De Arina Pouzoullic, il faut d’abord retenir la générosité puis le sourire. Ou l’inverse, c’est vous qui déciderez le jour où vous la rencontrerez. C’est le hasard des liens dans l’univers de la joaillerie qui l’a mise sur ma route ou inversement. Et je l’ai apprécié dès la première seconde. Joyeuse, pétillante, pleine d’humour, amoureuse inconditionnelle des bijoux et créatrice de la galerie digitale Second Pétale dédiée aux bijoux vintages, il n’en fallait pas plus pour que nous nous entendions. Aussi, lui ai-je proposé de se prêter au jeu du portrait afin de vous la présenter. Chers lecteurs et chères lectrices, je vous emmène à la rencontre d’une femme aussi discrète qu’étonnante. Et une femme qui sait exactement ce qu’elle veut.
Arina Pouzoullic. Photo : Simon Martner
De la Sibérie où elle est née et de la région de Moscou où elle a grandit, Arina a gardé de nombreux souvenirs. Élevée par ses grands-parents durant son enfance, elle emménage à l’âge de 17 ans à Moscou. Elle qualifie elle-même cette époque « d’intense, car il y avait d’immenses changements dans le pays ». Pour celle qui a connu les bouleversements politiques de cette époque du début des années 90, « l’ouverture au capitalisme » est une chance et une possibilité de voyager comme de s’approprier ce monde qu’elle rêve de découvrir. Au moment de choisir une voie professionnelle, elle se décide pour l’Université des Finances de Moscou. L’école – fondée en 1919 – est la meilleure dans ce domaine et assure la plus qualitative des formations.
La galerie Second Petale est dédiée aux bijoux vintage à l’image de ce pendentif en or et silverium de la maison Cartier. Photo : Damien Berger
Broche « Lion » JEAN COCTEAU en or jaune 750, stylisée d’une tête de lion ajourée et ornée d’un rubis. Monogrammée. Photo : Yann Kukucka
Avec l’ouverture de la Russie, le pays devient un terrain de jeux pour les entreprises et les investisseurs du monde entier : « j’étais certaine de pouvoir trouver un bon travail en sortant de cette école et ainsi j’ai pu travailler avec les premières grandes compagnies qui s’installaient en Russie ». C’est comme cela qu’elle commence sa carrière professionnelle dans le Groupe Accor et qu’elle participe à l’implantation du premier Novotel de Moscou. Avec une force supplémentaire, Arina parle un anglais parfait qu’elle a appris à l’université, une compétence alors rare dans le pays qui décidera son employeur à l’embaucher : « Durant sept jours, je me suis rendue chez eux pour rencontrer quelqu’un et on me disait toujours non. Finalement, au bout d’une semaine, ils ont accepté de me recevoir et j’ai décroché ce premier travail. J’étais déjà extrêmement déterminée ! ».
Arina Pouzoullic portant plusieurs pièces de sa collection. Certaines sont à retrouver sur sa galerie digitale. Photo : Simon Martner
Cette incroyable bague éléphant a déjà trouvé un nouveau propriétaire. Et on comprend aisément pourquoi. Bague en argent dessinant la tête d’éléphant, émaillé, ornés de rubis synthétiques, la tête ornée d’un quartz fumé. Photo : Simon Martner
A la question de savoir si cette confiance en soi a toujours était présente, Arina répond par l’affirmative, se remémorant une enfance où elle a reçu beaucoup d’amour et de considération de sa maman et de ses grands-parents. Mais elle parle également de sa mère comme d’un modèle extraordinaire car « elle a battit la vie qu’elle voulait », lui inculquant la « valeur du travail et l’importance des convictions ». Elle va alors se créer la vie qu’elle souhaite. Créative mais également avec un esprit scientifique, foncièrement citadine et amoureuse de l’énergie des grandes villes, elle choisit la finance car elle lui permet de comprendre le monde et son fonctionnement. Elle explique que dans ce domaine « tout est une question d’équilibre, presque de subtilité ». Et c’est exactement ce qui va guider sa vie et ses choix, y compris professionnels.
Bague en argent et or 585, stylisant le scarabée, corps serti de grenats verts et rouges, la tête agrémentée de diamants. Photo : Yann Kukucka
A la fin de sa mission pour le groupe Accor, elle a la possibilité de rejoindre l’Université de Lyon pour y étudier le français. Durant un an, elle se passionne pour la culture française et apprend à aimer notre pays dont les liens avec la Russie ne sont plus à démontrer. A son retour à Moscou, elle intègre l’un des plus importants groupes gaziers du pays en tant que directrice financière. Elle va alors rencontrer celui qui deviendra son mari. Très rapidement, le retour vers la France se pose et son employeur de l’époque va alors lui permettre de venir s’installer dans l’Hexagone dont elle ne repartira plus. Elle a alors une trentaine d’année et la France lui tend les bras. Son background et sa connaissance intime de la culture russe lui ouvrent toutes les portes. Elle voyage énormément et évolue toujours plus au sein du groupe gazier qui l’emploie. Mais après des années enthousiasmantes, elle décide de mettre ses compétences dans une aventure entrepreneuriale. Et elle initie le projet de création d’une galerie dédiée aux bijoux anciens et vintages qu’elle collectionnent depuis son premier poste en Russie.
Bague « Ludique » JEAN VENDOME en or 750, ornée d’un bi en jadéite mobile. Photo : Yann Kukucka
Si les bijoux sont présents dans l’univers d’Arina depuis son enfance, c’est grâce à un souvenir bien précis et une habitude prise avec sa maman lorsque chaque fin de semaine, elle venait la voir chez chez ses grands-parents : « Chaque vendredi, à partir de mes 7/8 ans, j’attendais ma maman à l’arrêt de but. Et ce avec une immense impatience car j’avais toujours hâte de la retrouver. Très rapidement, nous avons pris l’habitude d’aller dans des fêtes foraines dont la plupart des forains étaient tchécoslovaques. Je jouais souvent à une jeu où il fallait lancer une balle pour gagner quelque chose et on ne pouvait jamais perdre. Et le cadeau était à chaque fois une petite bague avec des strass colorés. C’était un moment extrêmement précieux pour moi. J’ai eu jusqu’à une centaine de ces petits bijoux. J’en perdais puis j’en gagnais d’autres. Je les portais. Elles ont accompagnés toute mon enfance ». Et c’est comme cela qu’elle commence à les aimer puis qu’ils vont faire, petit à petit, intimement parti de sa vie.
Bracelet manchette ouvrant en argent, émaillé, orné d’un motif étoilé en argent serti d’une émeraude de forme rectangulaire, de diamants brun pâle, les extrémités terminées d’un rubis ou d’une émeraude. Collier de 27 perles de culture grise de Tahiti, certaines serties de péridots et grenats verts. Photo : Yann Kukucka
Bague de cocktail en or jaune 750 sertie d’une citrine ovale soulignée de cabochons de turquoises et de saphirs. Photo : Yann Kukucka
Le bijou est également un accessoire important d’une tenue. Aussi décrit-elle sa maman et sa grand-mère comme « des femmes avec beaucoup de style ». A 16 ans, sa mère lui offre une première bague précieuse pour laquelle elle a économisé pour la réalisation de ce cadeau. « J’ai compris ainsi » explique Arina « la valeur d’un bijou de ce type et l’importance que cela revetait pour ma maman. Aussi, mon premier cadeau, avec mon premier salaire, a été une bague en or avec de petits diamants. Je la transmettrai à ma fille pour ses seize ans. Comme une passation ». C’est ce dernier mot qui traduit parfaitement le point de départ de son aventure entrepreneuriale. « Le bijou incarne quelque chose de profondément émotionnel et j’aime l’idée qu’il reste et qu’il passe avec le temps à un autre propriétaire. C’est l’idée de la transmission et c’est quelque chose de beau ».
Bague en argent, recouverte de grenats verts, yeux en rubis synthétiques. Photo : Yann Kukucka
Second Pétale, la galerie d’Arina Pouzoullic, va ainsi voir le jour avec une idée bien précise : offrir une curation moderne du bijou vintage et montrer – plus encore – à quel point celui est en réalité extrêmement moderne. De la même manière qu’elle a constitué une collection qui lui ressemble, elle veut proposer à son public un regard différent sur le bijou. Sa découverte des ventes aux enchères va lui ouvrir un monde incroyable. Et elle va alors entrapercevoir la multitude de pièces qui se retrouvent sur le marché. Et dans ces nombreux catalogues, bien entendu, se cachent des pépites et des trésors : signatures inconnues, pierres atypiques, bijoux anciens étonnants et attachants. Ella va alors se former, aiguiser son oeil puis, surtout, porter et mixer des bijoux pour se créer son propre style. « Aussi quand j’ai eu envie de me lancer à mon compte, la joaillerie vintage m’a paru évidente. Avec une envie, celle des proposer des pièces différentes, signées ou non, mais avec une identité forte pour des femmes qui aiment la vie et qui cherchent des choses que l’on ne trouve pas ailleurs que chez moi ». Aussi, chez Arina, vous trouverez des bijoux plus rares et plus confidentiels. Loin du bijou ancien classique et des modèles iconiques des grandes maisons, préparez-vous à découvrir des pièces que vous porterez parce qu’elles vous touchent directement. Elle vous apprendra à les mélanger et à jouer avec leur conférant ainsi une légèreté inattendue et une modernité, parfois, insoupçonnée.
À bientôt !