Siana Swieca, des bijoux faits avec amour

Sep 11, 2023

Ma rencontre avec Anaïs date d’il y a plusieurs années. Je me souviens d’avoir adoré son enthousiasme, sa bonne humeur et son envie, particulièrement ancrée, de changer de vie pour devenir bijoutière. C’est chose faite pour elle depuis plusieurs années avec sa marque de bijoux Siana Swieca. Quand à l’enthousiasme et la bonne humeur, ils sont toujours là. Anaïs est une très jolie personne, lumineuse et à l’énergie communicative. Installée depuis peu dans un atelier partagé de Saint-Maur-des-Fossés, j’avais envie de vous la faire découvrir si vous ne la suivez pas déjà sur réseaux sociaux. Son travail autour de l’argent recyclé et des végétaux me séduit particulièrement. Mais, je suis aussi totalement amoureuse de ses créations à base de morceaux de verres dépolis qu’elle déniche sur les plages… Il est donc grand temps de faire les présentations.
siana swieca
Anaïs Swieca

1- Peux-tu te présenter rapidement à nos lecteurs ?

Hello ! Je m’appelle Anaïs Swieca, je suis la créatrice de ma marque de bijoux Siana Swieca Bijoux qui va fêter ses 3 ans à la fin de l’année. J’ai été photographe pendant 10 ans dans le reportage, souvent autour de sujets sociaux. J’ai donné des cours en prison et réalisé des documentaires multimédias.

Et puis j’étais assez usée par le monde de la presse. J’ai donc changé de voie, et passé un CAP Bijouterie Joaillerie. J’ai fait des stages chez une bijoutière puis en atelier pour les bijoux de défilés d’une grande marque française. Ce après quoi j’ai décidé de me lancer à mon compte. Indépendante un jour, indépendante toujours !!!

2- Quel métier voulais-tu faire enfant ?

Je voulais être archéologue. J’avais déjà cette passion pour la recherche de trésors ! Ce n’est pas étonnant que ça soit toujours le cas et que je l’intègre dans mes créations !

Boucles d’oreilles en argent recyclé aux motifs de feuilles. Photo : Siana Swieca

3- Et finalement quel est ton métier actuel ?

Je me définis comme une bijoutière.

4- Comment es-tu arrivé à ce travail actuel ?

Une expérience en atelier ne m’a pas donné envie d’être esclave de cadences infernales et d’une mauvaise ambiance. Ce n’est surement pas partout comme ça mais je n’avais pas envie d’être malheureuse au travail après une reconversion. Et puis j’ai toujours eu un statut d’indépendante donc je pense que c’est ce qui me va le mieux.

Donc j’ai pris un an pour expérimenter, trouver « ma patte » et faire des bijoux dont j’étais fière (et avoir ma 2ème fille!). Puis j’ai créé la marque Siana Swieca Bijoux, et après avoir réglé toute la paperasse de notre cher système français, ma marque est née officiellement !

Bracelet en argent recyclé. Photo : Siana Swieca

5- Tu as été photographe durant plusieurs années. Cela te sert-il encore dans ton activité actuelle ? Pourquoi avoir décidé de cette réorientation professionnelle ?

Oui, bien sur, cela me sert à faire de belles photos de mes bijoux ! Ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir un œil, de comprendre la lumière, c’est souvent un sujet épineux chez les créatrices et un gros budget. Et puis j’adore encore faire des images, en vidéos comme en photos. Je prends beaucoup de plaisir à faire du montage, des reels pour ma com sur Instagram.

J’avoue que les premiers mois en CAP ont été dur. Je me disais « qu’est ce que tu fabriques là, tu avais un super boulot qui te faisait rencontrer des gens géniaux, voyager au bout du monde… ». Mais au fond j’étais usée par le peu de reconnaissance et le statut précaire des auteurs. Le dernier reportage que j’ai fait pour un magazine féminin, une lectrice nous a contacté pour nous dire que notre travail l’avait touché et qu’elle s’était engagée bénévolement pour la Maison des Femmes sur qui on avait fait le papier. Ça aurait pu me booster et me donner envie de continuer mais finalement ça a été une conclusion merveilleuse à cette carrière !

6- En parlant de réorientation, quel a été ton cursus pour y parvenir ?

J’ai un CAP bijouterie joaillerie que j’ai passé en un an à l’Académie des Métiers d’Art. J’ai mis un an en parallèle de mon activité de photographe à passer des concours et trouver des financements pour me payer la formation. J’ai fait aussi un petit stage chez une créatrice de bijoux et suis allée à la rencontre de marques pour être sûre de mon choix.

Différents bijoux en argent recyclé et argent recyclé plaqué or. Photos : Siana Swieca

7- Comment définirais-tu ton travail de création ?

Trois mots : brut, précieux et engagé.
C’est important pour moi d’avoir une démarche engagée et mes clientes sont sensibles à ça. Je ne fais pas de greenwashing et je trouve important d’expliquer à mes clientes d’où viennent les métaux précieux que j’achète et qu’ils sont recyclés par mon fournisseur.

Et puis il y a le lien avec la nature qui est très fort dans mon travail de création. Plus qu’une inspiration, j’utilise ce que je glane dans la nature pour créer. Toujours à la recherche de nouvelles textures végétales ou organiques, j’utilise des fleurs, du corail ou encore des écorces d’arbres pour jouer avec les matières. Les impressions en dentelle des fleurs d’hortensia sont l’exemple de la poésie que j’aime mettre dans mon travail.

Mes bijoux sont bruts mais le travail des métaux précieux, tout en finesse, apporte une délicatesse aux pièces. Je n’utilise pas de pierres fines ou seulement si elles sont chinées. Récemment j’ai fait tailler des cailloux trouvés au bord de la mer qui se sont révélés de vrais joyaux !

Je travaille aussi avec du verre de mer pour des collections capsules de pièces uniques. Je sélectionne des couleurs rares et j’adore l’idée que la mer a façonné pendant des décennies le morceau de verre. Je me suis heurtée au dédain de certains sertisseurs qui rigolaient de mes petits « cailloux » quand je leur ai demandé de les sertir. Quand une cliente me confie un verre qu’elle a trouvé lors d’un voyage et qui a une grande valeur sentimentale, il ne s’agit pas de le casser, il est irremplaçable ! Le verre de mer, de par sa forme unique, la rareté de certaines couleurs, est inestimable pour moi !

9- A quoi ça ressemble la journée d’une créatrice indépendante ?

Les journées sont plutôt intenses et ne se ressemblent pas. Je crois qu’on voit toujours le coté glamour des créatrices indépendantes, les réseaux sociaux accentuent le trait. Recensement à la suite d’une story où je montrais beaucoup de commandes que j’avais eu, quelqu’un m’a répondu « la chance ». J’ai répondu avec un smiley agréable, mais j’avais envie de dire : je travaille 50h par semaine à l’atelier sans compter mes permanences en boutiques, je suis épuisée quand je rentre à la maison, je me paye des cacahuètes, et le stress de créer une entreprise qui prospère est énorme ! Je sais je vends du rêve ! Mais je trouve que c’est important de dire les choses.

Je dévie de la question. Mes journées : la priorité est évidement aux commandes que l’on me passe et les aller-retours chez le fondeur. Je dois gérer les réassorts des boutiques, mes stocks de matières premières, répondre aux demandes de clients qui veulent du sur-mesure. J’ai eu plusieurs stagiaires aussi donc c’est assez intense de devoir penser à son travail et en même temps gérer celui de quelqu’un d’autre tout en le formant.

A cela s’ajoute la communication sur les réseaux sociaux qui est importante pour moi car la plupart de mes commandes en ligne se font par ce biais. Et puis gérer ce qui ne figure pas sur la «  to do list » : trouver de nouvelles boutiques, postuler pour les salons, imaginer, créer et mettre en ligne les collections capsule pour le web, faire les comptes…

Vous pouvez retrouver Anaïs dans des expositions de créateurs indépendants. Photo : Siana Swieca

10- Tu viens de prendre un atelier. Pourquoi ce choix ? Qu’est-ce qui t’a motivé à sauter le pas ?

Je suis installée depuis février 2023 dans un nouvel atelier à Saint-Maur-des-Fossés. Mon petit paradis. Ce lieu, j’en ai rêvé et il est devenu réalité. Je suis passée de 3m2 sous les escaliers de mon sous sol à 12m2 dans un endroit superbe aux cotés de deux ateliers d’artisanes talentueuses. C’est un challenge financier important mais il y a un moment où pour grandir il faut investir.

J’accueille des stagiaires donc il me fallait de l’espace et même pour moi j’avais besoin d’agrandir mon établi et mon bureau. Et puis le besoin de couper avec la maison était important. Le fait qu’il y ait une maitre verrier et une céramiste m’a fait signer sans douter de mon choix. On a envie de construire des choses ensemble dans ce lieu exceptionnel. Nos ateliers sont dans une ancienne fonderie et le propriétaire a gardé en l’état les vieilles machines, ça vaut le coup d’œil ! On a ouvert nos portes pour les JEMA, notre premier événement, c’était génial !

11- Quel est ton agenda des mois qui arrivent ?

Nous allons ouvrir nos portes d’ateliers en septembre pour un évènement avec la ville de Saint-Maur. Et j’attends des réponses pour des salons des métiers d’Art à la fin d’année !

Boucles d’oreilles en argent recyclé aux empreintes de fougères. Photo : Siana Swieca

12- Un conseil à donner pour un jeune qui aimerait un jour se lancer et faire le même métier que le tien ?

Patience et persévérance ! Accepter que le doute fait partie prenante de la vie d’entrepreneuse mais qu’il n’empiète pas sur le plaisir de créer. L’importance de se rendre compte du chemin parcouru ! Attends, je crois que je me parle à moi même là !!

A bientôt !

ABOUT ME

marie chabrol

Hello my name Is Marie. Speaker, consultant & teacher, I write with passion about the world of jewelry.

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