La « Genèse des formes » s’expose à la Galerie Mazlo

Déc 15, 2018

« Morphogenesis », la genèse de la forme, la genèse des formes. Voila en quelques mots tout le champ des possibles qui s’ouvre avec la nouvelle exposition de la Galerie La Joaillerie par Mazlo dont nous parlons régulièrement sur le site. Dans le cadre de la saison France-Israël 2018, ce haut lieu parisien du bijou contemporain international accueille deux artistes que vous vous devez de découvrir, redécouvrir et connaitre : Attai Chen et Carina Shoshtary. Deux références fondamentales du secteur. Une vraie et intense découverte pour nous que nous espérons vous faire partager.

 

L’expostion vous accueille au 31 rue Guenegaud jusqu’au 29 décembre 2019. Photo : La Joaillerie par Mazlo

Attai Chen est issu d’une famille d’artistes. Né en 1979 à Jérusalem, il vit et travaille à Munich depuis 2007. Titulaire de plusieurs prix prestigieux, à l’image du prix Oberbayerischer pour les arts appliqués (2011), il se définit avant tout comme sculpteur. Le bijou fait parti des médiums qu’il explore avec un intérêt certain et un grand talent. Son matériaux de prédilection reste le papier qu’il utilise de manière quasi compulsive en l’associant aux matériaux de récupérations les plus pauvres tels que le bois, le graphite ou encore de menus objets trouvés qui s’intégreront dans ses réalisations.

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ATTAI CHEN. UNTITLED (15). Série Compounding fractions. Broche, 2011. Papier, peinture, colle, argent, laiton, acier. 155 x115 x105 mm. Photo : la Joaillerie par Mazlo

Né en Israël, il est marqué par l’âpreté des paysages et des profonds contrastes qu’offrent ceux-ci. De ces lieux, il garde une palette de couleurs qui signe ses œuvres : brun, ocre, sable, blanc cassé… Tout évoque la lumière crue du désert et les teintes des formations géologiques qui le peuplent. L’Allemagne et plus particulièrement la campagne bavaroise apporteront plus tard des nuances nouvelles et plus franches. Sa formation classique en bijouterie à la Bezalel Academy le porte ensuite vers Munich et l’enseignement du professeur Otto Künzli ; ce qui lui ouvrira considérablement sa perception de ce que doit être un bijou. Ses créations interroge la mutation de la matière, sa déconstruction puis sa reformation, différente. Elles renvoient à des questionnements fondamentaux sur la transformation.

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CARINA SHOSHTARY. MULTICLAVULA 4. Série Karma Chroma. Collier, 2017. Graffiti, verre, coquillages, argent. Pendentif  : 14,2 x 16,5 x 3,3 cm. Photo : La Joaillerie par Mazlo

Carina Shoshtary est germano-iranienne. Elle née en 1979 à Augsbourg en Allemagne. Ses études d’orfèvrerie traditionnelle lui permettent, comme Attai Chen, de parfaitement maitriser les techniques de fabrication des bijoux et des objets qu’ils conçoivent et réalisent. Elle aussi suivra l’enseignement du professeur Künzli aux Beaux-Arts de Munich. Lauréate de plusieurs prix internationaux, ses créations figurent également dans de nombreux musées comme le musée Röhsska de Göteborg ou le Musée international du design de Munich.

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ATTAI CHEN. CLASHES. Série Terra Mutantica. Collier, 2014. Bois, peinture, plastique, laiton, porcelaine, fer, carton, lin. 330 x 210 x 90 mm. Photo : La Joaillerie par Mazlo

Si les matériaux de récupérations sont l’essence même de son processus créatif, la comparaison avec Attai Chen s’arrête là. Carina amasse, garde et réutilise des éléments souvent anodins pour le communs des mortels : coquilles de noisettes ou d’amandes, morceaux de bois, papier ou encore coquillages… Mais c’est les fragments de graffitis qui signent véritablement ses pièces. Issus de peintures urbaines, elle récolte ces fragments quand ils sont au sol. Après les avoir réduis sous forme de paillettes ou de « sequins », elle les utilise pour former des sortes de mosaïques, recouvrant patiemment – avec eux – des fragments  naturels. Ici des coquilles de fruits secs, là une étoile de mer, ailleurs une branche évoquant alors des bois de cerfs ou du corail. Elle confère alors une deuxième vie à ces « déchets » et les métamorphose en quelque chose de beau. Une forme de réhabilitation et peut-être même de rédemption. La transformation qu’elle opère avec un immense talent et une grande poésie interroge, bien sur, sur la pérennité et l’urbanité des choses.  Comme pour montrer que la vie ne peut renaitre que du chaos.

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CARINA SHOSHTARY. VENUS 6. Série Karma Chroma. Broche, 2018. Graffiti, verre, argent, coquillages, acier. 7,3 x 6,0 x 1,5 cm. Photo : La Joaillerie par Mazlo

Les pièces de ces deux artistes méritent votre visite et votre attention. Il faut prendre le temps de les observer, de les détailler pour comprendre les processus créatifs en action. Il s’agit aussi de se questionner sur ce que doit et peut être un bijou. Attai Chen et Carina Shoshtary ont tous les deux un talent particulier pour sublimer des matières auxquelles peu de gens accorderait de l’intérêt. Comme un écho joaillier à l’affirmation de Lavoisier : « dans la nature, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».

À bientôt !

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L’exposition « Morphogenesis » vous accueille jusqu’au 29 décembre 2018. Elle sera fermée le jour de Noël et selon les événements parisiens.

À propos

marie chabrol

Bonjour, je m’appelle Marie. Conférencière, consultante & formatrice, j’écris avec passion sur l’univers de la joaillerie.

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Voici ma bibliothèque idéale. Tous ces livres font partis de ma propre bibliothèque et je les relis toujours avec un immense plaisir.