qui vous adresser !

À bientôt !

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Max Mazlo – MaxM

32 rue des Victoires, 75009 Paris

+33 (0) 1 77 18 31 76

À propos

marie chabrol

Bonjour, je m’appelle Marie. Conférencière, consultante & formatrice, j’écris avec passion sur l’univers de la joaillerie.

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Voici ma bibliothèque idéale. Tous ces livres font partis de ma propre bibliothèque et je les relis toujours avec un immense plaisir.