La nouvelle collection de haute joaillerie de la maison Chaumet pour l’année 2018 se décline en trois temps. En janvier, la maison a proposé un panel de douze pièces dédié à l’hiver russe. Saphirs bleus et padparadscha illuminaient des bijoux remarquables de technicité où les diamants étaient nombreux pour un beau résultat. La mise en scène dans les salons privés de la maison avait été confiée à l’Atelier Marianne Guely qui signait alors un univers de papier à couper le souffle.
Aigrette colibri, Joseph Chaumet, vers 1880. Or, argent, rubis et diamants. Collection Chaumet Paris© Chaumet / Nils Herrmann. Se portant en broche ou en aigrette associée à une plume, cette exquise petite ronde-bosse se distingue par le plumage du colibri rendu par un savant pavage de rubis et de diamants en volume. Tout en mouvement, elle capture la légèreté et la grâce de l’oiseau de paradis.
Broche japonisante “ Raijin, dieu de la pluie et du tonnerre ”. Joseph Chaumet, vers 1900. Or, opale, agate nicolo, rubis, émeraudes et diamants. Collection Chaumet Paris© Chaumet / Nils Herrmann. Caractéristique de l’influence du Japonisme sur les arts décoratifs européens, et en particulier sur l’Art nouveau, cette broche met en scène la gure de Raijin, dieu du tonnerre dans la mythologie japonaise. Traditionnellement représenté frappant des tambours pour provoquer le tonnerre, il est ici associé à une jeune femme portant le kimono et tenant une ombrelle, sous des volutes nuageuses. Plutôt qu’une dèle interprétation du sujet, cet objet relève davantage d’un éclectisme pittoresque inspiré du répertoire fantastique de l’Extrême-Orient et des recueils d’ornement de la Renaissance et du 17ème siècle.
Avec l’été qui approche, Chaumet investit pour plusieurs mois à partir du 28 juin et jusqu’au 17 septembre 2018, le célèbre Mitsubishi Ichigokan Museum de Tokyo. Elle y présente à travers l’exposition « Les Mondes de Chaumet » plus de 300 pièces historiques qui retracent presque 250 ans d’histoire. Un projet inédit qui a pour objectif de présenter des documents inédits tels que des photos et des dessins, mais aussi des bijoux dont les plus anciens proviennent de la fin du XVIIIe siècle. Le commissariat scientifique a été confié à Henri Loyrette, Président honoraire du Louvre et auteur d’un très beau livre sur la maison que nous ne pouvons que vous conseiller. Celle-ci explorera, entre autres, le japonisme qui a donné naissance à des pièces de joaillerie spectaculaires. Mais l’exposition sera surtout l’occasion d’admirer la Tiare du Pape Pie VII (laquelle lui fut offerte par Napoléon Ier) qui est surmontée d’une émeraude historique dont nous vous reparlerons sous peu ici même.
Collier d’inspiration japonaise. Chaumet, 2018. Gouache. Collection Chaumet Paris© Chaumet. Elément d’une parure créée spécialement pour l’exposition, ce collier associe un dessin géométrique très structuré traversé par la liberté de la nature en mouvement. Mariage des cultures occidentale et japonaise, il réalise la fusion de deux traditions naturalistes dans un jeu de rouge (rubis et grenats rhodolite) et de noir (onyx) éclairé par la lumière des diamants.
Tiare du Pape Pie VII offerte par l’Empereur Napoléon Ier. Henry Auguste (orfèvre), Marie-Etienne Nitot et François-Regnault Nitot, 1804-1805 (nombreuses modifications postérieures). Or, argent, argent doré, émeraude, strass, perles, pierres de synthèse, verres taillés, velours de soie, lamé doré, fils métalliques, bois, papier collé en plein. Rome, Sacristie pontificale © Chaumet / Régis Grman. Sans aucun doute le plus important de tous les cadeaux diplomatiques offerts par Napoléon, la tiare du Pape Pie VII fut exécutée à la demande de l’Empereur en remerciement de la venue du souverain pontife pour la cérémonie du Sacre le 2 décembre 1804 en la cathédrale Notre-Dame de Paris. À l’occasion de cette exposition, le Vatican a confié à Chaumet la restauration de la tiare et la création d’une croix pour surmonter l’exceptionnelle émeraude sommitale dite de Jules II.
Enfin, en juillet, lors de la semaine de la haute couture, le dernier chapitre de la collection sera dévoilé. Nul doute qu’il sera magnifique et nous serons heureux de pouvoir évoquer dans un article plus complet les pièces pour le moment inédites que nous découvrirons. Quelques semaines de patience sont encore nécessaires.
Alors, d’ici là, envolez-vous pour le Japon et partez explorer Les Mondes de Chaumet !
Diadème “ Leuchtenberg ”. Jean-Baptiste Fossin, vers 1830–1840. Or, argent, émeraudes et diamants. Collection Chaumet Paris© Chaumet / Nils Herrmann. Provenant de la famille Leuchtenberg, descendants de l’impératrice Joséphine, ce diadème met en scène une nature vivante propre aux créations de Fossin, habitée d’émeraudes d’exception. L’illusion naturaliste est renforcée par la monture en trembleuse, faisant osciller les fleurs au gré des mouvements. Chacune se détache et se porte dans les cheveux ou en broche.
Montre de sac émaillée représentant un cerisier en fleurs, vers 1925. Atelier dessin Chaumet. Crayon graphite, gouache, lavis et rehauts de gouache, encre de Chine. Collection Chaumet Paris© Chaumet
Diadème bandeau de Caroline Murat, reine de Naples. Attribué à Nitot & Fils, vers 1810. Or, perles et intailles d’agate nicolo. K. Mikimoto & Co Ltd.© Droits réservés. Ce bandeau témoigne du goût pour l’antique en vigueur sous l’Empire, impulsé par Napoléon et Joséphine. Réalisé pour Caroline Murat, sœur de l’Empereur, il est orné de neuf intailles à sujets mythologiques amoureux : l’Amour brûlant Psyché, Omphale portant la massue d’Hercule, Bonus Eventus, l’Amour avec son arc et sa flèche, Hercule, Pompée, Vénus se dévêtant pour le bain, l’Amour aiguisant ses flèches, l’Amour et Psyché.
Broche “ Nœud écossais ”. Joseph Chaumet, 1907. Platine, or, pierres de couleur et diamants. Collection privée© Droits réservés. Inspirée du nœud de ruban – incontournable de la toilette féminine au 18ème siècle, cette broche symbolise l’attachement. Le jeu des pierres de couleur reproduit le motif du Tartan écossais, tandis que le dessin donne l’illusion de la souplesse du textile. Acquise par Miss Dinsmore, cliente américaine, cette pièce illustre la grande créativité de Chaumet à la Belle Époque. Cette pièce a été recréée à l’occasion de la collection haute joaillerie de juillet 2017.
À bientôt !
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Les Mondes de Chaumet
Mitsubishi Ichigokan Museum, Tokyo
Du 28 juin au 17 septembre 2018