Maurice Auction dévoile ses trésors !

Mai 21, 2024

Jusqu’au 30 mai prochain, la maison de ventes aux enchères Maurice Auction proposera sa vente joaillerie du printemps. Pour l’occasion, une centaine de lot sera dispersée et quelques très jolies pépites que j’ai pris plaisir à sélectionner se cachent dans cette nouvelle vacation de la maison installée rue de la Boétie à Paris.
J’ai l’habitude de dire qu’une vente, c’est comme une boite de chocolat, on ne sait jamais vraiment ce qu’on va y croiser, à moins de tricher et de lire la notice. Mais ici, on ne triche pas et on se laisse séduire par les lots que j’ai découvert au moment du catalogage, le meilleur moment à mon sens car c’est celui de l’enquête et des surprises !

Lot 1 : Une paire de boucles d’oreilles Van Cleef & Arpels

L’association des diamants et des rubis est sans nul doute une des signatures stylistiques de la maison Van Cleef & Arpels. En 1937, lors de l’exposition universelle, la maison présente des pièces alliant rubis, diamants et serti mystérieux. Il n’en faut pas plus pour obtenir les acclamations de la presse de l’époque.

Si le serti mystérieux a depuis été décliné à de nombreuses autres matières, le rouge et le blanc sont restés et ne cessent d’habiller les pièces de la maison. Comme avec cette délicate paire de boucles d’oreilles dont un modèle similaire très proche figure sur une publicité de la maison datée de 1962.

Les années 50/60 sont une de mes périodes préférées de la maison, la joaillerie y est joyeuse, il y a de la couleur, du volume, des torsades, beaucoup de mouvement… Ici, on y lit le poinçon de maître de la maison Péry & Fils, fondé en 1927 à la suite de l’atelier de Lucien Péry dont le fils, Albert, prend la suite. Fabricant quasi exclusif de Van Cleef & Arpels, l’atelier s’ouvrira progressivement à d’autres marques avant d’être finalement racheté par Van Cleef & Arpels. Après vous avoir raconté tout cela, vous conviendrez aisément que ce bijou a définitivement tout pour plaire !

Lot 3 : Fred par Janca !

Ces derniers mois, j’ai beaucoup croisé la route de l’atelier Janca. Crée en 1955 (fermeture en 2008), installé rue Saint-Honoré, c’est un fabricant d’une grande importance pour de très nombreuses maisons comme Van Cleef & Arpels ou encore FRED comme avec cette merveilleuse paire de boucles d’oreilles en or texturé. So 70s !! Et on aime, passionnément, à la folie ! Parfois, les pierres ne sont pas nécessaires et les années 70 nous l’ont bien prouvés avec son or froissé, brossé, martelé… Toutes les maisons ont proposé des déclinaisons opulentes et mobiles à l’image de cette paire de boucles d’oreilles que je me verrais bien adopter !

Lot 3 : Paire de clips d’oreilles en or, par Fred. estimation entre 1200 et 1500 euros. Photo : Maurice Auction

Lot 5 : Connaissez-vous Rollang & Cie ?

Rien que ce bracelet, aux maillons tressés en épis typiques des années 60, pourrait valoir un article sur une maison discrète qui a vu son histoire courir de 1861 aux années 80… Forcément, on pourrait y voir la pâte de l’atelier Lenfant et pourtant, c’est une tout autre histoire que raconte de bijou. Comme vous mourrez d’envie de l’entendre, la voici.

Rendez-vous est pris au 84 rue Saint-Germain l’Auxerois à Paris où s’installe le 21 décembre 1861 Alix Angenot, bijoutier plutôt spécialisé dans les chaines et les bourses. Au grès des transformations juridiques, l’entreprise devient Angenot et Cie, Angenot fils & Cie, Angenot Frères. Entre temps, le poinçon de départ qui était un arc avec une flèche devient un pigeon. Au tournant du XXe siècle, la maison travaille pour René Boivin et change encore plusieurs fois d’adresses pour se fixer de très nombreuses années au 58 de la rue Chapon, toujours à Paris. Plus tard, l’atelier migrera rue de Turenne.

La maison est reprise par Rollang & Gangnereau (et pas Gagnereau comme c’est trop souvent écrit) avec une insculpation en mars 1911. De là, idem, les péripéties commerciales continuent et voient la maison changer de nom. Autant vous dire que la suivre dans les archives commerciales n’est pas d’une évidence absolue… La maison devient Camille Simon Gangnereau à partir de 1925 jusqu’au retour des Rollang dans l’affaire dans les années 40. Et voilà que le poinçon devient définitif : R&Cie avec un pigeon.

Spécialité de la maison… les bracelets, les chaines, les colliers en or. La boucle est bouclée ! Et parmi les clients importants de la maison (ils ont travaillé pour Marchak par exemple), une maison plus particulièrement va accorder sa confiance à l’atelier : la maison Hermès. Maintenant, vous pouvez traquer ce poinçon dans les ventes aux enchères et ne pas laisser passer ce bracelet !

Lot 8 : Un collier retro

Quand j’ai fait la sélection des lots, je me suis aperçue que j’avais gardé beaucoup de pièces avec beaucoup de métal. Je crois que l’hiver a été long et j’ai besoin de chaleur, d’or jaune, de métal qui scintille et de bijoux ludiques. Il va s’en dire que j’adore les pierres mais parfois, c’est bien aussi de montrer que le bijou n’a pas toujours besoin de cailloux pour être beau. C’est le cas de ce collier sans signature et sans poinçon de maître, pourtant très joliment exécuté, que je me verrais bien porter tout l’été. Voilà pour la rime ! Si vous cherchez un bijou élégant, facile à porter et joyeux car extrêmement mobile, ce collier est pour vous !

Lot 8 : Collier Retro en or formant une draperie. Estimation entre 1200 et 1800 euros. Photo : Maurice Auction

Lot 27 : Une bague généreuse inspirée de l’imaginaire religieux

Qui voit une imposante chevalière en or ornée d’une importante améthyste pensera forcément à la bague d’évêque ou plus largement à la bague épiscopale. A titre d’exemple le V&A à Londres conserve un bel exemple dont la fabrication date des années 1500.

Alors pourquoi le violet ? Parce que l’améthyste était une pierre sacrée du Grand Pectoral (je vous invite à relire Exode 28 dans la Bible pour y retrouver la description de ce bijou sacré), parce que cette matière est associée à l’engagement des évêques avec l’Église et que selon les légendes, c’est une matière associée à la préservation de l’ivresse, à l’enracinement de l’esprit et à la fidélité. Tout un programme !

La bague qui se présente chez Maurice n’est pas une bague d’évêque mais elle est totalement inspirée de cet imaginaire avec ses volumes généreux, cette pierre à pans coupés massive. C’est une bague faite pour être montrée et pour être vue. Et, ma foi, c’est ce qu’on aime avec le bijou, qu’il ait du caractère et qu’il vous raconte des histoires !

Lot 27 : Bague améthyste en or (750) à godrons. Estimation entre 800 et 1000 euros. Photo : Maurice Auction

Lots 42-45 : Le retour du camée

J’ai mis longtemps à aimer les camées. Je trouvais ça vieillot et, non vraiment, ce n’était pas mon truc. Mais il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Et c’est mon cas. Cette collection de camées coquilles de la moitié du XIXe siècle est séduisante avec ces scènes antiques majoritairement issues de l’Enéide. Les montures sont toutes simples, en argent et – de fait – mettent parfaitement les camées en valeurs.

Alors, le camée ne se porte plus au col mais imaginez-les portés tous ensemble sur une belle veste, en jeans par exemple, tout de suite c’est autre chose. Homme ou femme, tout le monde peut arborer la broche, ce bijou qui se réinvente au fil des époques et c’est certainement ce que je trouve très enthousiasmant ici. J’ai déjà ma petite idée si je devais les porter. Pas vous ?

Lot 51 : Une montre Leroy

C’est toujours pour moi un plaisir de croiser la route d’une montre de la maison Leroy. D’abord parce qu’il y a quelques années maintenant, je vous en parlais ayant eu des recherches à faire. Entre les Leroy, les Le Roy, il y a de quoi en perdre son latin. La petite merveille sertie de diamants qui se présente dans quelques jours aux enchères appartient, je pense, à la maison Le Roy & Fils, devenue L. Leroy & Cie dont les adorables petites montres de cols serties de diamants apparaissent parfois en ventes aux enchères. Et puis ce diamant taille rose qui habille cet objet est vraiment très beau. A l’heure où les hommes sont toujours très pressés, je trouve ça adorable d’avoir un objet élégant qui nécessite de prendre son temps pour lire l’heure et continuer son chemin !

Lot 51 : Montre de col diamants, par Leroy à Paris. estimation entre 1500 et 2500 euros. Photo : Maurice Auction

Lot 55 : Jean Lombart, c’est oui !

Il y a des objets que l’on croise et que l’on oublie pas. Et c’est exactement le cas des pièces de Jean Lombard, joaillier genevois plus que renommé. Grand collectionneur, fournisseur des grandes fortunes suisses et des cours européennes, cet esthète avait sa boutique rue de la Corraterie à quelques pas des Bastions. C’est quand même lui qui achète la Pelegrina en 1953 au Prince Yusupov, qui fournit le Roi Farouk ou la Reine Federica de Grèce…

Au-delà du bijou, l’homme se lance dans la création d’objets décoratifs. Cette salamandre toute sertie de chrysobéryls et de rubis sur son bloc d’améthyste en est un parfait exemple. L’homme ne passe pas si souvent en ventes aux enchères, ce qui rend sa présence très sympathique dans une vente parisienne car on le croise plus facilement dans les ventes Suisses. Pour mieux le connaitre, je ne peux que vous inviter à lire l’excellent article paru en 1955 qui relate son histoire et dévoile même certaines de ses créations.

Lot 55 : Objet-sculpture en améthyste, chrysobéryls, rubis, émeraudes, diamants et or, par Jean Lombard. estimation entre 2000 et 3000 euros. Photo : Maurice Auction

Lot 73 : Un collier Claude Lalanne

Claude Lalanne qui nous a quitté en 2019 fut une artiste prolifique et touche-à-tout. Elle a tout essayé, l’objet, la sculpture, le mobilier et forcément le bijou. Connue pour ses collaboration avec les Yves Saint Laurent, Pierre Bergé ou encore Loulou de la Falaise, elle laisse dans le paysage artistique français et international une empreinte indélébile. Ses bijoux, souvent en bronze, sont de mini-sculptures. Le collier « Nœud » est édité en 1983 par les Éditions Artcurial et on compte à ma connaissance 250 exemplaires. Il est le plus souvent en bronze doré.

La pièce qui se présente est possiblement un prototype du collier et date du début des années 80, ce qui le rend bien plus rare sur le marché. Je ne sais pas pour vous, mais j’adore pourvoir manipuler ce qui constitue les prémices d’un objet et comprendre le cheminement de l’auteur. Je trouve cela passionnant. Et bien, avec ce collier, c’est le cas !

Lot 73 : Collier  » nœud » en bronze patiné, par Claude Lalanne. Estimation entre 1000 et 1500 euros. Photo : Maurice Auction

A bientôt !

ABOUT ME

marie chabrol

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