8 bonnes raisons de se faire plaisir chez Aguttes

Oct 15, 2023

Le 26 octobre prochain aura lieu la première belle vente cataloguée de l’automne chez Aguttes. 145 lots attendent sagement un nouveau ou une nouvelle propriétaire. Et comme à chaque fois, la sélection est ultra qualitative et les bijoux me plaisent tous. Je ne me lasse pas de feuilleter le catalogue dans lequel j’ai trouvé quelques jolies pépites et qui couvre plus de 200 ans d’histoire du bijou. Rien que ça !

De Cartier à Suzanne Belperron, en passant par l’Art nouveau, par l’Art déco, les bijoux qui apparaissent au fil des pages racontent de jolies histoires et murmurent la vie des élégantes qui les ont portés. Avec cette sélection, je vous propose donc 8 bonnes raisons d’aller enchérir chez Aguttes dans quelques jours.

1- Une parure Restauration (lots 1 & 2)

Aguttes
Lot 1 : PAIRE DE BRACELETS. Aigues-marines, or. Travail français – Vers 1830. Bracelets pouvant former un collier. Estimation entre 2500 et 3500 euros ; Lot 2 : COLLIER «DRAPERIE». Aigues-marines ovales et poires, or. Travail français – Vers 1830. Estimation entre 2500 et 3500 euros. Photo : Aguttes

Quand j’ai parcouru le catalogue, je me suis aperçue que je parlais très peu de la période qui constitue le début du XIXe siècle. Or, dans les pièces qui passent en vente le 26 octobre, il y a un très jolie ensemble Restauration. En or jaune serti d’aigues-marines, il est particulièrement opulent et s’inscrit dans ce style si particulier des bijoux dit Charles X. Le début du XIXe siècle est une période versatile et troublée où les changements politiques sont importants.

Après la chute du 1er Empire et dans un contexte économique morose – les campagnes napoléoniennes ont couté chères… – le Comte de Provence, puis le Comte d’Artois veulent recréer l’Ancien Régime. La période se caractérise par une forte inflation (près de 5%) qui voit la hausse des matières premières telles que l’or ou les pierres gemmes.

Résultat, les joailliers de l’époque se montrent inventifs. On allège les montures, on utilise des pierres moins onéreuses mais colorées et on ne lésine pas sur les volumes souvent inspirés par les bijoux antiques. Le savoir-faire des joailliers est ici largement mis à contribution avec des résultats souvent remarquables comme sur les bracelets et le collier qui constituent les lots 1 & 2. Estimation entre 2500 et 3500 euros pour chaque lot.

2- Un collier transformable (lot 5)

Lot 5 : COLLIER À TRANSFORMATION. Diamants taille ancienne et taille rose .Or et argent. Époque XIXe. Peut se transformer en deux bracelets. estimation entre 5000 et 8000 euros. Photo : Aguttes

Le bijou transformable, c’est quand même une excellente invention ! Imaginez un bijou et la possibilité de le porter un peu comme vous le voulez : collier, bracelet, broche, diadème même dans le cas des écrins les plus luxueux. De ce collier qui figure en lot 5, j’aime le design et la légèreté des feuilles d’acanthes qui sublime les diamants de centres.

Ce motif largement employé en joaillerie au XIXe siècle le fut d’abord au cours de l’Antiquité où il décore habillement les chapiteaux de l’ordre corinthien. Mais au XIXe, les artistes ,en voulant créer un style particulier, interrogent les époques révolues et vont y puiser de nombreuses inspirations. Vers 1850 apparait le mouvement Néo-grec qui remet au goût du jour les éléments décoratifs de l’architecture grecque alors que se dévoilent grâce aux fouilles archéologiques des sites oubliés.

Ce collier m’a immédiatement fait penser à deux pièces emblématiques de la joaillerie : le diadème de la Princesse Abamelek (Boucheron, 1907) et le diadème aux fuchsias de maison Chaumet (pourtant plus tardif que notre collier car réalisé en 1919 pour Hedwige de la Rochefoucauld lors de son mariage avec le prince Sixte de Bourbon-Parme) qui a inspiré la collection Soir de fête. Je vous laisse aller admirer cette collection et noter la similitude du motif. Si le style délicat de ce collier fin XIXe proposé par Aguttes vous interpelle, il est estimé entre 5000 et 8000 euros.

3- Une broche Léopold Gautrait (lot 29)

Lot 29 : LÉOPOLD GAUTRAIT. Broche «GUIRLANDE DE FLEURS». Saphir, diamants taille rose et taille ancienne, émail blanc. Estimation entre 2000 et 3000 euros. Photo : Aguttes

Léopold Gautrait, voilà un nom bien connu des amoureux et amateurs du bijoux Art nouveau. Mais pour beaucoup, ce nom n’évoquera rien ou alors de nombreuses notices remplies d’erreurs. L. Gautrait est souvent décrit comme s’appelant Lucien Gautrait.

Bijoutier mais surtout ciseleur modeleur, son nom exact est Léopold -Albert- Marin Gautrait, il est né dans la Sarthe à Roullée le 16 octobre 1865. Avec un nom qui subit de nombreuses modifications orthographiques dans les actes et les articles, l’homme n’est pas facile à suivre. En réalité, l’homme est particulièrement lié à plusieurs entreprises importantes du bijou et surtout celle de Léon Gariod – installée 29 rue saint-Augustin dès 1884 – qui l’embauche et lui permet de signer ses pièces.

La broche émaillée de blanc qui se présente m’a d’ailleurs tout de suite évoqué un bracelet Gautrait – très similaire à notre broche – vendu en 2007 par Bonhams. Indéniablement l’homme a un style bien à lui et reste pourtant méconnu du grand public à la différence de nombre de ses contemporains. Alors si acquérir cette jolie signature vous tente, ce sera possible le 26 octobre prochain. Estimation entre 2000 et 3000 euros.

4- Un imposant collier guirlande (lot 40)

Alors que la Grande Dépression s’achève en 1896, la France comme d’autres pays entrent dans La Belle Époque, période économique faste soutenue par la 2e révolution industrielle. La joaillerie profite de l’engouement des clients qui veulent acquérir des bijoux dans ce métal que les joailliers arrivent enfin à maitriser : le platine.

Utilisé timidement depuis la deuxième moitié du XIXe siècle, il faut attendre la mise au point de fours et de chalumeaux permettant d’atteindre son point de fusion de 1768 degrés, bien loin de celles de l’or et de l’argent traditionnellement utilisés jusque là pour la confection des bijoux. D’ailleurs, il ne sera poinçonné qu’à partir de 1911.

Esthétiquement, le platine permet de produire une joaillerie blanche qui met en valeurs les diamants, aidée par la fée électrique avec l’arrivée de la « lampe populaire » entre 1905-1910 dans tous les foyers. C’est l’époque des devants de corsages, des colliers qui habillent les décolletés, des bracelets qui scintillent aux poignets. Si les maisons françaises s’approprient ce style, plusieurs maisons allemandes s’imposent avec brio à l’image des maisons Koch et Kreuter.

L’Impératrice Eugénie fait produire des bijoux à la manière de « Marie-Antoinette » et la joaillerie s’empare des motifs néoclassique du XVIIIe siècle : nœuds et entrelacs stylisés éclosent sur les joyaux. A l’image de cet imposant collier, dentelle de platine, révélateur de cette époque. Estimation entre 25,000 et 35,000 euros.

5 – Une rare broche « nid » signée Cartier (lot 61)

Les oiseaux chez Cartier, c’est d’abord tout un symbole avant de devenir une signature stylistique. Si j’ai bien en tête une hirondelle de 1935, l’oiseau chez Cartier arrive dans les années 40. Il y a déjà cette broche créée d’après un dessin de Peter (Pierre) Lemarchand qui représente un oiseau en cage symbolisant une ville piégée par l’envahisseur et qui sera exposé dès 1942 dans les vitrines de la rue de la paix dont l’histoire dit qu’elle a provoqué l’arrestation de Jeanne Toussaint.

Le motif de l’oiseau avec la cage ouverte sera repris dès la fin de la guerre pour signifier la Libération. Certes chez Cartier mais chez Van Cleef & Arpels également. La symbolique de l’oiseau veillant son nid ou ses œufs ou parfois ses petits n’est pas compliquée à comprendre surtout pour ce bijou réalisé vers 1944. J’ai en tête au moins cinq broches Cartier sur ce thème qui vont des années 40 au années 60/70.

La cousine de la pièce qui se présente chez Aguttes date de 1944 sur un dessin de 1943. Réalisée en or, platine, diamants, cabochons d’émeraude, de saphir, de rubis et perles, elle est conservé dans la collection de la maison sous la côte CL113A44, son dessin est lui numéroté ST43/BR08661. Alors, de mon point de vue, ce bijou est absolument immanquable ! Estimation entre 13000 et 15000 euros.

6 – Un bracelet de la maison Dumond (lot 67)

Lot 67 : Bracelet en verre moulé et or. estimation entre 1200 et 1500 euros. Photo : Agutte

On ne voit pas souvent des pièces Dumond (ou Dumont parfois) sur le marché mais peut-être que le nom Sellier-Dumond vous évoquera plus de choses.

Albert Sellier fonde son atelier en 1901 et s’installe 37 boulevard de Clichy à Paris. Il y reste jusqu’en 1923. S’ajoutent deux noms à ce premier. La maison Sellier, Joly & Dumond voit le jour le 23 janvier 1923 au 15 rue des Petits-Champs.

Cette entité ferme le 6 novembre 1925 pour renaitre sous la dénomination Sellier & Dumond le 17 novembre 1925. Je n’ai pas la date de fermeture mais la société change à nouveau de nom vers 1933 pour se nommer Dumont, Bouchard et Compagnie. En 1937, le 18 janvier, elle devient Dumond & Cie. Tout au long de son histoire, son symbole demeurera une selle avec un étrier.

La maison a travaillé pour Aucoc, Lacloche, Van Cleef & Arpels et a reçu plusieurs prix durant les Expositions Internationales et Coloniales. Mais Sellier-Dumond, c’est le fameux bracelet manchette pour la maison Boucheron (malachite, jaspe et ivoire) réalisé en 1931 pour l’Exposition Coloniale Internationale où la maison reçu le Grand Prix.

Le bracelet moderniste qui se présente avec ses pièces de verre moulé sur or est révélateur de cette époque avec ses formes géométriques et son esthétique aussi racée qu’efficace. Je l’aime particulièrement. Estimation entre 1200 et 1500 euros.

7- Une fabuleuse orchidée (lot 94)

Si vous me montrez une orchidée émaillée, je ne peux m’empêcher de penser aux fabuleuses pièces de Paulding Farnham pour Tiffany & Co. Passionné de botanique, il a crée pour cette maison entre 1885 et 1908 des bijoux qui marquent l’histoire de la joaillerie. Je pense aussi à Fouquet et dans une moindre mesure à Thesmar. Oui, mais voilà, certains bijoux gardent leurs secrets.

Notre orchidée Vanda, imposante, en argent et or, est une belle anonyme. Et cela n’enlève rien à son charme. Presque plus vraie que nature, cette pièce mérite amplement qu’on s’intéresse à elle tant elles sont rares sur le marche, du moins dans cette qualité. Imaginez-là s’épanouir sur un revers de col ou sur l’épaule et vous comprendrez alors toute la sensualité qui se dégage de ce bijou. Estimation entre 5000 et 8000 euros.

A bientôt !

ABOUT ME

marie chabrol

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